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La pensée de votre collection dont notre Collégue a entretenu la Société royale du département de la Seine, a reçu de cette Société un honorable suffrage. Sur la remise qu'il lui a faite d'un Mémoire intitulé: Compte sommaire du projet d'organisation d'un Cabinet d'Histoire naturelle, d'objets d'Arts et économie rurale, à Châlons-sur-Marne, cette Société a chargé MM. Delasterie et Yvart de lui en faire un rapport : il a été fait par M. Delasterie. J'ai eu l'honneur de vous en remettre une copie. Il offre une analyse raisonnée et critique du mémoire de notre Collégue. Il loue le plan et l'ensemble, ainsi que la majeure partie des détails. Il combat aussi quelques-unes de ses propositions, telles que celle de placer dans des bocaux remplis des d'esprit de vin, les feuilles et les grappes différentes espèces de vignes. Le plus souvent en approuvant les vues de M. Devillarsy, il les fortifie et les termine. Il serait bon ง ajoute le rapporteur, pour compléter ce genre d'établissement, de lui annexer un jardin où l'on cultiverait les plantes économiques, soit pour l'instruction publique, soit pour faire des essais de naturalisation ou

des expériences applicables aux perfectionnemens de l'industrie, et aux besoins du département. M. Delasterie qui a beaucoup voyagé, et qui a écrit sur les moyens de rendre les voyages utiles, cite en connaissance de cause les exemples donnés en ce genre par les Allemands, les Anglais, les Hollandais et les Suédois. Il pense avec tous les hommes instruits que l'utilité des collections scientifiques ne peut être mise en doute que par l'ignorance ou la prévention. Il conclut en émettant le vœu qu'il soit formé dans chaque département de la France un établissement de ce genre, pour faciliter à la fois le progrès des lumières et le développement de l'industrie nationale, qui peut seule créer la prospérité publique et individuelle. Ce vœu a été adopté par la Société royale de Paris, et votre pensée est devenue la sienne.

Si les opinions de cette Société célèbre ont depuis long-temps emprunté une si utile autorité des lumières des hommes distingués qui la composent, ne seront-elles pas d'un plus grand poids depuis que son existence a été reconnue, et ses travaux solennellement

encouragés par l'inappréciable bienfait d'une décision royale, dont l'avantage s'étend jusqu'à vous, puisqu'elle confère à la Société d'Agriculture de Paris le droit de correspondre avec toutes les Sociétés d'Agriculture du royaume. Elle propagera par conséquent toutes celles de vos idées qui lui offriront le cachet de l'utilité publique. Tel sera, n'en doutez pas, le sort de l'exemple que vous avez donné d'une collection départementale. Déjà calculant plus son zèle que nos moyens pécuniaires, un jeune artiste de Châlons, M. Mardelet de l'Espinois, vous a présenté un plan et les coupes et élévation d'un petit édifice qui serait destiné à cette collection, en même temps qu'à vos archives et à votre bibliothèque : c'est à l'extrémité de votre jardin des plantes qu'il en fixe l'emplacement. Il développe, dans un mémoire explicatif de ce plan, les motifs des distributions qu'il a conçues, et termine cet écrit par l'indication de quelques idées propres à affaiblir l'objection de la dépense. La Société, qui s'est fait rendre compte du travail de M. Mardelet, lui sait un gré particulier de son zèle, en regrettant de ne pouvoir, pour

le moment, accueillir un plan qui décèle dans son auteur un talent estimable et une louable émulation.

Les bestiaux sont une des principales richesses du cultivateur. L'art de les soigner dans leurs maladies, et celui même de les en préserver, ont fait parmi nous des progrès proportionnés à la considération qui a été accordée à la science et à la pratique du vétérinaire. La Société s'est livrée à quelques discussions sur l'épizootie qui exerce en ce moment d'affreux ravages dans ce département. Elle aurait desiré pouvoir arrêter ses idées sur le choix des remèdes à employer pour faire cesser ce fléau. Il paraît que les causes et la nature de cette maladie des bestiaux ne sont pas bien connues. On conjecture qu'elles peuvent appartenir aux dernières et graves circonstances dans lesquelles ce pays s'est trouvé, et qui ont pu affecter d'une manière particulière et fàcheuse l'air, les eaux et les lieux. Le grand nombre de cadavres qui ont été jetés dans des eaux stagnantes, où souvent les bestiaux vont se désaltérer, a pu être la cause ou l'une des causes de l'épizootie. A défaut de connaissances posi

tives dans son sein, la Société aurait desiré les appeler et les provoquer au moyen d'un concours dont elle avait eu d'abord la

pensée; elle n'y a renoncé que parce qu'en considérant que les lumières nouvelles qu'elle obtiendrait de cet appel, viendraient nécessairement beaucoup trop tard, elle s'est livrée à l'espoir que la science vétérinaire, éclairée de l'observation, trouverait enfin le moyen curatif qui jusqu'à ce moment s'est dérobé à ses recherches.

M. DE VILLARSY, dont il faut retrouver le nom toutes les fois qu'il est question de choses utiles, avait observé qu'en Champagne les avoines étant ordinairement semées en mars ne devenaient point aussi abondantes que celles que, dans d'autres pays, l'on est dans l'usage de semer en automne. Il avait desiré qu'il s'en fit un essai l'automne dernier. Il avait, dans cette vue, adressé à la Société une espèce d'avoine qu'il croyait propre à justifier son espoir. La Société, en accueillant cet envoi, en avait fait la distribution à quelques propriétaires agronomes qui, ayant consacré avec prédilection à cet essai des terreins voisins de leurs habitations, ont perdu tout

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