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rant général qui court alors au sud trouvant resserré par le cap Saint-Augustin en Amérique, et par l'entrée du golfe de Guinée en Afrique, produisoit de chaque côté des contre-courans qui nous donnoient nos marées qui remontent au nord le long de nos côtes. Ces contre-courans existent en effet dans ces mêmes lieux, et sont toujours produits aux deux côtés d'un détroit par où passe un courant. Mais je n'avois pas besoin de supposer les réactions du cap SaintAugustin et de l'entrée du golfe de Guinée, pour faire remonter nos marées jusque bien avant dans le nord. La simple action du courant général de l'Atlantique, qui descend du pôle nord et court au sud en déplaçant devant lui un grand volume d'eau qu'il repousse à droite et à gauche, suffit pour produire, le long de son cours, ces réactions laté'rales, d'où sortent nos marées qui remontent au nord.

J'avois cité à ce sujet deux observations, dont la premiere est à la portée de tout le monde. C'est celle d'une source qui, en se déchargeant dans un bassin fait naître sur les côtés de ce bassin un remou ou contre-courant qui ramene les pailles et les autres corps flottans à la source même.

La seconde observation, est tirée du pere Charlevoix, dans son histoire de la

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Nouvelle-France. Il rapporte que, quoiqu'il eût le vent contraire, il fit huit bonnes lieues dans un jour sur le lac Michigan, contre son courant général à l'aide de ses contre-courans latéraux. Mais M. de Crevecœur, auteur des Lettres du Cultivateur Américain, va encore plus loin; car il assure, tome 3, page 433, qu'en remontant l'Ohio le long de ses bords, i! fit 422 milles en quatorze jours, ce qui fait plus de dix lieues par jour, « A l'aide, dit-il, des » remoux qui ont toujours une vélocité » égale au courant principal. » Voilà la seule observation que j'ai ajoutée à cause de son importance, et de l'estime que je porte à son auteur.

Ainsi l'effet genéral des marées est mis dans le plus grand jour, par l'exemple des contre-courans latéraux de nos bassins où se déchargent des sources, de ceux des lacs qui reçoivent des rivieres, et de ceux des rivieres elles mêmes, malgré leurs pentes considérables, sans qu'il soit besoin de détroit particulier pour opérer ces réactions dans toute l'étendue de leurs rivages, quoique les détroits augmentent considérablement ces mêmes contre-courans ou remoux.

A la vérité, le cours de nos marées yers le nord en hiver, ne peut plus s'expliquer comme un effet des contre-courans latéraux de l'océan Atlantique qui

descend du nord, puisqu'alors son courant général vient du pôle sud, dont le soleil fond les glaces. Mais le cours de ces marées vers le nord se conçoit encore plus aisément par l'effet direct du courant général du pôle sud, qui va droit au nord. Dans cette direction, ce courant austral passe presque toujours d'un lieu plus large dans un lieu plus étroit, s'engageant d'abord entre le cap Horn et le cap de Bonne - Espérance; et remontant jusque dans les baies et méditerranées du nord, il pousse à - la - fois devant lui tout le volume des eaux de l'océan Atlantique, sans permettre qu'aucune colonne s'en échappe à droite ou à gauche. Cependant s'il rencontroit dans sa route quelque cap ou détroit qui s'opposât à son cours, il ne faut pas douter qu'il n'y formât un contre- courant latéral, ou des marées qui iroient en sens contraire. C'est aussi l'effet qu'il produit au cap Saint-Augustin en Amérique, et au dessus du golfe de Guinée vers le dixieme degré de latitude nord en Afrique; c'est-à-dire, aux deux endroits où ces deux parties du monde se rapprochent davantage : car dans l'été du pôle sud, les courans et les marées, loin de se porter au nord au-dessous du ces deux points, retournent au sud de côté de l'Amérique, et courent vers l'est du côté de l'Afrique, tout le long du

golfe de Guinée
du systême lunaire.

contre toutes les loix

Je pourrois remplir un volume de nouvelles preuves en faveur de la fonte alternative des glaces polaires, et de l'alongement de la terre aux pôles, qui sont des conséquences l'une de l'autre ; mais fen ai cité dans mes volumes précédens plus qu'il n'en faut pour constater ces vérités. Le silence même des Académies sur des objets si importans, est une preuve qu'elles n'ont rien à m'objecter. Si j'avois eu tort en relevant l'étrange erreur par laquelle elles ont conclu que les pôles de la terre étoient aplatis, d'après des opérations géométriques qui montrent évidemment qu'ils sont alongés, elles n'auroient pas manqué de journaux, qui leur sont dévoués la plupart, pour réprimer la voix d'un solitaire. Je n'en ai trouvé qu'un seul qui ait osé me donner la sienne. Parmi tant de puissances littéraires qui se disputent l'empire des opinions, et qui croisent sur leurs mers orageuses en tâchant de couler à fond tout ce qui ne sert pas sous leurs drapeaux, un journaliste étranger a arboré en ma faveur le pavillon de l'insurgence. C'est celui de Deux-Ponts que je nomme, suivant ma coutume de reconnoître publiquement des services particuliers, quoique celuici ait été rendu à la vérité bien plus qu'à

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moi, qui suis personnellement inconnu à cet écrivain, si estimable par son impartialité.

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D'un autre côté, si les Académies ne se sont pas expliquées, il faut considérer l'embarras où elles se trouvent de se rétracter publiquement d'une inconséquence géométrique déja si ancienne et si répandue. Elles ne peuvent approuver mes résultats sans condamner les leurs, et elles ne peuvent condamner les miens, parce que leurs propres travaux les justifient. Je n'ai point été moi-même moins embarrassé lorsqu'en publiant mes observations je me suis vu dans. l'alternative de choisir entre leur estime et leur amitié; mais j'ai été entraîné par le sentiment de la vérité, qui doit l'emporter sur tous les ménagemens politiques. L'intérêt de ma réputation, je Favoue, y est aussi entré pour quelque chose, mais pour la moindre part.. L'utilité publique a été mon principal objet. Je n'ai employé ni le ridicule, ni l'enthousiasme, contre des hommes fameux surpris dans l'erreur. Je ne me suis point enivré de ma propre raison. Je me suis approché d'eux comme je me serois approché de Platon endormi sur le bord d'un précipice; craignant leur réveil et encore plus leur assoupissement. Je n'ai point rapporté leur aveuglement à quelque défaut de lumiere, dont le re

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