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où naît la rivière de la Sorgues, aux eaux vives, renommées pour leurs truites, et la source ellemême du fleuve Argens, dans le Var, qui rappelle, soit par l'aspect, soit par les conditions géologiques des lieux, et même par le volume, la limpidité et la fraîcheur des eaux, la fontaine chantée par Pétrarque.

Les plus célèbres grottes et cavernes, celles qu'on nomme les balmes ou baumes dans quelques contrées, se rencontrent aussi dans le terrain jurassique. Les colonnes naturelles qui ornent la plupart d'entre elles, les stalactites, ont été formées, atome par atome, par les infiltrations et l'évaporation lente des eaux calcaires, au toit et au sol de l'excavation, puis se sont unies et soudées ensemble. Il en est de même des incrustations qui tapissent les parois. L'origine des cavernes est moins facile à expliquer. Quelquesunes ne sont sans doute que d'immenses fissures résultant des dislocations du sol. On attribue l'origine de quelques autres à l'érosion produite par des eaux acides; mais cette explication n'est guère acceptable.

Le cachet imprimé aux pays par les formations

triasique ou crétacée est différent de celui de la formation jurassique.

Les grès du trias sont favorables à la végétation forestière, comme le démontrent ceux des Vosges et de la forêt Noire, sur lesquels poussent en bois épais les chênes et les sapins. Ces grès ont en outre donné aux montagnes qu'ils couronnent un relief particulier, arrondi, rappelant quelquefois des ruines, et caractérisé par les ballons d'Alsace.

A leur tour, les terrains d'âge crétacé sont quelquefois des terrains de vignobles, comme ceux d'âge jurassique. Les crus de la Champagne semblent avoir emprunté au calcaire crayeux l'acide carbonique gazeux et petillant. Une partie des vignobles du Bordelais est aussi sur des terrains de craie; mais ici plus de ces prairies, plus de ces campagnes plantureuses comme dans la formation jurassique. Il y a même une ombre au tableau. Quand c'est la craie blanche qui domine, elle sème au milieu des pays qu'elle traverse la tristesse et la désolation. La stérilité est répandue sur ces landes où se dressent quelques bruyères rabou

gries, et où se montre partout la craie en énormes taches. On reconnaît à ces traits la Champagne pouilleuse. Plus favorisée par la géologie, cette contrée eût mérité une autre épithète.

Le rude cachet imprimé aux populations par les formations primitives disparaît dans les formations secondaires. On passe des populations montagnardes, pastorales, aux populations forestières et agricoles, et avec ces dernières la vie civilisée commence. Toutefois l'histoire des pays reflète encore le souvenir de quelques mêlées grandioses: c'est au mont Auxois en Bourgogne, jadis Alesia, que tombe Vercingétorix, défait par César; c'est sur ce rempart jurassique qu'après dix ans de luttes continues la Gaule est vaincue par Rome.

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Les temps modernes de l'histoire de la terre comprennent ce que les géologues nomment la période tertiaire. Cette période est elle-même divisée en trois époques, l'inférieure, la moyenne et la supérieure. Des roches analogues aux précédentes, mais d'une texture moins cristalline, continuent à se déposer. Les calcaires sont moins compactes, les grès sont d'un grain moins serré. Seuls les conglomérats, les poudingues, les brèches, forment souvent, surtout à la base ou à la partie supérieure des terrains,

des assises d'une puissance énorme, et jusqu'ici rarement atteinte. On dirait que d'immenses déluges ont labouré le sol, et que ce ne sont plus les orages, mais les soulèvements euxmêmes de très-hautes montagnes, qui ont précipité les eaux le long des coteaux et dans les vallées.

Des grès, des calcaires, des argiles, des couches de pierre à plâtre, des bancs ou des amas de sel et de soufre, tels sont les principaux sédiments que l'on rencontre dans les formations tertiaires. Des couches de houille presque toujours sèche, grasse par exception, existent dans beaucoup d'étages, ainsi que des minerais de fer. Aucune époque géologique n'a été déshéritée des produits minéraux qui devaient être un jour si utiles à l'homme. Quant au fer, qui donne aux roches qui le contiennent une couleur caractéristique, il est tellement répandu dans toutes les formations terrestres, qu'on l'a nommé le peintre de la nature. L'abbé Haüy, père de la minéralogie française, disait : « Quand la nature prend le pinceau, c'est très-souvent le fer oxydé qui est sur la palette.

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