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SECTION XXVII,

Nous nous proposâmes en quittant Norton, de prendre notre route par le Yorkshire et le Derbyshire, et de traverser les autres comtés de l'intérieur, pour nous rendre dans le sud de l'Angleterre.

Lorsqu'on approche de la ville de Rippon, elle a un meilleur effet que la plupart des petites villes; l'église est un grand bâtiment qui lui donne de l'importance.

Au delà de Rippon la route est assez agréable; elle traverse un pays boisé, jusqu'à ce qu'elle entre dans ce qu'on appelle la forêt de Knaresborough, où les bois cessent entièrement. De même que plusieurs autres parcs royaux, cette forêt n'en a conservé que le

nom et vient de perdre tous ses honneurs champêtres : ce n'est plus qu'une étendue de pays, sauvage et sans ornemens.

A l'extrémité de cette soi-disant forêt, dans l'enfoncement d'une colline, on trouve Harrogate, village triste et désagréable. Le pays ne change en aucune façon en mieux jusqu'à ce qu'on ait traversé la Wharf.

En laissant les ruines du vieux château de Harewood sur la gauche, et le nouveau château sur la droite, nous montâmes par degrés sur des hauteurs, d'où l'on a une vue trèsétendue. Lorsque nous en jouîmes, elle était éclairée par une lumière faible et oblique, si avantageuse pour les lointains, et si commune lorsque, par un beau soleil et par un tems venteux, des nuages flottans se trouvent répandus dans l'atmosphère. Il est alors trèsagréable de suivre les rayons incertains qui paraissent, s'étendent et disparaissent pour aller éclairer quelqu'autre partie, et dont l'effet est aussi varié que les différentes surfaces sur lesquelles ils tombent.

On a un effet de ce genre détaillé dans un vieux poëme Erse, dont le titre est Dargo. Le Barde compare, en peintre et en poëte,

les sentimens d'un plaisir passager à ces transitions fugitives de la lumière.

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Les récits d'événemens passés sont pour l'ame du barde des rayons de lumière, semblables à ceux du soleil, qui parcourent les landes désertes de Morven. Ils mènent le

plaisir avec eux, mais un plaisir fugitif, poursuivi par les ombres de l'obscurité, qui l'atteignent sur le haut des montagnes, et font bientôt disparaître les traces du rayon consolateur. C'est ainsi que le récit des exploits de Dargo agit sur agit sur mon ame, quoique les nuages se rassemblent à sa suite."

Nous aurions bien voulu pouvoir examiner le nouveau château d'Harewood, bâtiment somptueux; mais on ne le montre que certains jours: celui où nous y passâmes n'était pas de ce nombre.

Nous regrettâmes aussi une perte de ce genre, dont nous étions nous-même la cause; c'était de n'avoir point vu l'abbaye de Kirkstall. Dans la précipitation d'une excursion du matin, et par une erreur inexcusable en géographie, nous passâmes à côté, et ne nous aperçûmes de notre faute qu'après nous en être éloignés d'une demi-journée.

Le terrain prend, aux environs de Leeds,

une couleur désagréable due à la mal-propreté de sa surface, où par-tout, à quelques verges de profondeur, l'on trouve du charbon de terre. Le pays se change beaucoup à son avantage avant d'arriver à Wakefield, situé au milieu de beaux paysages. Lorsque l'on quitte la ville, la Calder petite rivière, fait un bel effet. Ses bords sont ornés d'une chapelle go. thique actuellement en ruines, qui fut bâtie par Edouard IV, pour honorer la mémoire de son père, le duc d'York, et d'autres chefs de son parti, qui avaient péri à la bataille de Wakefield. Cette chapelle est bâtie dans la proportion élégante de dix pieds de large sur six de profondeur; les côtés en sont simples, mais la façade est richement ornée; elle est terminée au levant par une petite tour octogone. Ce petit édifice sert à éclaircir un point important de l'histoire d'Angleterre, et en même tems à fixer celle de l'architecture, qui paraît avoir été à cette époque à son plus haut point de perfection. Sa situation extraordinaire auprès d'un pont, paraît avoir eu pour but de marquer la place où quelqu'action principale se sera passée. Quoique du tems du papisme, il arrivât qu'on plaçait quelquefois des chapelles sur des ponts, pour que les

voyageurs pussent sans se détourner entendre la messe. C'était dans cette intention qu'on en avait mis une dans une des lanternes du pont de Londres.

Nous traversâmes près de Wakefield, une pièce d'eau qui porte le nom modeste d'un étang, mais qui en effet est un joli petit lac, ayant près de deux milles de circonférence, et contenant plusieurs paysages agréables, le long de ses petits rivages boisés et de ses pro

montoires.

De Bank-top nous eûmes au-dessous de nous une bonne vue sur le château de Wentworth et ses environs, ce qui compose un grand ensemble. L'éminence sur laquelle nous étions, est ornée avec une grande profusion de quelque chose ressemblant à une ruine artificielle. Il est possible que cela fasse un bon effet du château qui est placé au bas; mais sur le lieu même ce n'est rien moins qu'un ornement. Ayant trouvé quelques difficultés à traverser le parc de lord Strafford, nous prîmes le chemin qui passe par Wentworth, qu'on regarde comme un bâtiment élégant; mais il nous parut manquer de simplicité: la façade est brisée en trop de parties, et l'intérieur mal distribué. La simplicité dans le plan, a

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