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LA BARONNE.

Et vous, ayez pitié de moi, et ne m'ennuyez point par un long discours.

M. PINCÉ.

Je serai bref.. Il est arrivé ici, depuis peu, un rare personnage, qui a une mine très-vénérable. Le peuple l'appelle Astrologue, Magicien, Négromancien, sorcier, Devin, Diseur de bonne-aventure...

LA BARONNE, l'interrompant.

Laissons-là ses titres. A quoi voulez-vous en venir?

M. PINCÉ.

Encore une fois, Madame, ayez la bonté de m'écouter... Or cet homme prétend être fort profond dans les sciences occultes. Le bruit que notre tambour noctambule fait ici l'y a attiré; et il se vante, non-seulement de parler aux Esprits, mais même d'avoir l'art de les chasser des maisons où ils reviennent.

LA BARONNE.

De bonne foi! M. Pincé, me croyez-vous assez simple pour donner dans de pareilles charlataneties? Cela ne peut être d'aucune utilité.

M. PINCÉ.

Cela ne peut nous faire aucun mal.

LA BARONNS. LA BARONNE.

Je suis sûre que vous-même, vous n'ajoutez pas foi aux discours de ce prétendu Devin ?

M. PINCÉ.

Je ne voudrois pas les garantir, mais je ne vois aucun danger à en faire l'experience. Assayez cet homme-là. S'il réussit, nous voilà délivrés de l'Esprit; s'il ne réussit point, nous ne laisserons pas de publier qu'il l'a chassé; et ce bruit fuffira pour nous défendre de cette affluence de curieux qui nous assassinent, et qui nous jertent dans une dépense excessive. Ainsi, de Inaniere ou d'autre, ce que je vous propose ne peut tourner qu'à votre avantage.

LA BARONNI.

Oh! pour cette fois-ci, vous parlez raison, et vous me persuadez.. Mais où est ce Magicien, ou ce Devin, comme il vous plaira? Je ne sais ce que cela signifie, mais je me sens tout-d'un coup une vive impatience de le voir. Je crois que je m'en trouverai bien.

M. PINCÉ, riant.

Je le crois aussi, hi! hi! hi! hi!.... Je viens de lui parler; il est sorti pour un moment, et doit venir me trouver dans ma chambre, où je vais l'attendre.... Vous noterez, s'il vous plaît, qu'il n'exige de vous aucune récompense qu'après que son entreprise aura réussi.

E

LA BARONNE,

Voilà une circonstance qui me rend presque aussi crédule que vous. Je commence à me flatter que je pourrai faire un bon usage de cet homme-là. Je vous assure que, s'il est aussi habile qu'il se vante de l'être, je lui rendrai bien le plaisir qu'il me fera. Allez, et me l'amenez au plutôt. Je vais faire deux ou trois tours dans mon petit jardin, et vous me trouverez ici.

M. PINCÉ.

Je pars, ma très-honorée Dame, pour mettre vos ordres en exécution.

(Ils sortent, l'un d'un côté, l'autre de l'autre. )

Fin du second Acte.

ACTE III.

SCENE PREMIERE.

Madame CATAU, seule.

R LAISONNONS un peu, à part-moi. Pousserai-je mon entreprise jusqu'au bout? Voyons.... Ou je gagnerai mille écus, ou je ne les gagnerai point. Si je les gagne, ma fortune est faite; si je ne les gagne point, j'ai une corde à mon arc pour mon établissement. Il y a long-tems que notre vieux Intendant me fait les doux yeux. Il s'est refroidi, depuis quelques années; je veux réchauffer sa passion et m'assurer de lui Il a fait sa main je n'ai pas mal fait la mienne, et si nous joignons ensemble les fruits de notre industrie, nous formerons une bonne maison !... Enfin, de maniere ou d'autre, je suis résolue de faire une fin. Il y a trop long-tems que je suis fille, et il me faut un mari pour m'ôter ce titre ennuyeux.

1

Vo

SCENE II.

LE MARQUIS, Madame CATAU.

LE MARQUIS.

OICE l'occasion que je cherche, depuis longtems. Je te trouve seule, et je veux profiter du moment.... (Voulant l'embrasser.) Allons, embraffonsnous, pour nous réconcilier.

Madame CATAU.

Ah! vraiement. j'ai des affaires bien plus pressées !

LE MARQUIS, essayant de l'embrasser, malgré elle.

Ou je t'embrasserai, ou tu m'embrasseras; choisis.

Madame CATAU, le repoussant.

Ni l'un, ni l'autre.... Ah! fi donc, point de jeux de main, M. le Marquis!

LE MARQUIS.

Parbleu! tu fais autant de façons que si tu n'avois que quinze ans !... Je vais gager que tu es trop sage pour l'être toujours!

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