FINETTE. Pourrois-je lui parler? PASQUIN. Cela n'est pas possible. D'un bon quart-d'heure, au moins, il ne sera visible. FINETTE. Eh! pourquoi done? PASQUIN. Avec le Comte du Guéret, Au moment que je parle, il tient conseil secret. FINETTE. Eh! bien, qu'il me le donne, il ne peut mieux choisir, Je suis fille; il me faut un mari: cette somme Pourroit, entre mes mains, tenter un galant homme. L'argent et le mari me viendroient à propos; Je ne m'en cache point. PASQUIN. C'est-à-dire, en deux mots, Que vous êtes pressée ? FINETTE: Oui. PASQUIN. Vos yeux le font croire! FINETTE. Ma foi! Cléon feroit un acte méritoire! PASQUIN. C'est par cette raison qu'il ne le fera pas. FINETTE. Et Pasquin peut souffrir un semblable manége? Que l'on ne voit jamais en sortir les mains vuides? Jamais ces faux amis ne deviendroient nos Maîtres, PASQUIN, Dans les commencemens je me suis tout permis FINETTE. D'un fidele valet est-ce donc-là l'office? PASQUIN. Eh! morbleu! que chacun se rende ici justice. Il prétend l'épouser, et cette aimable veuve Ne devroit-elle pas empêcher que Cléon N'acheve de ses biens la dissipation? Mais, bien loin de sauver son amant du pillage, C'est elle qui s'y porte avec plus de courage! FINETTE. Il est vrai qu'elle est vive, et qu'elle fait sa main. Malgré tous mes avis, elle va son chemin. PASQUIN. Eh! tu suis son allure avec assez d'adresse, De même que Julie ardente à nous piller.... FINETTE, l'interrompant. Oh! pour moi, je ne fais encor que grapiller. PASQUIN. Tout dépend à présent de ce Monsieur le Comte FINETTI. L'avis n'est pas mauvais: je veux, dès aujourd'hui, En faire usage... (Voyant paroître Julie.) Adieu; car voici ma Maîtresse. PASQUIN. Je voulois te glisser quelques mots de tendresse: FINETTI. J'y compte; et nous pourrons renouer l'entretien. (Pasquin sort.) SCENE ΙΙ. JULIE, FINETTE. JULIE. EH! bien, qu'a dit Cléon du dessein de mon pere? FINETTE. Je n'ai pu lui parler; une importante affaire JULIE. Mon pere me désole, et veut rompre avec lui, |