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Je sais bien que, toujours circonspecte et sévere, Votre vertu vous tient soumise à votre pere: Consentez-y, Madame, et je vais lui parler.

JULIE, d'un air froid.

Vous le pouvez, Monsieur.

LE COMTE.

Mais, sans dissimuler,

Si je puis obtenir que le Baron prononce

En ma faveur....

JULIE, l'interrompant.

Pour lors, je vous ferai réponse.

LE COMTE.

Cela suffit, Madame; et je n'oublîrai rien,
Comptant sur votre aveu pour obtenir le sien.

(Il sort.)

Ан

SCENE X.

JULIE, FINETTE.

JULIE, en souriant.

H! s'il peut l'obtenir, je consens qu'il m'épouse... Le perfide!

FINETTE.

Après tout, n'êtes-vous point jalouse

De Cidalise ?

JULIE, en riant.

Moi? non, Finette, à coup sûr !

FINETTE.

Un congé, cependant, est un morceau bien dur! Au fond, j'en suis piquée, et j'en rougis de honte!

JULIE,

Moi, j'en ris, de bon cœur !... C'est un des tours du

Comte.

FINETTE.

Mais, enfin, si Cléon....

JULIE, l'interrompant.

Dès que je le voudrai,

En esclave, à mes pieds, je le rappelerai.

Tel est de la vertu l'ascendant légitime.

L'amour est tout-puissant s'il regne avec l'estime.

FINETTE, ouvrant l'écrin.

En tous cas, nous avons de quoi nous soutenir.

JULIE.

Allons chercher mon pere. Il faut le prévenir Sur les offres du Comte, et dicter sa réponse, Qui doit être pesée avant qu'il la prononce.

FINETTE.

Oui, oui, trompons celui qui trahit son ami. Il faut avec un fourbe être fourbe et demi!

Fin du second acte.

ACTE III.

SCENE PREMIERE.

QUE

PASQUIN, seul.

UEL éclat! quel fracas! quelle diable de vie! Quoi! quarante couverts et la table remplie! Des vins de tous pays tant de mets délicats Qu'une Ville, je crois, ne les mangeroit pas ! Trente Musiciens, symphonistes avides, Qui sont entrés céans la bourse et le corps vuides, Qui, convoitant les plats, font jurer leur archet, Et s'en vont, tour-a-tour, s'enivrer au buffet! Desgalans, pleins de vin, qui déclarent leurs flammes! Par-dessus tout cela, le caquet de vingt femmes, Et Cléon transporté, qui ne s'occupe à rien Qu'à provoquer les gens à dévorer son bien !

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Sur les faits de mon Maître... O cervelle maudite!

FINETTE.

Comment! cela t'afflige?

PASQUIN.

Eh! puis-je sans douleur

Voir périr tous les biens de ce dissipateur ?
Les trésors de Crésus ne pourroient lui suffire!

FINETTE.

Crois-moi, profitons-en, et n'en faisons que rire.
L'exemple de ce chien que tu citois tantôt
M'a trappée; et je vois que c'est un grand défaut
Que de s'embarrasser des sottises des autres.
Vos affaires vont mal, et nous faisons les nôtres;
C'est ce qui me console.

PASQUIN.

Oh! le bon petit cœur!

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