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stérile, cet idiome? Déjà nous avons vu sa richesse là où la langue classique latine était si maigre et si gênée, dans les détails de la vie civile, domestique, religieuse et militaire. Mais là même où cette langue semble plus féconde et où pourtant elle est encore si impuissante, l'idiome vulgaire sera plus souple, plus nombreux et plus libre. La philosophie, par exemple, avait toujours été pour la littérature latine un embarras pour nous l'expliquer Cicéron et Sénèque sont obligés d'avoir recours

au

grec sous les Antonins, c'est en grec que s'écrivent presque tous les livres de philosophie. Eh bien! le langage populaire, la lingua rustica viendra à bout de la philosophie, comme elle a fait de la guerre, de la religion, de l'agriculture. Voici une religion nouvelle qui s'adresse au peuple et aux savants; et pour les savants et pour le peuple, elle trouve un langage, non pas élégant, mais facile, mais nerveux. Les questions les plus difficiles de la métaphysique ne l'effrayent pas : Tertullien, Lactance, saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin, trouvent sous leur plume, sans être obligés de recourir au grec, les expressions, les tours qui fuyaient Cicéron et Sénèque. C'est que cet idiome était populaire; et si une langue indigène peut manquer d'harmonie et d'élégance, elle ne saurait manquer de force et de souplesse.

Ainsi donc, à proprement parler, il n'y a pas eu décadence dans la littérature romaine; il y a eu transformation; substitution d'un idiome à un autre, de l'idiome vulgaire et primitif à l'idiome savant et étranger. Le siècle d'Auguste a été un heureux accident, qui ne se pouvait renouveler. Quand donc le peuple reparut, sous le niveau du despotisme, d'abord, mais surtout et plus noblement sous l'égalité chrétienne, il remit son idiome en lumière. Il y eut alors deux littératures une littérature sans couleur et sans force, se traînant sur les traces effacées des Grecs, la littérature païenne; et une littérature incorrecte, barbare quelquefois, mais vigoureuse et précise, la littérature des Pères de l'Église; littérature nouvelle comme les sentiments qu'elle exprime; grande comme les vérités qu'elle annonce; insouciante de la forme, mais pittoresque et originale dans le fond; se servant pour parler à l'imagination et au cœur de cette vieille langue latine, vulgaire et analytique, germe de ces idiomes du moyen âge, qui sont devenus les langues modernes du midi de l'Europe.

FIN DU PREMIER VOLUME.

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