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roc. Soudain volent ouvertes, avec un impétueux recul et un son discordant, les portes infernales: leurs gonds firent gronder un rude tonnerre qui ébranla le creux le plus profond de l'Érèbe.

Le Péché les ouvrit, mais les fermer surpas soit son pouvoir; elles demeurent toutes grandes ouvertes: une armée, ailes étendues, marchant enseignes déployées, auroit pu passer à travers avec ses chevaux et ses chars rangés en ordre sans être serrés; si larges sont ces portes! comme la bouche d'une fournaise, elles vomissent une surabondante fumée et une flamme rouge.

Aux yeux de Satan et des deux spectres, apparoissent soudain les secrets du vieil abîme : sombre et illimité océan, sans borne, sans dimension, où la longueur, la largeur, et la profondeur, le temps, et l'espace, sont perdus; où la Nuit aînée et le Chaos, aïeux de la Nature, maintiennent une éternelle anarchie au milieu du bruit des éternelles guerres, et se soutiennent par la confusion.

Le chaud, le froid, l'humide, et le sec, quatre fiers champions, se disputent la supériorité, et mènent au combat leurs embryons d'atomes. Ceux-ci, autour de l'enseigne de leurs factions, dans leurs clans divers, pesamment ou légèrement armés, aigus, émoussés, rapides ou lents, essèment leurs populations aussi innombrables que les sables de Barca ou que l'arène torride de CyUnfastens on a sudden open fly With impetuous recoil and jarring sound The infernal doors, and on their hinges grate Harsh thunder, that the lowest bottom shook Of Erebus.

She open'd, but to shut
Excell'd her power; the gates wide open stood,
That with extended wings a banner'd host,
Under spread ensigns marching, might pass through
With horse and chariots rank'd in loose array;
So wide they stood! and like a furnace mouth
Cast forth redounding smoke and ruddy flame.
Before their eyes in sudden view appear
The secrets of the hoary deep; a dark
Tilimitable ocean, without bound,

Without dimension, where length, breadth, and highth,
And time, and place, are lost; where eldest Night
And Chaos, ancestors of Nature, hold

Eternal anarchy, amidst the noise

Of endless wars, and by confusion stand.

For hot, cold, moist, and dry, four champions fierce,
Strive here for mastery, and to battle bring
Their embryon atoms; they around the flag
Of each his faction, in their several clans,
Light-arm'd or heavy, sharp, smooth, swift, or slow,
Swarm populous, unnumber'd as the sands
Of Barca or Cyrene's torrid soil,

rène, enlevés pour prendre parti dans la lutte des vents, et pour servir de lest à leurs ailes légè res. L'atome auquel adhère un plus grand nombre d'atomes gouverne un moment. Le Chaos siége surarbitre, et ses décisions embrouillent de plus en plus le désordre par lequel il règne : après lui, juge suprême, le Hasard gouverne tout.

Dans ce sauvage abîme, berceau de la nature, et peut-être son tombeau; dans cet abîme qui n'est ni mer, ni terre, ni air, ni feu, mais tous ces éléments qui, confusément mêlés dans leurs causes fécondes, doivent ainsi se combattre tou jours, à moins que le tout-puissant Créateur n'arrange ses noirs matériaux pour former de nou veaux mondes; dans ce sauvage abîme, Satan, le prudent ennemi, arrêté sur le bord de l'enfer, regarde quelque temps: il réfléchit sur son voyage, car ce n'est pas un petit détroit qu'il lui faudra traverser. Son oreille est assourdie de bruits éclatants et destructeurs non moins violents (pour comparer les grandes choses aux petites) que ceux des tempêtes de Bellone quand elle dresse ses foudroyantes machines pour raser quelque grande cité; ou moins grand seroit le fracas si cette struc ture du ciel s'écrouloit, et si les éléments mutinės avoient arraché de son axe la terre immobile. Enfin Satan, pour prendre son vol, déploie ses ailes égales à de larges voiles; et, enlevé dans la fumée ascendante, il repousse du pied le sol. Levied to side with warring winds, and poise Their lighter wings. To whom these most adhere, He rules a moment: Chaos umpire sits, And by decision more embroils the fray, By which he reigns: next him high arbiter, Chance governs all.

Into this wild abyss,
The womb of nature, and perhaps her grave,
Of neither sea, nor shore, nor air, nor fire,
But all these in their pregnant causes mix'd
Confus'dly, and which thus must ever fight,
Unless the Almighty Maker them ordain
His dark materials to create more worlds;
Into this wild abyss the wary fiend

Stood on the brink of Hell, and look'd a while,
Pondering his voyage; for no narrow frith
He had to cross. Nor was his ear less peal'd
With noises loud and ruinous, (to compare
Great things with small) than when Bellona storms,
With all her battering engines bent to rase
Some capital city; or less than if this frame
Of Heaven were falling, and the se elements
In mutiny had from her axle torn

The stedfast earth. At last his sail-broad vans
He spreads for flight, and in the surging smoke
Uplifted spurns the ground.

Thence many a league,

Pendant plusieurs lieues porté comme sur une haire de nuages, il monte audacieux ; mais ce lege lui manquant bientôt, il rencontre un vaste ide: tout surpris, agitant en vain ses ailes, il ombe comme un plomb à dix mille brasses de rofondeur. Il seroit encore tombant à cette meure, si, par un hasard malheureux, la forte explosion de quelque nuée tumultueuse imprégnée de feu et de nitre ne l'eût rejeté d'autant de milles en haut : cet orage s'arrêta, éteint dans une syrte spongieuse qui n'étoit ni mer, ni terre seche. Satan, presque englouti, traverse la substance crue, moitié à pied, moitié en volant; il lui faut alors rames et voiles. Un griffon, dans le desert, poursuit d'une course ailée sur les montagnes ou les vallées marécageuses l'Arimaspien qui ravit subtilement à sa garde vigilante l'or conservé; ainsi l'ennemi continue avec ardeur sa route à travers les marais, les précipices, les detroits, à travers les éléments rudes, denses ou rares; avec sa tête, ses mains, ses ailes, ses pieds, il nage, plonge, guée, rampe, vole. Enfin, une étrange et universelle rumeur de sons sourds et de voix confuses, née du creux des ténèbres, assaillit l'oreille de Satan avec la plus grande véhémence. Intrépide, il tourne son vol de ce côté, pour rencontrer le pouvoir quelconque ou l'esprit du profond abime, qui réside dans ce bruit, afin de lui demander de quel côté

As in a cloudy chair, ascending rides
Audacious; but, that seat soon failing, meets

A vast vacuity: all unawares

Fluttering his pennons vain, plumb down he drops
Ten thousand fathom deep; and to this hour
Down had been falling, had not by ill chance
The strong rebuff of some tumultuous cloud,
Instinct with fire and nitre, hurried him
As many miles aloft: that fury staid,'
Quench'd in a boggy syrtis, neither sea,
Nor good dry land : nigh founder'd on he fares,
Treading the crude consistence, half on foot,
Half flying; behoves him now both oar and sail.
As when a gryphon, through the wilderness
With winged course, o'er hill or moory dale,
Pursues the Arimaspian, who by stealth
Had from his wakeful custody purloin'd
The guarded gold; so eagerly the fiend

Der bog, or steep, through strait, rough, dense, or rare,
With head, hands, wings, or feet, pursues his way,
And swims, or sinks, or wades, or creeps, or flies.
At length a universal hubbub wild
Of stunning sounds and voices all confus'd,
Borne through the hollow dark, assaults his ear
With loudest vehemence : thither he plies,
Undaunted, to meet there whatever power

se trouve la limite des ténèbres la plus rapprochée confinant à la lumière.

Soudain voici le trône du Chaos et son noir pavillon se déploie immense sur le gouffre de ruines. La Nuit, vêtue d'une zibeline noire, siége sur le trône à côté du Chaos : fille aînée des êtres, elle est la compagne de son règne. Auprès d'eux se tiennent Orcus et Ades, et Demogorgon au nom redouté, ensuite la Rumeur, et le Hasard, et le Tumulte, et la Confusion toute brouillée, et la Discorde aux mille bouches différentes. Satan hardiment va droit au Chaos.

"

« Vous pouvoirs et esprits de ce profond abîme, « Chaos et antique Nuit, je ne viens point à desa sein, en espion, explorer ou troubler les secrets « de votre royaume; mais contraint d'errer dans « ce sombre désert, mon chemin vers la lumière « m'a conduit à travers votre vaste empire; seul « et sans guide, à demi perdu, je cherche le sen« tier le plus court qui mène à l'endroit où vos « obscures frontières touchent au ciel. Ou si quel« que autre lieu, envahi sur votre domaine, a « dernièrement été occupé par le roi Réthéré, c'est afin d'arriver là que je voyage dans ces profondeurs. Dirigez ma course: bien dirigée « elle n'apportera pas une médiocre récompense « à vos intérêts, si de cette région perdue toute usurpation étant chassée, je la ramène à ses

«

«

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Or spirit of the nethermost abyss

Might in that noise reside, of whom to ask
Which way the nearest coast of darkness lies,
Bordering on light; when straight behold the throne

Of Chaos, and his dark pavilion spread

Wide on the wasteful deep with him enthron'd

Sat sable-vested Night, eldest of things,
The consort of his reign; and by them stood
Orcus and Ades, and the dreaded name
Of Demogorgon; Rumour next, and Chance,
And Tumult and Confusion all embroil'd;
And Discord with a thousand various mouths.
To whom Satan turning boldly, thus:

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Ye powers,

And spirits of this nethermost abyss,
Chaos and ancient Night, I come no spy,
With purpose to explore or to disturb
The secrets of your realm; but, by constraint
Wandering this darksome desert, as my way
Lies through your spacious empire up to light,
Alone, and without guide, half lost, I seek
What readiest path leads where your gloomy bounds
Confine with Heaven; or if some other place,
From your dominion won, th' ethereal King
Possesses lately, thither to arrive

I travel this profound; direct my course;

« voyage actuel n'a pas d'autre but); j'y plante« rai de nouveau l'étendard de l'antique Nuit. A « vous tous les avantages, à moi la vengeance. » Ainsi Satan. Ainsi le vieil anarque, avec une voix chevrottante et un visage décomposé, lui répondit :

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« Je te connois, étranger; tu es ce chef puis<< sant des anges, qui dernièrement fit tête au « Roi du ciel et fut renversé. Je vis et j'entendis, <«< car une si nombreuse milice ne put fuir en si«<lence à travers l'abîme effrayé, avec ruine sur ruine, déroute sur déroute, confusion pire que « la confusion : les portes du ciel versèrent par « millions ses bandes victorieuses à la poursuite. « Je suis venu résider ici sur mes frontières : tout «< mon pouvoir suffit à peine pour sauver le peu « qui me reste à défendre, et sur lequel empièa tent encore vos divisions intestines qui affoi- | « blissent le sceptre de la vieille Nuit. D'abord « l'enfer, votre cachot, s'est étendu long et large << sous mes pieds; ensuite dernièrement, le ciel «< et la terre, un autre monde, pendent au-dessus « de mon royaume, attachés par une chaîne d'or « à ce côté du ciel d'où vos légions tombèrent. Si votre marche doit vous faire prendre cette « route, vous n'avez pas loin; le danger est d'au« tant plus près. Allez, hâtez-vous ravages, et dépouilles, et ruines sont mon butin. »

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Directed, no mean recompense it brings
To your behoof, if I that region lost,
All usurpation thence expell'd reduce
To her original darkness and your sway,
(Which is my present journey) and once more
Erect the standard there of ancient Night:
Your be th' advantage all, mine the revenge. »>
Thus Satan; and him thus the anarch old,
With faltering speech and visage incompos'd,
Answer'd :

« I know thee, stranger, who thou art;
That mighty leading angel, who of late
Made head against Heaven's King, though overthrown.
I saw and heard; for such a numerous host
Fled not in silence through the frighted deep,
With ruin upon ruin, rout on rout,
Confusion worse confounded; and Heaven-gates
Pour'd out by millions her victorious bands
Pursuing. I upon my frontiers here
Keep residence; if all I can will serve,
That little which is left so to defend,
Encroach'd on still through your intestine broils
Weakening the sceptre of old Night : first Hell,
Your dungeon, stretching far and wide beneath;
Now lately Heaven, and earth, another world,
Hung o'er my realm, link'd in a golden chain

To that side Heaven from whence your legions fell.

Il dit, et Satan ne s'arrête pas à lui répondre mais plein de joie que son océan trouve un r vage, avec une ardeur nouvelle et une force re nouvelée, il s'élance dans l'immense étendu comme une pyramide de feu : à travers le che des éléments en guerre qui l'entourent de toute parts, il poursuit sa route, plus assiégé et pl exposé que le navire Argo quand il passa le Bo phore entre les rochers qui s'entre-heurtent; pl en péril qu'Ulysse, lorsque d'un côté évitant Cha rybde, sa manœuvre le portoit dans un autr gouffre.

Ainsi Satan s'avançoit avec difficulté et u labeur pénible; il s'avançoit avec difficulté et la beur. Mais une fois qu'il eut passé, bientôt après quand l'homme tomba, quelle étrange altération le Péché et la Mort, suivant de près la trace d l'ennemi (telle fut la volonté du ciel), pavère un chemin large et battu sur le sombre abim dont le gouffre bouillonnant souffrit avec patien qu'un pont d'une étonnante longueur s'étend de l'enfer à l'orbe extérieur de ce globe fragil Les esprits pervers, à l'aide de cette communic tion facile, vont et viennent pour tenter ou pun les mortels, excepté ceux que Dieu et les sain anges gardent par une grâce particulière.

Mais enfin l'influence sacrée de la lumière con mence à se faire sentir, et des murailles du ciel

If that way be your walk, you have not far;
So much the nearer danger: go, and speed:
Havoc, and spoil, and ruin, are my gain. >>

He ceas'd; and Satan staid not to reply;
But, glad that now his sea should find a shore,
With fresh alacrity and force renew'd,
Springs upward, like a pyramid of fire,
Into the wild expanse; and through the shock
Of fighting elements, on all sides round
Environ'd, wins his way; harder beset
And more endanger'd, than when Argo pass'd
Through Bosphorus betwixt the justling rocks:
Or when Ulysses on the larboard shunn'd
Charybdis, and by the other whirlpool steer'd.
So he with difficulty and labour hard
Mov'd on, with difficulty and labour he;
But he once past, soon after, when man fell,
(Strange alteration!) Sin and Death amain
Following his track (such was the will of Heaven),
Pav'd after him a broad and beaten way
Over the dark abyss, whose boiling gulf
Tamely endur'd a bridge of wondrous length,
From Hell continued reaching th' utmost orb
Of this frail world; by which the spirits perverse
With easy intercourse pass to and fro
To tempt or punish mortals, except whom
God and good angels guard by special grace.

un rayon pousse au loin dans le sein de l'obscure nuit une aube scintillante : ici la nature commence l'extrémité la plus éloignée; le Chaos se retire, comme de ses ouvrages avancés; ennemi vaincu, il se retire avec moins de tumulte et moins d'hostile fracas. Satan, avec moins de fatigue, et bientôt avec aisance, guidé par une douteuse lumière, glisse sur les vagues apaisées, et comme un vaisseau battu des tempêtes, haubans et cordages brisés, il entre joyeusement au port. Dans l'espace plus vide ressemblant à l'air, l'archange balance ses ailes déployées, pour contempler de loin et à loisir le ciel empyrée : si grande en est l'étendue qu'il ne peut déterminer si elle est carrée ou ronde. Il découvre les tours d'opale, les créneaux ornés d'un vivant saphir, jadis sa demeure natale; il apercoit attaché au bout d'une chaîne d'or ce monde suspendu, égal à une étoile de la plus petite grandeur serrée près de la lune. Là Satan, tout chargé d'une pernicieuse vengeance, maudit et dans une heure maudite, se hâta.

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But now at last the sacred influence Of light appears, and from the walls of Heaven Shoots far into the bosom of dim Night A glimmering dawn: here Nature first begins Her farthest verge, and Chaos to retire As from her outmost works, a broken foe, With tumult less and with less hostile din; That Satan, with less toil, and now with ease Wafts on the calmer wave by dubious light; And, like a weather-beaten vessel, holds Gladly the port, though shrouds and tackle torn; Or in the emptier waste, resembling air, Weighs his spread wings, at leisure to behold Far off th' empyreal Heaven, extended wide In circuit, undetermin'd square or round, With opal towers and battlements adorn'd Of living sapphire, once his native seat; And fast by, hanging in a golden chain, This pendent world, in bigness as a star Of smallest magnitude close by the moon. Thither, full fraught with mischievous revenge, Accurs'd, and in a cursed hour, he hies.

BOOK III.

THE ARGUMENT.

GOD, sitting on his throne, sees Satan flying towards this

world, then newly created: shows him to the Son, who

l'espèce humaine. L'Éternel justifie sa justice et sa sagesse de toute imputation, ayant créé l'homme libre et capable de résister au tentateur. Cependant il déclare son dessein de faire grâce à l'homme, parce qu'il n'est pas tombé par sa propre méchanceté comme Satan, mais par la séduction de Satan. Le Fils de Dieu glorifie son Père pour la manifestation de sa grâce envers l'homme; mais Dieu déclare encore que cette grâce ne peut être accordée à l'homme si la justice divine ne reçoit satisfaction : l'homme a offensé la majesté de Dieu en aspirant à la divinité; et c'est pourquoi, dévoué à la mort avec toute sa postérité, il faut qu'il meure, à moins que quelqu'un ne soit trouvé capable de répondre pour son crime et de subir sa punition. Le Fils de Dieu s'offre volontairement pour rançon de l'homme. Le Père l'accepte, ordonne l'incarnation, et prononce que le Fils soit exalté au-dessus de tous, dans le ciel et sur la terre. Il commande à tous les anges de l'adorer. Ils obéissent, et chantant en chœur sur leurs harpes, ils célèbrent le Fils et le Père. Cependant Satan descend sur la convexité nue de l'orbe le plus extérieur de ce monde, où errant le premier, il trouve un lieu appelé dans la suite le limbe de vanité quelles personnes et quelles choses volent à ce lieu. De là l'ennemi arrive aux portes du ciel. Les degrés par lesquels on y monte décrits, ainsi que les eaux qui coulent au-dessus du firmament. Passage de Satan à l'orbe du soleil. Il y rencontre Uriel, régent de cet orbe, mais il prend auparavant la forme d'un ange inférieur, et prétextant un pieux désir de contempler la nouvelle création et l'homme que Dieu y a placé, il s'informe de la demeure de celui-ci : Uriel l'en instruit. Satan s'abat d'abord sur le sommet du mont Niphates.

III.

Salut, lumière sacrée, fille du ciel, née la première, ou de l'Éternel rayon coéternel! Ne puis

sat at his right hand, foretells the success of Satan in perverting mankind; clears his own justice and wisdom from all imputation, having created man free, and able enough to have withstood his tempter; yet declares his purpose of grace towards him, in regard he fell not of his own malice, as did Satan, but by him seduced. The Son of God renders praises to his Father for the manifestation of his gracious purpose towards man; but God again declares, that grace cannot be extended towards man without the satisfaction of divine justice: man hath offended the majesty of God by aspiring to Godhead, and therefore, with all his progeny devoted to death must die, unless some one can be found sufficient to answer for his offence, and undergo his punishment. The Son of God freely offers himself a ransom for man; the Father accepts him, ordains his incarnation, pronounces his exaltation above all names in Heaven and earth; commands all the angels to adore him; they obey, and, hymning to their harps in full quire, celebrate the Father and the Son. Meanwhile, Satan alights upon the bare convex of this world's outermost orb; where wandering he first finds a place, since called the Limbo of Vanity; what persons and things fly up thither; thence comes to the gate of Heaven, described ascending by stairs, and the waters above the firmament that flow about it; his passage thence to the orb of the sun; he finds there Uriel, the regent of that orb, but first changes himself into the shape of a meaner angel; and pretending a zealous desire to behold the new creation, and man whom God had placed here, inquires of him the place of his habitation, and is directed; alights first on mount Niphates.

III.

HAIL, holy Light! offspring of Heaven first-born, Or of th' Eternal co-eternal beam,

CHATEAUBRIAND.

TOME V.

14

je pas te nommer ainsi sans être blåmé? Puisque | breux, collines dorées du soleil, épris que je suis

Dieu est la lumière, et que de toute éternité il n'habita jamais que dans une lumière inaccessible, il habita donc en toi, brillante effusion d'une brillante essence incréée. Ou préfères-tu t'entendre appeler ruisseau de pur éther? Qui dira ta source? Avant le soleil, avant les cieux, tu étois, et à la voix de Dieu tu couvris, comme d'un manteau, le monde s'élevant des eaux ténébreuses et profondes, conquête faite sur l'infini vide et sans forme.

de l'amour des chants sacrés. Mais toi surtout, Sion, toi et les ruisseaux fleuris qui baignent tes pieds saints et coulent en murmurant, je vous visite pendant la nuit. Je n'oublie pas non plus ces deux mortels, semblables à moi en malheur (puissé-je les égaler en gloire!) l'aveugle Thamyris et l'aveugle Méonides, Tirésias et Phinée, prophètes antiques. Alors je me nourris des pensées qui produisent d'elles-mêmes les nombres harmonieux, comme l'oiseau qui veille chante dans l'obscurité : caché sous le plus épais couvert, il soupire ses nocturnes complaintes.

Ainsi avec l'année reviennent les saisons; mais le jour ne revient pas pour moi; je ne vois plus les douces approches du matin et du soir, ni la fleur du printemps, ni la rose de l'été, ni les trou

Maintenant je te visite de nouveau d'une aile plus hardie, échappé du lac Stygien, quoique longtemps retenu dans cet obscur séjour. Lorsque, dans mon vol, j'étois porté à travers les ténèbres extérieures et moyennes, j'ai chanté, avec des accords différents de ceux de la lyre d'Orphée, le Chaos et l'éternelle Nuit. Une muse cé-peaux, ni la face divine de l'homme. Des nuages leste m'apprit à m'aventurer dans la noire descente et à la remonter, chose rare et pénible. Sauvé, je te visite de nouveau, et je sens ta lampe vitale et souveraine. Mais toi tu ne reviens point visiter ces yeux qui roulent en vain pour rencontrer ton rayon perçant, et ne trouvent point d'aurore, tant une goutte sereine a profondément éteint leurs orbites, ou un sombre tissu les a voilés. Cependant je ne cesse d'errer aux lieux fréquentés des Muses, claires fontaines, bocages om

May I express thee unblam'd? since God is light,
And never but in unapproached light
Dwelt from eternity, dwelt then in thee,
Bright effluence of bright essence increate.
Or hear'st thou rather pure ethereal stream,
Whose fountain who shall tell? Before the sun,
Before the heavens thou wert, and at the voice
Of God, as with a mantle, didst invest
The rising world of waters dark and deep,
Won from the void and formless infinite.
Thee I revisit now with bolder wing,
Escap'd the Stygian pool, though long detain'd
In that obscure sojourn; while in my flight
Through utter and through middle darkness borne,
With other notes than to th' Orphean lyre,
I sung of Chaos and eternal Night;
Taught by the heavenly muse to venture down
The dark descent, and up to reascend,
Though hard and rare : thee I revisit safe,
And feel thy sovran vital lamp; but thou
Revisit'st not these eyes, that roll in vain
To find thy piercing ray, and find no dawn;
So thick a drop serene hath quench'd their orbs,
Or dim suffusion veil'd.

Yet not the more
Cease I to wander where the Muses haunt,
Clear spring, or shady grove, or sunny hill,

et des ténèbres qui durent toujours, m'environ-
nent. Retranché des agréables voies des humains,
le livre des belles connoissances ne me présente
qu'un blanc universel, où les ouvrages de la nature
sont effacés et rayés pour moi : la sagesse à l'une
de ses entrées m'est entièrement fermée.

Brille donc d'autant plus intérieurement, ô cé-
leste lumière! que toutes les puissances de mon
esprit soient pénétrées de tes rayons! mets des
yeux à mon âme, disperse et dissipe loin d'elle
Smit with the love of sacred song; but chief
Thee, Sion, and the flowery brooks beneath,
That wash thy hallow'd feet, and warbling flow,
Nightly I visit; nor sometimes forget
Those other two equall'd with me in fate,
So were I equall'd with them in renown,
Blind Thamyris and blind Mæonides,
And Tiresias and Phineus, prophets old:
Then feed on thoughts, that voluntary move
Harmonious numbers; as the wakeful bird
Sings darkling, and in shadiest covert hid,
Tunes her nocturnal note.

Thus with the year
Seasons return, but not to me returns
Day, or the sweet approach of even or morn,
Or sight of vernal bloom, or summer's rose,
Or flocks, or herds, or human face divine;
But cloud instead, and ever-during dark
Surrounds me, from the cheerful ways of men
Cut off, and for the book of knowledge fair
Presented with a universal blank

Of nature's works, to me expung'd and ras'd,
And wisdom at one entrance quite shut out.

So much the rather thou, celestial Light,
Shine inward, and the mind through all her powers
Irradiate; there plant eyes, all mist from thence
Purge and disperse, that I may see and tell

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