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qui fait voir que c'étoit le Potofi de ces temps-là. Aujourd'hui les mines d'Hannover n'ont pas le quart des ouvriers qu'on employoit dans celles d'Espagne, & elles donnent plus: mais les Romains n'ayant guere que des mines de cuivre, & peu de mines d'argent, & les Grecs ne connoiffant que les mines d'Attique très-peu riches, ils durent être étonnés de l'abondance de celles-là.

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Dans la guerre pour la fucceffion d'Ef pagne, un homme appellé le marquis de Rhodes, de qui on difoit qu'il s'étoit ruiné dans les mines d'or, & enrichi dans les hôpitaux (a), propofa à la cour de Francce d'ouvrir les mines des Pyré nées. Il cita les Tyriens, les Carthaginois & les Romains: on lui permit de chercher, il chercha, il fouilla par-tout; il citoit toujours, & ne trouvoit rien.

Les Carthaginois, maîtres du commerce de l'or & de l'argent, voulurent l'être encore de celui du plomb & de l'étain. Ces métaux étoient voiturés par terre depuis les ports de la Gaule fur L'océan, jufqu'à ceux de la méditerranée. Les Carthaginois voulurent les recevoir de la premiere main; ils envoyerent (a) Il en avoit eu quelque part la direction.

Himilcon, pour former (a) des établisfemens dans les îles Caffitérides, qu'on croit être celles de Silley.

Ces voyages de la Bétique en Angleterre, ont fait penfer à quelques gens que les Carthaginois avoient la bouffole mais il eft clair qu'ils fuivoient les côtes. Je n'en veux d'autre preuve que' ce que dit Himilcon, qui demeura quatre mois à aller de l'embouchure du Bétis en Angleterre outre que la fameufe (b) hiftoire de ce pilote Carthaginois, qui voyant venir un vaiffeau Romain, fe fit échouer pour ne lui pas apprendre la route d'Angleterre (c), fait voir que ces vaiffeaux étoient très-près des côtes lorfqu'ils fe rencontrerent.

Les anciens pourroient avoir fait des voyayes de mer qui feroient penfer qu'ils avoient la bouffole, quoiqu'ils ne l'euffent pas. Si un pilote s'étoit éloigné des côtes, & que pendant fon voyage. il eût eu un temps ferein, que la nuit it eût toujours vu une étoile polaire, &. le jour le lever & le coucher du foleil;' il eft clair qu'il auroit pu fe conduire

(a) Voyez Feftus Avienus.

(b) Strabon, liv. III. für la fin.

(c) Il en fut récompenfé par le fénat de Carthage

comme on fait aujourd'hui par la bouf fole mais ce feroit un cas fortuit, & non pas une navigation réglée.

On voit dans le traité qui finit la pre miere guerre Punique, que Carthage fut principalement attentive à fe conserver l'empire de la mer, & Rome à garder celui de la terre. Hannon (a), dans la négociation avec les Romains, déclara qu'il ne fouffriroit pas feulement qu'ils

fe lavaffent les mains dans les mers de Sicile; il ne leur fut pas permis de naviguer au-delà du beau Promontoire ;. il leur fut défendu (b) de trafiquer en Sicile (c), en Sardaigne, en Afrique, excepté à Carthage: exception qui fait voir qu'on ne leur y préparoit pas un commerce avantageux..

Il y eut dans les premiers temps de grandes guerres entre Carthage & Marfeille (d) au fujet de la pêche. Après la paix, ils firent concurremment le commerced'économie.Marfeille fut d'autant plus jaloufe, qu'égalant fa rivale en induftrie, elle lui étoit devenue inférieure

(a) Tite-Live, supplément de Frenshemius, feconde décade, liv. VI.

(b) Polybe, liv. HI.

(c) Dans la partie fujette aux Carthaginois. (d) Juftin, liv. XLlí, ch, V..

en puiffance: voilà la raifon de cette. grande fidélité pour les Romains. La guerre que ceux-ci firent contre les Carthaginois en Espagne, fut une fource de richeffes pour Marseille qui fervoit d'entrepôt. La ruine de Carthage & de Corinthe augmenta encore la gloire de Marseille; & fans les guerres civiles où il falloit fermer les yeux, & prendre un parti, elle auroit été heureuse fous la protection des Romains, qui n'avoient aucune jalousie de fon commerce.

CHAPITRE XII,

Ile de Délos, Mithridate.

C Romains, les marchands fe retire

ORINTHE ayant été détruite par les

rent à Délos: la religion & la vénération des peuples faifoit regarder cette le comme un lieu de fureté (a): de plus, elle étoit très-bien fituée pour le commerce de l'Italie & de l'Afie, qui, depuis l'anéantiffement de l'Afrique & Paffoibliffement de la Grece, étoit deyenu plus important.

Dès les premiers temps les Grecs en(a) Voyez Strabon, liv. X,

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voyerent, comme nous avons dit, des colonies fur la Propontide & le PontEuxin: elles conferverent, fous les Per fes, leurs lois & leur liberté. Alexandre, qui n'étoit parti que contre les bar bares, ne les attaqua pas (a). Il ne pa roît pas même que les rois de Pont, qui en occuperent plufieurs, leur euffent (b) ôté leur gouvernement politique.

La puiffance (c) de ces rois augmenta, fi-tôt qu'ils les eurent foumifes. Mithri date fe trouva en état d'acheter par-tout des troupes; de réparer (d) continuellement fes pertes; d'avoir des ouvriers, des vaiffeaux, des machines de guerre; de fe procurer des alliés; de corrompre ceux des Romains, & les Romains mêmes; de foudoyer (e) les barbares de l'Afie & de l'Europe; de faire la

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(a) Il confirma la liberté de la ville d'Amife, colonie Athénienne, qui avoit joui de l'état populaire, même fous les rois de Perfe. Lucullus qui prit Synope & Amife, leur rendit la liberté, & rappella les habitans qui s'étoient enfuis fur leurs vaiffeaux.

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(b) Voyez ce qu'écrit Appien fur les Phanagoréens, fes Amifiens, les Synopiens, dans fon livre de la guerre contre Mithridate.

(c) Voyez Appien, fur les tréfors immenfes que Mithridate employa dans fes guerres, ceux qu'il avoit cachés, ceux qu'il perdit fi fouvent par la trahifon des fiens, ceux qu'on trouva après la mort. 2

(d) Il perdit une fois 170000 hommes, & de nouvelles armées reparurent d'abord.

() Voyez Appien, de la guerre contre Mithridate,

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