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PARIS,

TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT

FRÈRES,

RUE JACOB, 56.

DES ÉTUDES,

harles

PARCROLLIN,

NOUVELLE ÉDITION, REVUE
~Lace Antoine)

PAR M. LETRONNE,

MEMBRE DE L'INSTITUT (ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES),

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LENOX LIBRAR

NEW YORK

PREMIÈRE PARTIE.

RÉFLEXIONS GÉNÉRALES SUR LES AVANTAGES
DE LA BONNE ÉDUCATION.

[L'instruction des jeunes gens a trois objets. ] L'université de Paris, fondée par les rois de France pour travailler à l'instruction de la jeunesse, se propose dans cet emploi si important trois grands objets, qui sont : la science, les mœurs, la religion. Elle songe premièrement à cultiver l'esprit des jeunes gens, et à l'orner par toutes les connaissances dont ils sont alors capables. Ensuite, elle s'applique à rectifier et à régler leur cœur par des principes d'honneur et de probité, pour en faire de bons citoyens. Enfin, elle tâche d'achever et de perfectionner ce qu'elle n'a fait qu'ébaucher jusque-là, et elle travaille à mettre pour ainsi dire le comble à son ouvrage en formant en eux l'homme chrétien.

C'est là le but que se sont proposé nos rois en établissant l'université et c'est aussi l'ordre des devoirs qu'ils lui ont eux-mêmes prescrits dans les divers règlements qu'ils lui ont donnés pour la mettre en état de répondre à leurs vues. Celui de Henri IV, de glorieuse mémoire, commence par ces mots : « La félicité des royaumes et des << peuples, et surtout d'un État chrétien, dépend de la bonne éduca«<tion de la jeunesse, où l'on a pour but de cultiver, de polir par « l'étude des sciences l'esprit encore brut des jeunes gens; de les dis« poser ainsi à remplir dignement les différentes places qui leur sont << destinées, sans quoi ils seraient inutiles à la république; enfin, de << leur apprendre le culte religieux et sincère que Dieu exige d'eux, « l'attachement inviolable qu'ils doivent à leurs pères et mères et à « leur patrie, le respect et l'obéissance qu'ils sont obligés de rendre << au prince et aux magistrats. » Quum omnium regnorum et populorum felicitas, tum maxime reipublicæ christianæ salus, a recta juventutis institutione pendet: quæ quidem rudes adhuc animos ad humanitatem flectit ; steriles alioquin et infructuosos reipublicæ muniis idoneos et utiles reddit; Dei cultum, in parentes et patriam pietatem, erga magistratus reverentiam et obedientiam promovet.

TR. DES ÉTUD T. I.

I

Nous allons examiner chacun de ces trois objets en particulier, et nous tâcherons de montrer combien il est nécessaire de les avoir toujours en vue dans l'éducation des jeunes gens.

PREMIER OBJET DE L'INSTRUCTION.

AVANTAGES DE L'ÉTUDE DES BEAUX-ARTS ET DES SCIENCES
POUR FORMER L'ESPRIT.

[Difference que l'étude met entre les hommes.] Pour concevoir une juste idée de l'importance des fonctions de ceux qui sont destinés à apprendre aux jeunes gens les langues, les belles-lettres, l'histoire, la rhétorique, la philosophie, et les autres sciences qui conviennent à cet age, et pour connaitre combien de telles études peuvent contribuer à la gloire d'un royaume, il ne faut que considérer la différence que les bonnes études mettent, non-seulement entre les particuliers, mais aussi entre les peuples.

Les Athéniens n'occupaient pas un fort grand terrain dans la Grèce : mais jusqu'où leur réputation ne s'étendit-elle point? En portant les sciences à leur perfection, ils portèrent leur propre gloire à son comble. La même école forma des hommes rares en tout genre. De

là sortirent les grands orateurs, les fameux capitaines, les sages législateurs, les habiles politiques. Cette source féconde répandit les mêmes avantages sur tous les beaux-arts qui semblent y avoir le moins de rapport: la musique, la peinture, la sculpture, l'architecture. Elle les rectifia, les enuoblit, les perfectionna; et, comme s'ils étaient sortis de la même racine et nourris de la mème séve, elle les fit tous fleurir en même temps.

Rome, devenue la maîtresse du monde par ses victoires, en devint l'admiration et le modèle par la beauté des ouvrages d'esprit qu'elle produisit presque en tout genre; et par là elle s'acquit sur les peuples qu'elle avait soumis à son empire une autre sorte de supériorité, infiniment plus flatteuse que celle qui ne vient que des armes et des conquêtes.

L'Afrique, autrefois si fertile en beaux esprits et en grandes lumières, est tombée, par l'oubli des belles-lettres, dans une stérilité entière, et même dans la barbarie, dont elle porte le nom, sans que, pendant le cours de tant de siècles, elle ait produit un seul homme qui se soit distingué par quelque talent, et qui ait fait ressouvenir du

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