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voir brùler mon œuvre entière, moins une par-
tition, c'est pour la Messe des morts que je deman-
derais grâce. On en fait en ce moment une nou-
velle édition à Milan; si vous ne l'avez pas, je
pourrai, je pense, dans six ou sept semaines vous
l'envoyer.

N'oubliez aucune de mes questions, et répon-
dez-moi dès que vous aurez un peu de force;
hélas! ce n'est pas le loisir qui vous manque.

Adieu, cher ami; je vais veiller en songeant à
vous, car non suadent cadentia sidera somnos.

CXXXIII

Paris, 2 février 1867.

Mon cher Humbert,

Vous m'avez écrit deux charmantes pages'; une
demi-page suffisait pour m'annoncer que vous
aviez reçu les deux partitions. Vous avez bien
plus de courage que moi. Tant mieux ! cela me
prouve que vous n'êtes pas aussi malade; du
moins, j'ai la vanité de croire cela. Je souffre tou-
jours beaucoup. Je veux vous écrire, et je ne puis

pas.

Adieu; je vous ai au moins dit bonjour.

sujet...

---

Que faire ?...

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Ce voyage de Vienne
m'a exterminé; le succès, la joie de tous ces en-
thousiasmes, cette immense exécution, etc., n'ont
pu me garantir. Le froid de nos affreux climats
m'est fatal. Mon cher Louis m'écrivait avant-hier
et me parlait de ses promenades matinales à
cheval dans les forêts de la Martinique, me décri-
vant cette végétation tropicale, le soleil, ce vrai
soleil.... Voilà probablement ce qu'il nous fau-
drait à tous les deux, à vous et à moi. Qu'importe
à la grande nature que nous mourions loin d'elle
et sans connaître ses sublimes beautés!... Cher
ami! — quel sot bruit de voitures secoue le si-
lence de la nuit ! Paris humide, froid et
boueux! Paris parisien! voilà que tout se
tait... il dort du sommeil de l'injuste!... -
Allons! l'insomnie sans phrases, comme disait un
brigands de la première révolution.

-

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Je vous enverrai Alceste dès que je pourrai
sortir. Je n'ai pas compris votre question au sujet
de la petite partition de la Damnation de Faust.
Que voulez-vous dire en me demandant s'il y en
a une autre que la première? quelle première?
Le titre est celui-ci Légende dramatique, en
quatre actes. L'avez-vous?

Dites-moi aussi si vous avez la grande parti-
tion de ma Messe des morts. Si j'étais menacé de

voir brùler mon œuvre entière, moins une par-
tition, c'est pour la Messe des morts que je deman-
derais grâce. On en fait en ce moment une nou-
velle édition à Milan; si vous ne l'avez pas, je
pourrai, je pense, dans six ou sept semaines vous
l'envoyer.

N'oubliez aucune de mes questions, et répon-
dez-moi dès que vous aurez un peu de force;
hélas! ce n'est pas le loisir qui vous manque.

Adieu, cher ami; je vais veiller en songeant à
vous, car non suadent cadentia sidera somnos.

CXXXIII

Paris, 2 février 1867.

Mon cher Humbert,

Vous m'avez écrit deux charmantes pages; une
demi-page suffisait pour m'annoncer que vous
aviez reçu les deux partitions. Vous avez bien
plus de courage que moi. Tant mieux ! cela me
prouve que vous n'êtes pas aussi malade; du
moins, j'ai la vanité de croire cela. Je souffre tou-
jours beaucoup. Je veux vous écrire, et je ne puis
pas.

Adieu; je vous ai au moins dit bonjour.

en séance et donner le prix. On avait entendu les jours précédents cent quatre cantates, et j'ai eu le plaisir de voir couronner (à l'unanimité) celle de mon jeune ami Camille Saint-Saëns, l'un des plus grands musiciens de notre époque. Vous n'avez pas lu les nombreux journaux qui ont parlé de ma partition de Roméo et Juliette à propos de l'opéra de Gounod, et cela d'une façon peu agréable pour lui. C'est un succès dont je ne me suis pas mêlé et qui ne m'a pas peu étonné.

J'ai été sollicité vivement, il y a quelques jours, par des Américains d'aller à New-York, où je suis, disent-ils, populaire. On y a joué cinq fois, l'an dernier, notre symphonie d'Harold en Italie avec un succès qui est allé croissant et des applaudissements viennois.

Je suis tout ému de notre séance du jury! Comme Saint-Saëns va être heureux! j'ai couru chez lui lui annoncer la chose, il était sorti avec samère. C'est un maître pianiste foudroyant. Enfin! voilà donc une chose de bon sens faite dans notre monde musical. Cela m'a donné de la force; je ne vous aurais pas écrit si longuement, sans cette joie.

Adieu, cher ami. Je vous serre la main.

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