Un grand vent nous menace, évitons son effort. Mais si vous entendez la foudre vers le nord, A l'aurore, au couchant, si le tonnerre gronde, C'est alors que le ciel de ses flots nous inonde. Le Nautonnier soustrait sa voile à leur torrent; Le signal de l'orage est toujours apparent. La grue a pris l'essor, & quitte les vallées ; Par un instinct secret les genisses troublées, En regardant le ciel ont ouvert leurs nazeaux; L'hirondelle parcourt la surface des eaux, La grenouille croasse, & pour ses œufs tremblante, La fourmi porte ailleurs sa famille naissante. L'arc éclatant d'Iris boit la vapeur des mers 2"; Les corbeaux de leur vol obscurcissent les airs. Les oiseaux dont Neptune entend les cris sauvages, Et ceux qui des étangs habitent les rivages, Se débattent dans l'onde, y font de vains efforts, Lui présentent sans crainte & la tête & le corps ; Ils se frappent le dos de leur aîle humectée. Sur des bords sabloneux la corneille écartée, Semble apporter la pluie, & court le long des eaux; Le soir la jeune esclave, en tournant ses fuseaux, La devine aux tumeurs que l'huile pétillante Forme sur le sommet d'une mêche gluante.
Nec minùs ex imbri soles & aperta serena Prospicere & certis poteris cognoscere signis. Nam neque tum stellis acies obtusa videtur, Nec fratris radiis obnoxia surgere Luna; Tenuia nec lanæ per cælum vellera ferri. Non tepidum ad solem pennas in littore pandunt Dilectæ Thetidi alcyones; non ore solutos Immundi meminêre sues jactare maniplos; At nebulæ magis ima petunt, campoque recumbunt; Solis & occasum servans, de culmine summo Nequicquam seros exercet noctua cantus : Apparet liquido sublimis in aëre Nisus, Et pro purpureo pœnas dat Scylla capillo; Quàcumque illa levem fugiens secat æthera pennis, Ecce inimicus atrox magno stridore per auras Insequitur Nisus; quà se fert Nisus ad auras, Illa levem fugiens raptim secat æthera pennis.
Tum liquidas corvi presso ter gutture voces 'Aut quater ingeminant ; & sæpe cubilibus altis, Nescio quâ præter solitum dulcedine læti, Inter se foliis strepitant: juvat, imbribus actis, Progeniem parvam dulcesque revisere nidos.
Haud equidem credo quia sit divinitus illis Ingenium, aut rerum fato prudentia major.
Les beaux jours ont aussi divers avant-coureurs.
Chaque étoile répand de plus vives lueurs; Phébé nous éblouit des feux de son visage; De ses floccons errans l'air plus pur se dégage. Le soleil ne voit point les tendres alcyons Etendre sur les flots leur aîle à ses rayons, Et l'immonde animal que le gland rassasie, Fait grace au chaume infect dont sa couche est remplie. Les nuages sont bas, & l'ombre du couchant Des oiseaux de la nuit n'éveille plus le chant. Nisus 27 du haut des airs sur sa fille s'élance; D'un cheveu trop fatal il tire encor vengeance. Scylla fuit, Nisus presse, il la suit en tous lieux; Mais son vol plus léger la dérobe à ses yeux.
Les corbeaux sur un arbre agitent le feuillage; Vous diriez que la joie adoucit leur ramage; La fin de la tempête & l'amour de leurs nids A dissipé l'effroi qui les avoit bannis.
Non qu'à des animaux la puissance divine Ait appris l'art sacré qui présage ou devine;
Verùm ubi tempestas & cæli mobilis humor Mutavêre vias, & Jupiter humidus Austris Densat erant quæ rara modo, & quæ densa relaxat, Vertuntur species animorum, & pectora motus Nunc alios, alios, dum nubila ventus agebat, Concipiunt, hinc ille avium concentus in agris, Et lætæ pecudes, & ovantes gutture corvi.
Si verò Solem ad rapidum Lunasque sequentes Ordine respicies, numquam te crastina fallet Hora, neque insidiis noctis capiére serenæ. Luna revertentes cùm primùm colligit ignes, Si nigrum obscuro comprenderit aëra cornu, Maximus agricolis pelagoque parabitur imber. At si virgineum suffuderit ore ruborem, Ventus erit: vento semper rubet aurea Phœbe. Sin ortu in quarto (namque is certissimus auctor) Pura, neque obtusis per cælum cornibus ibit ; Totus & ille dies, & qui nascentur ab illo, Exactum ad mensem pluviâ ventisque carebunt; Votaque servati solvent in littore nautæ Glauco, & Panopeæ, & Inoo Melicertæ.
Sol quoque & exoriens, & cùm se condit in undas, Signa dabit. Solem certissima signa sequuntur, Et quæ mane refert, & quæ surgentibus astris.
Mais dans le cours trompeur des saisons & des tems, Si du froid & du chaud les degrés inconstans, Si les vents orageux que les mortels essuyent, Condensent tour-à-tour l'air ou le raréfient, Par ce choc d'élémens dont le ciel est troublé, Des foibles animaux l'organe est ébranlé. De-là ces chants divers, ces courses incertaines Des oiseaux dans les bois, des troupeaux dans les plaines
La lune & le soleil ont pour le lendemain, Dans leur marche diverse un indice certain. Jamais brillante nuit n'amena de jour sombre. Si le nouveau croissant perd ses rayons dans l'ombre, Et d'une clarté pâle illumine les airs, La pluie alors menace & la terre & les mers. Eole soufflera, lorsque dans sa carrière Phébé d'un rouge obscur a terni sa lumière. Son quatrième jour ne nous trompe jamais; Si nulle tache enfin n'en émousse les traits, Les jours qui le suivront, à l'imiter dociles, Jusqu'à la fin du mois seront secs & tranquiles; Les Matelots sauvés auront un cours heureux, Et sur la rive assis acquitteront leurs vœux.
Quand le soleil se lève, ou qu'il rentre dans l'onde, Des jours qu'il nous prépare il avertit le monde,
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