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fioit d'avoir été le berceau de tous les arts de l'efprit, & le fol natal du bon fens épuré, fera ravie la gloire d'avoir parlé la premiere dans notre hémifphere, le langage de la raison, par l'organe de ces philofophes qui ufurperent le titre faftueux des pédagogues du genre humain.

Ainfi cette philofophie, qui étonnoit par la fublimité de quelques-unes de fes maximes, ne passera plus pour le chef-d'œuvre d'une fageffe purement humaine; & toutes ces voix qu'on entendit s'élever dans le fein même du paganisme le plus aveugle & le plus groffier, pour rappeller l'homme à la divinité & à la regle des mœurs, feront convaincus de n'avoir été que les échos des envoyés de Dieu. Ainfi, aurons-nous la clef de cette intéreffante queftion: Pourquoi, avant le féjour du verbe divin parmi les mortels, une claffe d'hommes qui fe diftingua dans la Grece par la fingularité de fes difcours & de fes manieres, s'étoit arrogé le privilege exclufif d'avoir fait retentir aux oreilles de leurs compatriotes, ivres de fuperftitions, de paffions & de plaifirs. les noms d'Etre-Suprême, de raison, de juftice & de pudeur? Dès-lors changera de face à nos yeux la Grece, patrie de la Philofophie.

Dans le breuvage même qu'offroit cette fageffe à la raison malade de fes partisans, nous ne verrons plus qu'un remede defcendu d'en-haut; mais dont l'impofture déguifoit l'origine, parce que le manteau phi,

lofophique déroboit à la vue la main du céleftè Médecin.

Philofophes modernes, qu'enfloit d'or gueil le fouvenir de ces perfonnages célebres, invoqués par vous comme vos patrons & vos fondateurs, & qui, difiez-vous, dans cette Grece fortunée étoient devenus des Sages par les feuls efforts de leur faine raifon, vous abjurerez enfin votre erreur. Vous apprendrez qu'en vous enthoufiafmant fur certaines vérités, qu'enfeignent dans leur philofophie les fages du paganisme, vous n'admiriez dans le fond que la doctrine de nos Livres faints. Ainfi, cette même révélation que repouffoient vos préjugés, & que combattoit votre cœur, s'infinuant dans votre efprit, à votre infçu & contre votre propre gré, aura eu l'art de fe faire accueillir & goûter par votre fiere raison, dupe de la plus heureufe de toutes les illufions.

Telle eft, Monfieur, l'efquiffe des découvertes ultérieures qui fuivront celle fur l'hiftoire d'Egypte, & qui formeront la matiere des autres volumes que doit publier fucceffivement M. l'abbé du Rocher. (a)

Voilà donc une crife univerfelle qui s'o pere dans l'histoire ancienne. En effet, une découverte dont le résultat bouleverse toutes les idées, qui, pendant plus de vingt

(a) Je dois faire obferver que dans le tableau que je viens de préfenter des découvertes ultérieures de M. l'abbé du Rocher, je ne fais que répéter ce qu'il a annoncé lui-même, comme on peut le vérifier en consultant fon ouvrage,

deux fiecles, avoient jubjugué la croyance du genre humain fur l'authenticité des annales profanes; une découverte qui anéantit l'empire qu'exerçoient depuis fi long-tems fur l'opinion publique, tant de monarques imaginaires; une découverte qui renverse le trône, & brife le fceptre de cette foule de Rois Egyptiens, Babyloniens, Affyriens, &c. fabriqués par les auteurs de l'antiquité : une pareille découverte n'eft-elle pas une véritable révolution, qui, dans le monde hif torique, préfente un événement très impor tant, & qui doit faire époque dans les fciences?

Mais l'ouvrage de M. l'abbé du Rocher, n'eft pas feulement un beau monument élevé à l'hiftoire dont elle épure les fources primitives; le travail du favant auteur diffipe encore les nuages dont on cherchoit à offufquer la vérité de la Religion, puifqu'il fape par les fondemens, les difficultés dont les incrédules fembloient tirer le plus grand avantage. En effet, pour ne nous en tenir qu'à la premiere partie de l'Hiftoire véritable des tems fabuleux, qui a pour ob jet de nous démontrer que les anciennes hiftoires d'Egypte ont été rédigées fur des extraits de l'Ecriture fainte que de conféquences en faveur de nos Livres facrés, pouvons-nous pas tirer de toutes ces altérations? Nous ne dirons pas feulement que, copiés par Hérodote, ils font incontestablement antérieurs à toutes les hiftoires profanes connues, puifque l'original précede

ne

évidemment la copie; mais nous insisterons fur l'argument triomphant que nous fournit l'Hiftoire véritable contre les Philofophes modernes. Sans ceffe ils nous oppofoient le filence des Ecrivains du paganisme fur les plaies d'Egypte, le paffage de la merrouge, & fur tant d'autres prodiges que raconte Moïfe, comme opérés à la face d'une grande nation, qui, vu la fingularité de ces événemens, auroit dû en conferver la mémoire, & dont cependant on n'appercevoit aucune trace dans les faftes de fon hiftoire.

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La maligne complaifance avec laquelle les Sages du jour ont infifté fur cette objection, engagea M. l'abbé du Rocher à l'approfondir d'une manie fpéciale; fon zele pour les intérêts de la Religion, lui fit entreprendre les recherches les plus pénibles fur les antiquités profanes. L'étude férieufe qu'il en fit, le convainquit, que les Hiftoriens de l'antiquité païenne, en les dépouillant du coftume étranger dont ils s'étoient revêtus, formoient autant de témoins de la véracité des Ecrivains facrés. La Philofophie avoit ofé nous porter le défi de montrer dans Hérodote, entr'autres, la moindre mention des événemens relatifs aux Pharaons d'Egypte, dont Moïfe rapporte tant de faits extraordinaires. Qu'est-il résulté de cette agreffion philofophique? M. l'abbé. du Rocher a fait voir dans Hérodote, bien au-delà de ce que la philofophie nous de mandoit; non pas feulement quelques traits

épars & ifolés, conformes au récit de Moïfe, fur le miniftere de Jofeph en Egypte, fur les plaies qui affligerent ce royaume, fur le mémorable paffage de la mer - rouge, mais encore la fubftance entiere de l'Hiftoire facrée concernant les Egyptiens, copiée par Hérodote, & copiée dans un ordre fuivi de regne en regne & très-reconnoiffable, malgré les altérations les plus groffieres. Témoins de cette découverte merveilleufe, tous ceux qui prenoient quelque part à la caufe de la Religion, ont admiré la fageffe de fon divin auteur, qui fait fervir à la gloire de fes œuvres la haine même de fes ennemis. La Philofophie bleffée par fes propres armes, n'a recueilli, de cette attaque, que la honte de fa témérité, en faifant valoir pour des objections contre les Livres faints, les plagiats même qu'ont faits les auteurs païens. Ainfi ont été rétorqués contre nos Sages, qui fe flattoient d'être profondément verfés dans les antiquités profanes, les traits dont ils ont été les premiers à indiquer l'ufage."

En vain, pour justifier leur infurrection contre l'Hiftoire véritable des tems fabuleux, les Philofophes voudroient fe prévaloir de l'autorité de quelques favans qu'on ne peut accufer d'irréligion, & qui cependant n'ont point accueilli la découverte de M. l'abbé du Rocher. Mais qu'on y prenne garde, les motifs qui ont animé ces deux claffes d'adverfaires, font bien différens. Les uns ont rejetté l'Hiftoire véritable,

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