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liste français, M. Adolphe Brongniart, fils d'un illustre père, qui a eu la gloire, il y a trente ans, de révéler le premier cette flore végétale, si différente de celles qui l'ont depuis remplacée. A l'opposé de ce qui eut lieu pour la vie animale, la vie végétale offrait alors un développement qu'elle n'a jamais plus atteint. Quelques petites plantes aquatiques et marécageuses, telles que les lycopodes, les prêles ou queues-de-cheval, rappellent seules, de nos jours et sous nos climats, les plantes houillères, les lépidodendrons, les calamites. Comparées à ces dernières, elles sont comme la plus humble graminée à côté du plus superbe chêne, comme le modeste. lichen vis-à-vis du séquoia géant des forêts vierges de la Californie.

Telles étaient la flore et la faune lors de l'enfance de la terre. A chaque instant les dépôts de sédiment sur lesquels apparut et se modifia la vie, étaient troublés par des commotions volca- . niques. Les granits, les porphyres, se faisaient jour à travers les soupiraux béants du monde encore pâteux. L'écorce terrestre était soulevée sur des étendues immenses, sur des méridiens

tout entiers, et ainsi se jalonnaient les premières montagnes, les premiers reliefs du globe, au pied desquels allaient bientôt s'étendre de nouveaux sédiments. Au milieu de ces effroyables ébranlements la vie ne disparut jamais tout à fait; mais des espèces nombreuses s'éteignirent, qui depuis ne se sont plus montrées.

Les roches éruptives, en soulevant les chaînes de montagnes, ouvraient aussi dans les terrains déjà déposés de nombreuses fissures, parallèles à la direction des chaînes, et dans ces fentes, dans ces cheminées naturelles, montaient en vapeurs des émanations métallifères, parties du foyer central. Plusieurs métaux, mais surtout l'or, l'argent, l'étain, le mercure, le plomb, le cuivre, se déposaient dans ces filons; d'autres, comme le fer, le zinc, étaient plutôt apportés par des sources qui les contenaient en dissolution, et les laissaient peu à peu déposer. Les uns et les autres formaient en quelque sorte la réserve métallique de l'avenir, comme la houille devait être à son tour la source la plus féconde de calorique où puiseraient un jour les sociétés hu

maines.

Ainsi s'écoula la longue enfance de la planète. Ce premier âge est celui que beaucoup de géologues nomment aujourd'hui la période primaire. On l'appelle encore quelquefois la période de transition, et ce nom lui avait été donné par Werner, le chef des géologues allemands, parce qu'elle marque le temps écoulé entre le dépôt des premiers terrains ignés que Werner nommait primitifs et celui des terrains de sédiment non modifiés, qu'il nommait secondaires. Enfin les Anglais ont appelé cette époque paléozoïque, c'est-à-dire des animaux anciens, parce qu'elle renferme en effet les dépouilles des premiers êtres.

Les savants subdivisent la période primaire en plusieurs époques distinctes ou terrains, qui sont, en allant des plus anciennes aux plus modernes, les époques cambrienne, silurienne, devonienne et houillère. Deux des maîtres de la géologie anglaise, MM. Sedgwick et Murchison, ont proposé les trois premières de ces dénominations, adoptées depuis par presque tous les géologues de l'Europe. Les noms de cambrien et de silurien rappellent le pays des Cambres (Cimbres)

et des Silures, aujourd'hui le pays de Galles et le Cumberland, où ces terrains se sont surtout développés en Angleterre. Le nom de devonien remet en mémoire le comté de Devon, où a été pris le type de la formation devonienne.

Les géologues des États-Unis se sont insurgés contre les dénominations anglaises, et ont proposé à leur tour celles de terrains canadien, laurentien, taconique, empruntées à des localités ou à des montagnes de l'Amérique du Nord. Il est juste de reconnaître que c'est en effet aux États-Unis que l'on peut surtout étudier les formations primaires, et qu'elles y sont développées sur une échelle à la fois plus vaste et plus complète que sur l'ancien continent.

Dans la série des classifications géologiques, le nom seul de terrain houiller a été respecté par tous les géologues, sans distinction de nationalité. Il a l'avantage de rappeler l'utile produit que l'on retire de ce terrain. Quelquefois cependant le terrain houiller est stérile en charbon, et ne présente que des assises de grès jaunâtres, de calcaires bleu sombre, de schistes noirs, qui sont aussi les compagnons fidèles de

la houille quand le terrain est complet. Dans ce dernier cas, le combustible forme souvent des couches gigantesques, qui fournissent des produits de qualité supérieure.

Avant l'époque du terrain houiller proprement dit, la houille s'est déjà montrée, ainsi dans les terrains silurien et devonien; mais une houille dure, privée de gaz, anthraciteuse, calcinée en quelque sorte par le voisinage ou le contact des roches éruptives. Au-dessus du terrain houiller, dans les périodes secondaire et tertiaire, nous retrouverons également la houille, mais sèche, non collante, riche parfois en principes gazeux, souvent friable et de poussière brune. Le terrain houiller, sauf quelques cas exceptionnels, est par excellence le gîte du vrai combustible minéral, de la houille parfaite, noire, étincelante, bitumineuse, donnant par la distillation un coke dense, sonore, à l'éclat argentin; le terrain houiller est donc doublement bien nommé, et alors que ses aînés ou ses cadets dans l'échelle géologique ont reçu et recevront encore plus d'un baptême, il n'est pas probable qu'il perde jamais son nom.

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