Page images
PDF
EPUB

Dulcibus idcirco fluviis pecus omne magistri
Perfundunt, udisque aries in gurgite villis
Mersatur, missusque secundo defluit amni;
Aut tonsum tristi contingunt corpus amurca,
Et spumas miscent argenti, & sulfura viva,
Idæasque pices, & pingues unguine ceras,

Scillamque, elleborosque graves, nigrumque bitumen.
Non tamen ulla magis præsens fortuna laborum est,
Quam si quis ferro potuit rescindere summum
Ulceris os alitur vitium vivitque tegendo,
Dum medicas adhibere manus ad vulnera pastor
Abnegat, & meliora Deos sedet omnia poscens.
Quin etiam, ima dolor balantum lapsus ad ossa
Cum furit atque artus depascitur arida febris,
Profuit incensos æstus avertere & inter

Ima ferire pedis salientem sanguine venam;
Bisaltæ quo more solent, acerque Gelonus,
Cum fugit in Rhodopen atque in deserta Getarum,

Et lac concretum cum sanguine potat equino.

baignent-ils dans une onde salutaire le troupeau tout entier, & le bélier, plongé en plein fleuve, voit immerger sa toison, tandis qu'abandonné au fil de l'eau, il descend le courant; ou bien encore, après avoir tondu les bêtes, on leur enduit tout le corps avec un mélange de marc d'huile amer, dans lequel entrent de la litharge, du soufre vierge, de la poix de l'Ida, des cires riches en matières grasses, de la scille, de l'ellébore à l'odeur forte & du bitume noir. Toutefois, il n'est pas de remède qui donne plus de chance de guérison, que celui qui consiste à recourir au fer pour débrider la plaie : le mal s'entretient & vit, à rester caché, tandis que le berger se refuse à appeler la main du praticien sur la blessure, & reste les bras croisés, en demandant aux Dieux de le tirer d'affaire. J'irai plus loin lorsque la douleur, attaquant vos brebis jusqu'aux moelles, est à son paroxysme, & que la fièvre brûlante consume leurs membres, il faut à tout prix détourner cette ardeur qui les enflamme, & faire une piqûre à la veine placée sous la fourche du pied, pour provoquer la saignée. C'est ainsi qu'en usent les Bisaltes & le Gélon farouche, lorsqu'il chevauche vers le Rhodope et vers les déserts des Gètes, & qu'il boit son lait caillé, mêlé à du sang de cheval.

QUAM

UAM procul aut molli succedere sæpius umbræ
Videris, aut summas carpentem ignavius herbas
Extremamque sequi, aut medio procumbere campo
Pascentem, & sera solam decedere nocti;
Continuo culpam ferro compesce, priusquam
Dira per incautum serpant contagia vulgus.

Non tam creber, agens hiemem, ruit æquore turbo,
Quam multæ pecudum pestes. Nec singula morbi
Corpora corripiunt, sed tota æstiva repente,

Spemque gregemque simul, cunctamque ab origine gentem.
Tum sciat, aerias Alpes & Norica si quis

Castella in tumulis & lapydis arva Timavi

Nunc quoque post tanto videat, desertaque regna
Pastorum, & longe saltus lateque vacantes.

HIC quondam morbo cæli miseranda coorta est
Tempestas totoque autumni incanduit æstu,

Et genus omne neci pecudum dedit, omne ferarum,
Corrupitque lacus, infecit pabula tabo.

QUAND de loin tu verras la brebis chercher à chaque pas l'om

bre qui la soulage, effleurer d'une dent nonchalante la pointe des herbes & marcher la dernière, ou bien encore tomber au milieu de la plaine tandis qu'elle broute encore, ou revenir toute seule quand la nuit est déjà venue, n'hésite pas : tranche par le fer le mal dans sa racine, avant que la contagion meurtrière ait surpris le bétail sans défense. L'ouragan qui déchaîne sur mer la tempête, n'est pas plus rapide ni plus violent que les mille maux qui viennent fondre sur les troupeaux. Et ce ne sont pas les bêtes l'une après l'autre que frappe le fléau, mais du même coup le parc tout entier, les agneaux, espoir du troupeau, & les mères, & toute la race, des petits aux grands. Il faut, pour s'en rendre compte, avoir vu, sur les Alpes qui se perdent dans les airs, ce qu'étaient autrefois, dans le Norique, ces métairies placées sur les hauteurs, ainsi que les campagnes d'lapydie qu'arrose le Timave, & ce qu'elles sont aujourd'hui! Et pourtant le mal remonte déja haut, mais les domaines des bergers sont encore déserts, & les pâturages ne sont plus qu'une vaste solitude.

C'EST là que jadis éclata, sous l'influence d'un air pestilentiel, que l'automne avait embrasé de ses feux, une épidémie terrible, qui exerça ses ravages sur toute la race des animaux domestiques & des bêtes sauvages, corrompit les eaux, empoisonna les pâturages. La mort ne venait pas par un seul chemin : c'était d'abord

Nec via mortis erat simplex; sed ubi ignea venis
Omnibus acta sitis miseros adduxerat artus,

Rursus abundabat fluidus liquor, omniaque in se
Ossa minutatim morbo collapsa trahebat.

Sæpe in honore Deum medio stans hostia ad aram,
Lanea dum nivea circumdatur infula vitta,

Inter cunctantes cecidit moribunda ministros.
Aut si quam ferro mactaverat ante sacerdos,
Inde neque impositis ardent altaria fibris,
Nec responsa potest consultus reddere vates;
Ac vix suppositi tinguntur sanguine cultri,
Summaque jejuna sanie infuscatur arena.
Hinc lætis vituli vulgo moriuntur in herbis,
Et dulces animas plena ad præsepia reddunt;
Hinc canibus blandis rabies venit, & quatit ægros
Tussis anhela sues, ac faucibus angit obesis.
Labitur infelix studiorum atque immemor herbæ,
Victor equus, fontesque avertitur, & pede terram
Crebra ferit; demissæ aures; incertus ibidem

« PreviousContinue »