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sonne donne de la dignité à la pensée. Ecoutez Didon sur le point de se donner la mort:

Sed moriamur, ait. V.

Moriamur inultæ,

Déjanire se reprochant sa douleur :

Flemus 1, ait? 0.

Quid autem

2o Avec un nom collectif on peut, surtout en poésie, mettre le verbe au pluriel:

Pars ingentem formidine turpi

Scandunt rursus equum, et notâ conduntur in alvo. V.

Spernebant generos inopes vicinia dives. O.

Jussa dei prudens postquam accepere senatus. O.

Bellatrix sedére cohors. ST.

On trouve même quelquefois un verbe au pluriel à côté d'un autre au singulier:

Undique visendi studio Trojana juventus
Circumfusa ruit, certantque illudere capto.
Pars stupet innuptæ donum exitiale Minervæ,
Et molem mirantur equi. V.

At genus e silvis Cyclopum et montibus altis
Excitum ruit ad portus, et littora complent. V.

1. On trouve assez souvent dans Ovide et les autres poëtes élégiaques, mais rarement dans Virgile, le pluriel joint au singulier, tant pour le verbe que pour le pronom. Ex.:

Pisa mihi patria est, et ab Elide ducimus ævum. O.

Este mei memores (nihil ultrà lingua precari

Sustinet), et longo facité ut memoremur in ævo. O.

Jam mihi per rupes videor lucosque sonantes
Ire... tanquam hæc sit nostri medicina doloris. V.

Me modo laudabas, et carmina nostra legebas. PROP.
Irasci nostro non debes, Cerdo, libello:

Ars tua, non vita est carmine læsa meo. M.

3o On peut laisser le verbe au singulier avec deux ou plusieurs sujets, même quand l'un serait pluriel, pourvu que le sujet auquel on fait rapporter le verbe soit au singulier:

Et genus, et virtus, nisi cum re, vilior algâ est. H.

Si fortunatum species, et gratia præstat. H.

Cæruleæ cui terga notæ, maculosus et auro
Squamam incendebat fulgor. V.

Est Amathus, est celsa mihi Paphos atque Cythera,
Idaliæque domus. V.

Quem juvat clamor, galeæque læves. H.

Horace semble dans ce cas employer le singulier de préférence,

CHAPITRE VII.

CHANGEMENTS DE L'ADVERBE.

Il faut exclure, autant que possible, les adverbes de la poésie, surtout ceux qui sont formés de la seconde déclinaison, et qui se terminent en è ou en ò, comme tarde, crebrò. Les adverbes qui finissent en er, comme flebiliter, les neutres pris adverbialement, comme dulcè, raucùm, torvà, et les comparatifs, comme seriùs, molliùs, peuvent être admis:

Non secus ac liquidâ si quando nocte cometæ
Sanguinei lugubrè rubent. V.

Hæret inexpletùm lacrimans. V.

Sic hostile tuens fratrem. ST.

Respondent flebilè ripæ. 0.

Insuetà rudentem

Desuper Alcides telis premit. V.

L'adverbe se remplace élégamment par un adjectif qu'on fait rapporter tantôt au sujet, tantôt au régime:

Solvite vela citi. V.

pour citò.

Creber utrâque manu pulsat versatque Dareta. V.

pour crebrò.

Nec minùs Æneas se matutinus agebat. V.

Hanc matutinos pectens ancilla capillos

Excitet. 0.

pour manè1.

1. Voyez De l'Hypallage, ch. XIII, p. 72.

CHAPITRE VIII.

CHANGEMENTS DES CONJONCTIONS.

Nous ne pouvons passer en revue toutes les conjonctions; mais nous présenterons quelques remarques sur les plus usitées.

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1° Et, ac, atque, que. Ces conjonctions sont souvent répétées d'une manière toute poétique, comme dans les exemples suivants :

Regemque dedit, qui fœdere certo

Et premere et laxas sciret dare jussus habenas. V.
O qui res hominumque deûmque

Æternis regis imperiis. V.

Littoraque et vacuos sensit sine remige portus. V.

Atque deos atque astra vocat crudelia mater. V.

Voici plusieurs de leurs synonymes les plus fré

quents:

Nec non galbaneos suadebo incendere odores. V.

Cum stabulis armenta trahit. V.

Armeniæ tigres, iracundique leones,

Cumque lupis ursi. O.

Et Metus, et malesuada Fames, ac turpis Egestas,
Terribiles visu formæ, Letumque, Labosque,

Tum consanguineus Leti Sopor. V.

Mactat lectas de more bidentes

Evandrus pariter, pariter Trojana juventus. V.
Corpusque simul, simul elue crimen. O.

On trouve très-souvent dans les poëtes aut ou ve signifiant et:

Tectusque recusat

Prodere voce suâ quemquam, aut opponere morti. V.
Quò molem hanc immanis equi statuêre? quis auctor?
Quidve petunt? V.

Non hæc tibi littora suasit

Delius aut Cretæ considere jussit Apollo. V.

Quò, quò, scelesti, ruitis? aut cur dexteris
Aptantur enses conditi? H.

La conjonction et peut être remplacée par un ou plusieurs mots que l'on répète :

Regales accensa comas, accensa coronam. V.
Cedite Romani scriptores, cedite Graii. PROP.
Hæc tibi prima dies, hæc tibi summa fuit. O.
Littore ab Euxino Nasonis epistola veni,
Lassaque facta mari, lassaque facta viâ. 0.
Sit tibi cura meî, sit tibi cura tuî. 0.

Dat mare, dant amnes, dat tibi terra viam. O.

2° Nec.

ou ve :

Ce mot est souvent remplacé par aut

Non mihi Tyndaridis facies invisa Lacænæ,

Culpatusve Paris. V.

Nec ulla requies, tempus aut ullum datur. SEN.

La poésie emploie et ou que à la place de nec: alors la négation placée en tête du premier membre domine la phrase tout entière 1:

Neque eum juvere in vulnera cantus

Somniferi, et Marsis quæsitæ in montibus herbæ. V.

Nec solos tangit Atridas

Iste dolor, solisque licet capere arma Mycenis. V.

1. Cette synonymie est fréquente dans Lucain :

Non tam cæco trahis omnia cursu,

Teque nihil, Fortuna, pudet.

C'est-à-dire, Nec nihil (et aliquid) te, Fortuna pude!, Et tu as quelques égards; quelques considérations te retiennent.

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