La terre sans culture éprouve nos revers; La faux se change en glaive,& nos champs sont déserts. Le Danube & le Rhin sont couverts de carnage. Fin du Livre premier. 118 NOTES ET REMARQUES I.. SUR LE PREMIER LIVRE. VIRGILE réunit dans son invocation toutes les Divinités qui président aux différentes productions de la terre, & à leur culture. Ce début est plein de pompe & de feu. Une magnifique apostrophe à Auguste en est la continuation. 2. La dispute de Neptune & de Minerve produisit le cheval & l'olivier. 3. Aristée, fils de Cyrène & d'Apollon.... Virgile ne le nomme point; il le désigne d'une manière assez vague. Cultor nemorum... Il est appellé par Hésiode, Apollon pastoral. Les Arcadiens qui croyoient lui devoir la réproduction des abeilles, le révéroient comme un Dieu. 4. Pan étoit le défenseur, le gardien des troupeaux : Ovium custos. On le surnomoit Lycus, du mot grec Aukos, parce qu'il donnoit la chasse aux loups. 5. Montagne d'Arcadie. 6. Sylvain avoit aimé passionnément un jeune homme appellé Cyparissus, qui fut changé par les Dieux en Cyprès. Ovide, dans le dixième livre des Métamor NOTES ET REMARQUES SUR LE LIV. I. 119 phoses, met les amours de Cyparissus sur le compte d'Apollon. 7. Osiris ou Triptolème, selon les Commentateurs. L'un & l'autre présidoit au labourage. Mais les expressions de Virgile ne conviennent nullement à Osiris. Ces mots Uncique puer monstrator aratri, ne peuvent s'appliquer qu'à Triptolème, que Cérès rendit immortel dès le berceau en le nourrissant de lait divin pendant le jour, & le mettant durant la nuit sous la cendre & sous les charbons. Elle lui donna un char tiré par des dragons, sur lequel il parcourut l'Univers. Il inventa la charrue & apprit aux hommes à labourer. Ovide a pareillement dit de lui: Primus arabit Et seret, & cultă præmia tollet humo. Fast. lib. 4. 8. On accuse ici Virgile d'avoir outré la flatterie. Ce reproche s'évanouira, si l'on fait attention qu'Auguste reçut de son vivant les honneurs divins en Italie, & dans la plupart des provinces. Pardonnons aux beauxesprits de ce tems-là les hommages sans doute excessifs qu'ils rendoient à leur protecteur. Les Augustes sont si rares! On a aussi reproché à Virgile dans ce même endroit d'avoir fait un compliment désagréable à l'Empereur: parler d'apothéose à un Prince, c'est lui annoncer la mort. Quelle objection! Ne dit-on pas à un grand Roi qu'il sera le modèle de ses successeurs, que son nom vivra dans l'histoire, que la postérité s'entretiendra de ses vertus, de ses hauts faits? Tout cela cependant ne peut arriver qu'après sa mort, & la suppose nécessairement. Le père Catrou, frappé de ce prétendu défaut, s'est mis à la torture pour le corriger. 9. C'est un de ces endroits du texte qui ont fait dire à Servius que les difficultés qu'on trouve dans les Géorgiques en petit nombre, selon lui, sont d'une autre espèce que celles qui se présentent fréquemment dans l'Enéïde. Il n'y a point ici d'obscurité dans la chose, puisqu'il s'agit d'un précepte évident, incontestable; mais il y en a dans l'expression. Que signifieroit la traduction littérale de ce vers : Bis quæ solem, bis frigora sensit; une terre, un champ qui a deux fois senti le soleil & le froid? Virgile n'a pas exprimé nettement sa pensée. Il s'est rendu obscur pour être plus concis. On ne peut bien entendre ce vers sans avoir recours au sens d'analogie & de rapport. Ce qui le précède immédiatement en est le commentaire. Le Poëte invite les cultivateurs à commencer le labourage de leurs terres dès les premiers jours du printems. Ce qu'il ajoute du chaud & du froid, signifie qu'on doit labourer ses champs plusieurs fois depuis la fin de l'hiver jusqu'aux tems des semailles, pour que la chaleur douce du printems, les ardeurs de l'été, les nuits froides de l'automne agissent successivement sur un terrein que des labours multipliés rendent plus accessible aux impressions de l'air & des vents, aux effets du chaud, du froid, de la pluie. La terre ainsi préparée à différentes reprises & en différentes saisons en est beaucoup plus féconde. Les laboureurs ordinaires n'ont qu'une routine bornée dont le succès est toujours médiocre. Les bons cultivateurs ne comptent point avec leur champ. Prodiguez vos travaux; il prodiguera ses fruits. 10. Les éléphans de l'Inde surpassent de beaucoup en force, en grandeur & en beauté ceux de la Lybie. Diod. de Sicile, liv. II. 11. Lisez dans le même auteur la description de l'Arabie heureuse. Les habitans de cette contrée ne se chauffent que de bois odorans & aromatiques. Suivant Pline, ils n'emploient pour la cuisson de leurs viandes que le bois qui produit la myrrhe & l'encens. 12. C'est le moyen le plus sûr d'avoir d'abondantes moissons. Depuis que dans plusieurs provinces de France on ensemence les terres tous les ans, tantôt de froment, tantôt de bled de Turquie, vulgairement appellé gros millet, on ne connoît plus ces récoltes prodigieuses qui se faisoient autrefois. L'extrême pauvreté des habitans de la campagne a causé ce changement dans la culture des terres. Les récoltes sont communé |