Chaulieu.Dignes de plus de vie et de plus de fortune. Avec Gafton de Foix quelle ombre le proméne? Ah! je la reconnois, c'eft le jeune Turenne; Prefent rare et precieux,
Que l'avare main des Dieux, Ne fit que montrer à la terre.
Digne héritier du nom de ce foudre de Guerre, A quel point de gloire et d'honneur Ne t'euffent point porté tes deftinées,
Si Mars jaloux de ta valeur,
A la fleur de tes ans ne les eût terminées. Que vois-je près de toi? c'eft ta Mere eperdue, Tout à coup aux Enfers depuis peu defcendue; Qui confervant pour toi fes tendres fentimens, De ce fils fi cheri vole aux Embraffemens: Marianne eft-ce vous! Le Ciel impitoyable A-t-il voulu fi-tôt dérober aux Mortels Ce qu'il leur a donné jamais de plus aimable? Et qui pouvoit aux Dieux difputer des Autels, Si la grace et l'efprit comme eux eft adorable. Quoi donc quand j'efperois qu'à mon heure fatale
Tu recevrois mon ame en fes deniers adieux Et que ton amitié pour moi toujours égale, Peut-être en foupirant, me fermeroit les yeux: C'est moi qui te furvis, et ma douleur profonde N'a pour me confoler dans l'excès de mon deuil, Que de porter ton nom jusques au bout du Monde, De jetter tous les jours des fleurs fur ton Cer- cueil,
Chanter tes agrémens, et célébrer tes charmes Dans ces vers mille fois arrofez
Dans une foule de Guerriers
Vendosme fur une Eminence
Paroit couronné de Lauriers, Vendosme de qui la vaillance,
Fait avouer aux Scipions,
Que le fac de Carthage, et celui de Numance
N'obfcurcit pas fes actions;
Et laiffe à juger à l'Espagne,'
Si fon bras ne fit pas plus en une Campagne, Qu'ils ne firent en dix avec vingt Légions.
Dans le fonds des Jardins de ce féjour tran- quille :
Mais quel eft ce Heros iffu du fang des Dieux? C'eft Enguien qui f'ofre à mes yeux. Sur Nervinde et Stinkerque entretenant Achille Je vois ce vainqueur d'Ilion
Fremir, que tout fon courage
Au bord du Simois n'ait pas fait davantage Que dans ces deux combats fit ce jeune Lion. Plus loin dans le fonds d'un Bocage Je vois Catinat et Caton
A tous les Gens de bien faifant une Leçon; Ainfi libre du joug des paniques terreurs, Parmi l'email de prairies,
Je proméne les erreurs
De mes douces Rêveries;
Et ne pouvant former que d'impuiffans defirs, Je fais mettre en dépit de l'age qui me glace Mes fouvenirs à la place
De l'ardeur de mes plaifirs.
Avec quel contentement
Ces fontaines, ces bois où j'adorai Silvie, Rapellent à mon coeur fon amoureux tourment; Bien loin que ce plaifir qui ne peut revenir, De regrets inutiles empoisonne ma vie, J'en favoure à longs traits l'aimable fouvenir. Que de fois j'ai groffi ce Ruiffeau de mes larmes, C'eft fur ce Lit de fleurs que le premier Baiser Pour gage de fa foi diffipa mes allarmes;
Et, que bien-tôt après vainqueur de tant de char
Sous ce tilleul au frais je vins me repofer: Cet arbre porte encore le tendre caractére Des vers que j'y gravai pour l'aimable Bergere: Arbre croiffes, difois-je, où nos Chifres tracez Confacrent à l'Amour nos Noms entrelacez,
Chaulieu. Faites croître avec vous nos ardeurs mutuelles, Et que de fi tendres Amours,
Que la rigueur du fort défend d'être eternelles, N'aient au moins de fin, que la fin de nos
Ami, voila comment, fans chagrin, fans noir
De la fin de nós jours, poifon lent et funefte, Je feme encor de quelques fleurs Le peu de chemin qui me refte.
Antoine Graf von Hamilton, geb. 1646, geft. 1720, gehört zu den wißigsten Köpfen aus Ludwigs XIV Zeitalter. Seine Verse haben, wie seine Prose, viel glückliche Leichtigkeit und angenehme Wendung; seine Feenmåhrchen ge; hören zu den beften und phantasiereichsten; und seine Mes moiren des Grafen von Grammont empfehlen sich durch anhaltendes Interesse und blühende Schreibart. Ein lane
ger mit Versen untermischter Brief an den leßtern steht an der Spize seiner prosaischen und poetischen Briefe, unter welchen auch einige an und von Boileau vorkommen. Wenige find durchaus versificirt.
Eft-il donc vrai que le langage, Que nous enfeignent les neuf foeurs, N'a plus ni charmes, ni douceurs Pour les gens qui font en menage, que l'attrait du mariage
Et Devient l'unique foin des coeurs? Voilà, du moins, la feule excufe Du filence de notre Mule : Depuis l'Hymen (Vous l'avez dit,) Phébus chez nous fe refroidit; Vain prétexte de la pareffe! Le facré Mont, et le Permeffe, Nobles et doux amusemens
D'époux heureux, d'heureux amans, Ont de tout tems été propices Aux Corinnes, aux Euridices, Ont toûjours animé la voix. Des mortels foumis à leurs loix. Ce fut par galante élegie Qu' Ovide apprivoifa Julfe
Hamilton. Et plus par fes vers, que fes voeux, Des Amans fut le plus heureux. Envain une épouse captive Avoit paffé l'affreufe rive Du Cocyte, et du Phlégéton; Un tendre époux fléchit Pluton, Et l'implacable Proferpine Rendit à cette voix divine,
Rendit à ces touchans accords
Ce qu'on ne rend plus chez les Morts. Heureux! fi lorgnade imprudente Ne l'eut privé de fon attente; Heureux! fi jusqu'à fon retour Il eut gagné fur fon amour, L'harmonieux et tendre Orphée, De tourner le dos à fa Fée! Ainfi, puisque les chants, les vers, Triomphent jusques aux enfers, Vous, de qui l'aimable compagne Fait le bonheur d'une campagne, Où fa présence et les Zephirs Comblent tour à tour nos défirs, Sans mêler à la folitude Les ennuis, ou l'inquiétude; Quel fort pour nous injurieux Nous ôte la voix dans des lieux, Où tout anime, où tout confpire Au defir d'exercer la lyre? Sortez de ce profond oubli, Où vous femblez enféveli Pour l'Helicon, pour le Parnasse; De leurs fentiers fuivez la trace, Et pour les vers, ingratement, N'enterrez plus votre talent. Pour moi, qui fans art, fans étude, Vais rimaillant par habitude, A ce frivole amusement Je m'abandonne fottement. Temoins ces pauvretés nouvelles, Où jamais les doctes pucelles,
« PreviousContinue » |