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Interrogé: Par qui fûtes vous présenté au ministre ?
A répondu: Par un des employés de bureau.

Interrogé : Quelles sont les personnes qui se sont tròuvées avec vous chez le ministre ?

A répondu Il y avait un nommé le sieur de Begon, ancien officier de la marine française, Dauxion Lavaysse et Dubuc, maintenant intendant à la Martinique, les autres me sont inconnus, je me rappelle aussi que M. du PetitThouars était du nombre.

Interrogé Que vous a dit alors le ministre Malouet, en présence de ces personnes relativement à votre mission?

A répondu : Le ministre s'est exprimé en ces termes: << C'est au nom du Roi que je vous parle, Sa Majesté désire prendre connaissance de l'état de ses colonies, mais particulièrement de Saint - Domingue. En conséquence, M. Dauxion Lavaysse ira s'aboucher avec Pétion au Port-auPrince et traitera avec lui au nom de Sa Majesté, suivant les bases du dernier traité fait avec Bonaparte; Dravermann se chargera de la partie du Sud, ayant des rapports avec Borgella, vous M. Médina ( s'adressant à moi) vous ferez ce que vous pourrez auprès de Christophe, je sais qu'il est prononcé contre la France, mais vous verrez étant sur les lieux ce que vous aurez à faire ».

Interrogé : Connaissez-vous la teneur du traité fait avec le général Pétion depuis Bonaparte, et à quelle époque ce traité a été consommé?

A répondu: Depuis que le général Ferrand était à SantoDomingo, j'ai eu connaissance que le général Pétion correspondait avec Ferrand et Bonaparte; mais le traité dont s'agit a été conclu sur la fin de 1813.

Interrogé: Connaissez vous les articles de ce traité ?
Arépondu J'ai entendu chez le ministre Malouet, dans

· la même conférence dont je vous parke, que la France devait fournir au général Pétion une certaine quantité de troupes, d'armes et de munitions de guerre.

Interrogé: Connaissez-vous la personne qui a négocié ce traité du général Pétion avec Bonaparte?

A répondu: M. Dravermann m'a dit que c'était un nommé Tapiau, quarteron du Sud, qui était chargé de suivre la négociation par l'entremise de la maison Perregaux à Bordeaux, beau-père du maréchal Macdonald, l'adresse duquel était venu un bâtiment de Pétion.

Interrogé: M. Dauxion Lavaysse avait-il d'autres instructions celles dont vous étiez porteur ?

que

A répondu: Oui, il en avait d'autres qui sont relatives au général Pétion particulièrement, surtout les bases du traité qu'il doit faire avec lui.

Interrogé: Connaissez-vous la nature de ce traité?

A répondu: Le but de ce traité est de préparer un pied à terre à l'armée francaise, dans le cas que le Roi Christophe refuserait de se soumettre à la France, alors Pétion réunirait ses troupes à l'arinée francaise pour former nos avantsgardes, lever les embuscades et éclairer la marche des troupes francaises. M. Dauxion Lavaysse est en outre chargé de faire tous ses efforts pour faire proclamer sa Majesté Louis XVIII au Port-au-Prince.

Interrogé: Croyez-vous qu'il soit possible au général Pétion de réunir ses troupes à l'armée française pour combattre le roi Henry?

A répondu: Moi, je ne sais pas, mais le ministre Malouet l'assure, il a dit à nous tous qui étaient présen's, 'que' jamais le général Pétion ne consentira à se laisser commander par un nègre, et que la guerre civile continuerait toujours, et que Pétion était dévoué à la France. Interrogé :

Interrogé : Le conseil vous demande comment croyezd vous que le général Pétion puisse réussir à gagner ses trou pes pour combattre en faveur des blancs?

A répondu: Le ministre a dit que c'est au général Pé tion de préparer les choses, d'ailleurs vous verrez dans mes instructions la vérité de ce que je vous dis.

Interrogé : Quelle est la signification de cette expression de l'ile de Ratau portée dans vos instructions.

A répondu: C'est une invention du ministre Malouet, pour ne pas blesser l'esprit philantropique de Sa Majesté ; c'est un moyen de se défaire des hommes dangereux dans Ja colonie.

Interrogé : On a donc l'intention de renouveller à Hayti les noyades et les horreurs qu'ont déjà commises les français? A répondu : Je crois que l'intention du cabinet français est de se défaire de tous les hommes que l'on croira nuisi、 bles, parce que sans cela on ne pourra jamais réussir à rém tablir l'ordre.

Interrogé : Quel ordre entendez-vous? Ne sommes nous pas dans l'ordre ?

A répondu: Le ministre dit qu'il faut que les négres rentrent sur les habitations de leur maître, et que les colons soient en possession de leurs habitations, comme à la Mar tinique et à la Guadeloupe.

Interrogé Vous avez dit publiquement lors de votre arrestation, que si la population ne voulait pas se soumettre à la France, qu'elle serait entièrement exterminée jusqu'aux enfans?

A répondu: Je le crois, et le ministre Malouet nous l'a dit dans les conférences que nous eùmes chez lui avant notre départ.

·Interrogé: Avez vous été plusieurs fois chez le ministre ? A répondu: Oui pendant trois fois, c'est la troisième fois où nous nous sommes trouvés M. Dauxion Lavaysse, Dravermann et moi ensemble.

Interrogé: Quels ordres qui vous ont été donnés par le ministre ?

A répondu : Le ministre nous a dit, en nous montrant Dauxion Lavaysse: voilà votre chef, je vous recommandé de l'union, vos instructions vous seront données. Prenez bien vos mesures, agissez prudemment afin de bien remplis le but de votre mission.

Interrogé: Quelle conférence avez vous eue avec le ministre alors, est-ce tout ce qu'il vous a dit?

A répondu: M. Dravermann a voulu parler au ministre, il a été interrompu par M. Dauxion Lavaysse, pour lui expliquer que M. Dravermann le priait de lui faire passer ses lettres de Bordeaux, qu'il en attendait de très-intéressante de la partie de l'Ouest et du Sud, du général Pétion et Borgella.

Interrogé: En France on a donc beaucoup de confiance sur les généraux Pétion et Borgella?

A répondu Généralement en France, on a beaucoup de confiance à Pétion et Borgella, comme je vous l'ai déjà dit.

Interrogé: Par qu'elle voie Dravermann avait-il écrit aux généraux Pétion et Borgella.

A répondu: Je pense, c'est par les Etats-Unis d'Amérique, ou plutôt par le bâtiment même de Pétion qui était venu à Bordeaux.

:

Interrogé Sortant de chez le ministre Malouet, où avez-vous été ?

A répondu; Nous avons pris chacun de notre côté, ez

nous nous sommes réunis à diner dans un hôtel, sur l'invitation qui nous en a été faite par M Dauxion Lavaysse.

Lecture faite du présent interrogatoire au sieur Agoustine Franco de Médina; a déclaré contenir vérité, n'avoir rien à ajouter ni diminuer et y persister, et a signé avec nous Franco de Médina, de la Bande du Nord, duc de la Marmelade, d'Ennery, de Richeplaine, de Jean-Joseph, baron de Léo, Joseph Léonel, et de Cadet Antoine, greffier.

Cejourd'hui vingt-quatre Novembre, la commission militaire spéciale réunie au lieu de ses séances; le sieur Agoustine Franco de Médina a été introduit et interrogé par le président de la commission spéciale, ainsi qu'il suit :

Interrogé Fait-on des préparatifs de guerre en France maintenant contre Hayti?

A répondu : Non pas lors de notre départ, on attend la réponse de notre mission, un ou deux de nous trois iront rendre compte du résultat de notre mission, pour mettre Le gouvernement à même de diriger ses opérations, et un de nous restera à la Jamaïque,

Interrogé: Qu'a-t-on fait des haytiens des deux couleurs qui sont en France ?

A répondu : On les a réunis à Belisle et dans plusieurs autres dépôts; il y en a beaucoup à Paris, ce sont les militaires qui sont dans les dépôts pour attendre le départ de l'armée française.

Interrogé Quelle est la force croyez vous sera composée l'armée française destinée contre Hayti?

A répondu Je ne sais pas; mais je me rappelle dans la conférence que nous eûmes chez le ministre, M. du PetitThouarsa dit: sile ministre me donne des frégates, j'irai

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