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qu'elles sont unies à d'autres : ainsi l'orgueil, joint à une vaste ambition, à la grandeur des idées, produisit chez les Romains les effets que l'on sait.

CHAPITRE X. t

́Du caractere des Espagnols, et de celui des Chinois. LEs divers caracteres des nations sont mêlés de vertus et de vices, de bonnes et de mauvaises qualités. Les heureux mélanges sont ceux dont il résulte de grands biens, et souvent on ne les soupçonneroit pas; il y en a dont il résulte de grands maux, et qu'on ne soupçonneroit pas non plus.

La bonne foi des Espagnols a été fameuse dans tous les temps. Justin (1) nous parle de leur fidélité à garder les dépôts: ils ont souvent souffert la mort pour les tenir secrets. Cette fidélité qu'ils avoient autrefois, ils l'ont encore aujourd'hui. Toutes les nations qui commercent à Cadix confient leur fortune aux Espagnols: elles ne s'en sont jamais repenties. Mais cette qualité admirable, jointe à leur paresse, forme un mélange dont il résulte des effets qui leur sont pernicieux: les peuples de l'Europe font sous leurs yeux tout le commerce de leur monarchie.

Le caractere des Chinois forme un autre mélange, qui est en contraste avec le carac

(1) Liv. XLIII.

CHAPITRE XIII.

Des manieres chez les Chinois.

MAIS C'est à la Chine que les manieres sont indestructibles. Outre que les femmes y sont absolument séparées des hommes, on enseigne dans les écoles les manieres comme les mœurs. On connoît un lettré (1) à la façon aisée dont il fait la révérence. Ces choses, une fois données en préceptes et par de graves docteurs, s'y fixent comme des principes de morale, et ne changent plus.

CHAPITRE XIV.

Quels sont les moyens naturels de changer les › mœurs et les manieres d'une nation.

Νους us avons dit que les lois étoient des institutions particulieres et précises du législateur, et les mœurs et les manieres des institutions de la nation en général. De là il suit que, lorsqu'on veut changer les mœurs et les manieres,

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ne faut pas les changer par les lois, cela paroitroit trop tyrannique; il vaut mieux les chan ger par d'autres mœurs et d'autres manieres.

Ainsi, lorsqu'un prince veut faire de grands changements dans sa nation, il faut qu'il réforme par les lois ce qui est établi par les lois, et qu'il change par les manieres ce qui est éta

(1) Dit le P. du Halde.

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CHAPITRE XIII.

Des manieres chez les Chinois.

MAIS c'est à la Chine que les manieres sont indestructibles. Outre que les femmes y sont absolument séparées des hommes, on enseigne dans les écoles les manieres comme les mœurs. On connoît un lettré (1) à la façon aisée dont il fait la révérence. Ces choses, une fois données en préceptes et par de graves docteurs, s'y fixent comme des principes de morale, et ne changent plus.

CHAPITRE XIV.

Quels sont les moyens naturels de changer les mœurs et les manieres d'une nation.

NOUS us avons dit que les lois étoient des institutions particulieres et précises du législateur, et les mœurs et les manieres des institutions de la nation en général. De là il suit que, lorsqu'on veut changer les mœurs et les manieres, il ne faut pas les changer par les lois, cela paroitroit trop tyrannique; il vaut mieux les changer par d'autres mœurs et d'autres manieres.

Ainsi, lorsqu'un prince veut faire de grands changements dans sa nation, il faut qu'il réforme par les lois ce qui est établi par les lois, et qu'il change par les manieres ce qui est éta

(1) Dit le P. du Halde.

bli par les manieres; et c'est une très mauvaise politique de changer par les lois ce qui doit être changé par les manieres.

La loi qui obligeoit les Moscovites à se faire couper la barbe et les habits, et la violence de Pierre I, qui faisoit tailler jusqu'aux genoux les longues robes de ceux qui entroient dans les villes, étoient tyranniques. Il y a des moyens pour empêcher les crimes; ce sont les peines: ily en a pour faire changer les manieres; ce sont les exemples.

La facilité et la promptitude avec laquelle cette nation s'est policée a bien montré que ce prince avoit trop mauvaise opinion d'elle; et que ces peuples n'étoient pas des bêtes, comme il le disoit. Les moyens violents qu'il employoit étoient inutiles; il seroit arrivé tout de même à son but par la douceur.

Il éprouva lui-même la facilité de ces changements. Les femmes étoient renfermées et en quelque façon esclaves; il les appela à la cour, il les fit habiller à l'allemande, il leur envoyoit des étoffes. Ce sexe goûta d abord une façon de vivre qui flattoit si fort son goût, sa vanité et ses passions, et la fit goûter aux hommes.

Ce qui rendit le changement plus aisé, c'est que les mœurs d'alors étoient étrangeres au climat, et Ꭹ avoient été apportées par le mélange des nations et par les conquêtes. Pierre I, donnant les mœurs et les manieres de l'Europe à une nation d'Europe, trouva des facilités

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