Page images
PDF
EPUB

» sont les princes qui ont réuni l'admiration » des guerriers, le respect des nations étran

gères, l'amour de la France; chez nous ont › vecu CHARLES-le-SAGE, et cet autre CHAR LES, vainqueur de Fornoue, et Louis que le peuple avait nommé son père, et ce FRANÇOIS si cher aux lettres, à la gloire, > à l'honneur, à l'amour, ce FRANÇOIS, le > plus brillant, le plus Français de nos princes; et ce bon HENRI, l'ami de tous nos > souvenirs, que nous aimons encore comme > si nous l'avions connu, et dont la mémoire › protége, après deux siècles, les neveux de

> ses neveux. »

M. de PASTORET fait ainsi le parallèle des moyens de HENRI et de ceux de MAYENNE.

> La plupart de ceux qui l'entouraient > (HENRI ) le servaient avec regret ou le ser> vaient avec défiance. Il fallait vaincre d'a> bord pour avoir le droit de combattre > ensuite ; et quels moyens se présentaient » pour arriver à la victoire ? Une armée de > trois mille hommes mal payée, un Conseil › peu fidèle, quelques places en Saintonge > et en Touraine, quelques espérances en › Normandie, un trésor entièrement épuisé

› des revenus détruits ou anticipés: voilà ce » qu'avait HENRI, et il était réellement, com» me il le disait lui-même, Roi sans royau» me, mari sans femme, général sans armée et guerrier sans argent. »

<< La Bourgogne, la Provence, la Picar» die, le Berri, la Champagne, Paris et une > foule de places fortes, trente-cinq mille » hommes réunis en une seule armée qui » poursuivait le Roi fugitif, des revenus assurés par la force dans presque toutes les » parties de la France, l'appui de l'Espagne » et de Rome, un peuple plein de zèle et » des guerriers éprouvés, voilà ce que pos> sédait MAYENNE, au nom de la Ligue et du cardinal de Bourbon. >>

[ocr errors]

<< Appelez maintenant un homme étran» ger à notre histoire; présentez-lui ce dou» ble tableau, demandez-lui quel sera le > vainqueur? Il nommera MAYENNE et il vous » parlera de l'expérience des hommes et des » âges. Rouvrez-nos annales; montrez-lui > HENRI Sur le trône, et parlez-lui de la justice de Dieu. >>

Ce tableau rapide, plein de vérité et de coloris, se termine par un coup de pinceau

qui rappelle la manière large et fière de l'illustre auteur de l'Histoire universelle.

En vous entretenant de HENRI, M. de PASTORET ne pouvait se dispenser de parler de SULLY, son immortel Ministre. Voici le passage tout à la fois noble et touchant dans lequel il retrace l'inaltérable amitié de ces deux grands hommes.

Σ

[ocr errors]

< Lorsque le moment arrive de parler avec » plus d'étendue des travaux intérieurs et > des sages institutions de HENRI IV Henri iv, lors» que l'on cherche à retrouver la route qu'il » a suivie, à calculer les efforts qu'il a dù faire, et lorsqu'on ne parle que de lui, › quelque chose semble manquer à l'histoire, » à nos souvenirs, à notre reconnaissance..... » La gloire de HENRI n'est pas complète lorsl'amitié ne la partage pas : HENRI sans » SULLY semble privé de la récompense que » Dieu voulut lui donner sur la terre. Naïf et > singulier modèle de l'union de deux nobles > cœurs ! L'un n'eut jamais de gloire, de › plaisirs, de douleurs, qu'il ne fit partager › à l'autre : celui-ci n'eut jamais de desseins, » de succès, d'honneurs, qu'il ne rapportât > à son ami. »

[ocr errors]

› que

« Cet enfant qui, le genou en terre et les > yeux baissés, prête un généreux serment › à cet autre enfant qui l'écoute ( à Vendô~ » me en 1571), et ce vieillard vénérable » qui, prêt à quitter la vie, approche encore

ses lèvres du portrait de celui qui l'a trop > tôt précédé dans la tombe ( à Villebon, en » 1641), c'est SULLY près de Henry IV: à » Vendôme, déjà fier de vivre pour lui; à » Villebon, heureux de mourir pour l'aller > rejoindre. Il mit son existence dans son > amitié. La postérité ne les a point séparés ; > ils seraient moins grands l'un sans l'autre : » que notre reconnaissance les réunisse, ce » sont deux grands hommes, ce n'est qu'une > gloire. »

Il serait facile de multiplier les citations: je ne m'en permettrai plus que deux, qui

seront très-courtes.

<< L'édit de Nantes, dit M. de PASTORET, > fixa le sort des Calvinistes, leur donna des » droits, leur permit un avenir, et la nation » étonnée d'être réunie, substitua aux cris » de la Ligue ou de la Réformation, ce cri de > vive le Roi, qui veut dire aussi vive la › France. >

Peut-on un sentiment plus vraiment Français que celui qui a dicté la dernière ligneque je viens de transcrire.

« HENRI IV (dit plus loin l'orateur), ne › pardonnait pas seulement, il oubliait........ » Il semblait craindre qu'on ne se souvînt » plus que lui du mal qu'on lui avait fait. »

Il n'est guère possible de peindre avec des traits plus aimables et plus délicats la belle ame du grand Henri.

C'est avec ce rare talent que M. de PASTORET a su faire ressortir, à chaque page de son travail, par des couleurs aussi neuves, qu'éclatantes, les vertus guerrières, les qualités politiques, administratives, le caractère ferme et loyal et la généreuse clémence de son héros.

Cependant, Messieurs, vous n'avez pas dissimulé à l'auteur, qu'au milieu d'une foule de beautés du premier ordre et d'un luxe presqu'éblouissant de pensées, il s'était glissé de loin-à-loin, dans son discours, quelques axiomes politiques hasardés, quelques assertions historiques trop tranchantes, et plusieurs réflexions judicieuses en soi, mais qui n'ont point paru assez pettement exprimées.

« PreviousContinue »