Page images
PDF
EPUB

9° L'espèce pour le genre:

Aut, ubi navigiis violentior incidit Eurus. V.

c'est-à-dire ventus.

Piscium et summâ genus hæsit ulmo,

Nota quæ sedes fuerat columbis. H.

c'est-à-dire arbore, avibus.

10° Le genre pour l'espèce :

At frigida Tempe,

Mugitusque boum, mollesque sub arbore somni

Non absunt. V.

La vallée de Tempé, pour dire une vallée délicieuse

Velut inter ignes

Luna minores. H.

c'est-à-dire sidera.

11o La matière dont une chose est faite pour la chose même :

Ere ciere viros, martemque accendere cantu. V. c'est-à-dire tubâ.

Hæret lateri letalis arundo. V.

c'est-à-dire sagitta.

Agrestem tenui meditabor arundine musam. V.

c'est-à-dire fistulâ.

Fulvum mandunt sub dentibus aurum. V.

c'est-à-dire frenum.

Tota licèt veteres exornent undique cera
Atria. J.

c'est-à-dire effigies.

Tous ces changements, à l'exception des deux premiers, rentrent dans les deux figures connues sous le nom de métonymie et de synecdoque. Elles sont d'un usage perpétuel en poésie.

12° Un substantif de qualité se change quelquefois en un substantif de personne, de cette manière :

Parent promissis, dissimulantque deos. 0.

Vultuque deam confessa, recessit. V.

c'est-à-dire divinitatem.

Mentiris juvenem tinctis, Lentine, capillis. M. c'est-à-dire juventam.

Indue mente patrem. CL. c'est-à-dire paternos sensus.

Dedidicit jam pace ducem. L. c'est-à-dire ducis munia.

13° Quelquefois encore on peut remplacer un substantif par un verbe à l'infinitif ou au gérondif :

Au lieu de

Lacrimarum pudet.
Mortem optare
Memoriam horreo
Dulces querela (sunt).

Dignus vita.

on pourra dire

flere pudet.

velle mori.

meminisse horret.

dulce queri.

dignus vivere ou qui vivat.

Au lieu de medendi, qu'on voit dans le vers sui

vant :

Scire potestates herbarum, usumque medendi. V.

une matière de vers pourrait donner medicinæ.

Forsitan et, pingues hortos quæ cura colendi

[blocks in formation]

14° Enfin le substantif se remplace par un verbe à l'indicatif, de cette manière :

Ut sibi committat quidquid dolet. 0.

au lieu de dolores.

Fas odisse viros, atque omnia ferre sub auras,
Si qua tegunt. V.

au lieu de arcana.

Ne dubita dabitur (Stygias juravimus undas
Quodcumque optaris. 0.

au lieu de optata (dabuntur).

CHAPITRE IV.

CHANGEMENTS DANS LES NOMBRES

ET DANS LES CAS.

I. CHANGEMENTS DANS LES NOMBRES.

1o On emploie fréquemment en poésie le pluriel pour le singulier. Ainsi Virgile dit:

Sæcula ?

Que te tam læta tulerunt

au lieu de sæculum.

Et patrios fœdâsti sanguine vultus. V.

au lieu de vultum.

Quos illi fors ad pœnas ob nostra reposcent
Effugia. V.

au lieu de effugium.

Sanguine quærendi reditus. V.

au lieu de quærendus reditus.

Ante exspectatum portus tenuere petitos. 0. au lieu de portum.

Cependant il faut user avec discrétion de cette liberté. On ne mettra pas aura, ferra, pour aurum, ferrum, ni patres, matres, au lieu de pater, mater. L'usage et le goût doivent ici servir de guides'.

1. Horace dit, en parlant d'Icare: Vitreo daturus nomina ponto; et Ovide dans la même circonstance: Icarus et vasta nomina fecit aquæ. Ce poëte fait un fréquent usage de nomen au pluriel. Martial a mis de même, sancta Maronis nomina. Ovide emploie souvent corpora pour corpus; il remplace, comme le font aussi Horace et Virgile, flumen par flumina, fluenta; il dit: sidera solis, et Virgile, Titania astra. Nous citerons encore: Clypeum Didumaonis artes, specus spiracula Ditis, Pallantis umbris (VIRG.); lactis, alimenta, clypeum gestamina dextræ, tuum, mea crimina, vulnus, Cancri signa rubescunt, judiciis ossa verenda meis, Remi umbris (Ov.). Le pluriel semble forcé dans cet exemple de Stace: redeunt in pectora sexus.

Remarque. Souvent un pluriel s'emploie fort heureusement pour le singulier, quand le poëte veut agrandir son idée par l'expression. Virgile, faisant l'éloge de l'Italie, dit qu'elle a produit

Decios, Marios, magnosque Camillos.

Junon se plaint de ce qu'Enée vient ravir Lavinie à l'époux qui lui était destiné:

Quid soceros legere, et thalamis abducere pactas! V.

Latinus annonce que les dieux lui envoient, d'une contrée étrangère, un gendre illustre :

Externi veniunt generi, qui sanguine nostrum

Nomen in astra ferent. V.

2o Le singulier s'emploie souvent pour le pluriel :

Uterumque armato milite complent. V.

Sectaque intexunt abiete costas. V.

Fronde premit crinem fingens. V.

Arboris1 Othrys erat. 0.

Mollique fluentem

Nudus

II. CHANGEMENTS DANS LES CAS.

1o Les poëtes latins, à l'exemple des Grecs, mettent élégamment, aprés certains adjectifs, le nom de la matière, de la partie, de la manière, de l'instrument, au génitif, lorsque la prose demanderait l'ablatif. Ainsi on trouve dans Virgile Fessi rerum, fidens, victus, furens, dubius animi, ævi maturus, læta laborum, dives opum, trunca pedum (animalia), etc.; dans Ovide: Felicem studiique locique,

1. Le même poëte dit, d'une manière peut-être un peu hasardée : Plenos flore referte sinus; arbitrium tu, dea, floris habe.

« PreviousContinue »