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autant celles du caractère et du cœur lui attachaient, étroitement et pour toujours, ceux qui avaient le bonheur de le connaître. Des amis tels que lui ne se remplacent pas : ils laissent après eux un vide définitif et un indestructible souvenir. Ce vide, nous le mesurons aujourd'hui, ce souvenir ne nous quittera plus.

En rendant à la mémoire de notre cher collègue un hommage d'affection et de reconnaissance, nous nous associons de toute notre peine à la douleur des siens. Que sa compagne si digne de le comprendre, et dont l'admirable dévouement, n'ayant pu vaincre le mal impitoyable, lui en a du moins jusqu'au bout adouci les atteintes, que ses enfants et sa famille nous permettent de leur adresser ici, avec l'assurance de notre sympathie profonde, l'expression émue de nos poignants regrets.

G. H.

Conformément à la volonté exprimée par Édouard Weisgerber, son corps a été incinéré, le 7 mars, au four crématoire du Père-Lachaise. Nous donnons ici l'allocution de M. d'Échérac, président de notre Association, allocution qu'une circonstance imprévue l'a empêché de pro

noncer:

« Au nom de l'Association française pour l'enseignement des sciences anthropologiques, j'adresse un suprême adieu au collègue qui nous quitte. << Il était de ces rares esprits scientifiques qui se gardent de tous les mirages et recherchent passionnément toutes les voies qui conduisent à la vérité. Les hautes études qui avaient, presque exclusivement, absorbé sa jeunesse et auxquelles il devait la situation prépondérante qu'il occupait dans son corps, n'étaient pas suffisantes à son gré pour satisfaire pleinement son intelligence obstinément curieuse.

<< Le philosophe qui se cachait sous le savant mathématicien s'était vite rendu compte que les sciences naturelles sont seules capables de provoquer l'affranchissement intégral et absolu de l'esprit. Et il avait aussi compris du même coup que les sciences anthropologiques marchent en tête de ces libératrices. C'est pourquoi nous l'avions vu venir parmi nous.

<«< Il faut un long temps et de persévérants efforts pour chasser du cerveau, même le mieux organisé, les chimères dont l'encombre l'éducation que nous avons tous reçue. L'enseignement dogmatique, quelque atténué qu'il soit, laisse en nous des traces profondes; et ce n'est pas sans peine qu'on arrive à lui substituer le culte purement humain de la raison, de la justice, de la sagesse et de la vérité.

<< Celui qui poursuit un tel but ne doit pas s'enfermer dans le dangereux isolement de sa pensée inquiète, car, pour y atteindre complètement, il ne peut guère se passer du secours de ses aînés. C'est ce qu'avait compris Weisgerber.

<< Il connaissait les tendances de notre École. Il la savait dominée par un esprit libre, purement et exclusivement scientifique, par cet esprit qui, nous l'espérons fermement, ne tardera pas à devenir la base inébranlable de la morale universelle et définitive. Ce qu'on y enseigne, c'est-à-dire l'en

semble des faits de toute nature qui aboutissent à la connaissance de l'homme, avait exercé sur lui une puissante attraction. Aussi, se fit-il tout de suite un des auditeurs les plus assidus de nos cours. Malgré les lourds devoirs de sa charge, il les suivit, sans interruption, pendant plusieurs années, et fut ainsi l'un des amis les plus intimes et les plus précieux de la maison.

<< Il nous avait tous conquis par la finesse de son esprit, la sagacité de ses jugements, sa douce cordialité et sa grande bonté.

« Un jour vint cependant où, sans déserter notre groupe, il n'y reparut plus que de loin en loin. C'est que déjà sa santé déclinait et qu'il n'avait plus assez de force pour en distraire une partie de l'accomplissement de ses devoirs professionnels. Ce fut pour tous un véritable chagrin. Mais sa pensée ne nous quittait pas et je viens d'apprendre qu'elle se porta vers nous jusqu'à son dernier soupir.

<< Cela crée entre Weisgerber et notre Association des liens qui se prolongeront par delà le tombeau. Car nous sommes aussi de ceux qui n'oublient pas. Et le fidèle compagnon, le savant collaborateur, l'intime et noble ami qu'il fut pour nous prendra désormais, dans notre cœur, la place qu'il mérite d'y occuper parmi les meilleurs de ceux que la mort, hélas, a déjà semés dans le sillon funèbre. >>

Le Directeur de la Revue,
G. HERVÉ.

Le Gérant, FÉLIX ALCAN.

Coulommiers. Imp.. PAUL BRODARD.

Capitan. Tombeaux d'Abydos.

Pl. I.

Pointes de flèches en silex trouvées par M. Amélineau dans les tombeaux archaïques d'Abydos (Egypte). [Légèrement agrandies (d'un sixième).]

Félix Alcan, éditeur.

Inp. Paul Brodard.

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Couteaux en silex trouvés par M. Amélineau dans les tombeaux archaïques d'Abydos (Egypte). [3/5 gr. nat.]

Félix Alcan, éditeur.

Imp. Paul Brodard.

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