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Thalès et d'Héraclite ont fait de nos jours la paix et signé un compromis définitif.

Les terrains sédimentaires s'appellent aussi stratifiés, parce qu'ils se rencontrent en masses plates, continues, divisées en couches ou strates, en bancs, en lits, dont la superposition ne peut mieux se comparer qu'à celle des feuillets d'un livre. C'est dans ces lits que l'on trouve des restes de plantes ou d'animaux, la plupart d'espèces aquatiques, et confirmant une fois de plus l'origine de ces terrains. Ces restes de corps organisés, qui ne sont quelquefois qu'à l'état d'empreintes ou de moules, sont ce qu'on nomme les fossiles ou vulgairement les pétrifications. Un des grands caractères des fossiles est d'appartenir presque toujours à des espèces ou des genres éteints, comme si la vie avait dû plusieurs fois changer de modèles, avant d'arriver à ceux qu'elle a maintenant adoptés.

Les fossiles sont les plus sûres archives, les monuments les plus certains, au moyen desquels on peut reconstituer le passé de la terre. Ils ont donné naissance à une branche spéciale de l'histoire naturelle, la paléontologie ou science des

êtres disparus. Cette science a été fondée par Cuvier, qui appelait lui-même les paléontologistes des archéologues d'une nouvelle espèce. Les fossiles ne sont-ils pas en effet les médailles de la géologie, et les bancs qui les contiennent, les feuillets sur lesquels est inscrite l'histoire de la formation de la terre?

Au contact des roches éruptives, les terrains sédimentaires ont éprouvé des modifications profondes. Le feu les a cuits, rougis, fendillés; il en a même modifié la composition, et y a introduit de nouveaux éléments. Les bancs d'argile sont devenus des schistes, des ardoises. La roche s'est feuilletée dans un autre sens 'que celui de la stratification régulière. Toute trace de fossiles a disparu. Ce sont les terrains sédimentaires ainsi transformés qu'on appelle métamorphiques, à cause du changement que le feu ou des eaux thermales, souvent à l'état de vapeurs, leur ont fait subir.

L'âge primitif du globe s'étend depuis le moment où commencent les plus anciens dépôts d'éruption et de sédiment, jusqu'à celui où finissent les grandes forêts houillères.

L'architecture de notre planète débute par de gigantesques assises qui en forment comme les inébranlables fondations. Ce sont des schistes métamorphiques, satinés, lustrés, où brillent le mica en paillettes, le talc savonneux, le quartz ou cristal de roche compacte, aux grains durs, probablement déposé par des eaux siliceuses ou arraché aux roches granitiques préexis

tantes.

Après ces schistes, qui règnent sur d'immenses espaces, viennent des bancs de conglomérats, de grès, d'ardoises, de calcaires. Ces derniers passent le plus souvent aux marbres, c'est-à-dire qu'ils sont compactes, à texture cristalline et capables de recevoir un beau poli. La faune fossile ou collection des animaux éteints est nombreuse et variée. La vie n'a pas tardé à prendre un grand essor dès que les milieux l'ont permis. A côté des coraux, des rayonnés, apparaissent bientôt les mollusques, dont nous retrouverons les dépouilles ou coquilles dans tous les terrains, et dont plusieurs genres naissent et meurent dans cette période, tels que les calcéoles en forme de sandale, certains spirifères et productus.

Avec les mollusques il faut citer les crustacés, dont une famille, celle des trilobites, qui empruntent leur nom à la partie dorsale de leur carapace divisée en trois lobes, disparaît entièrement après la période primitive. Les poissons sont également très-abondants, et bien des espèces, que les mers de l'âge suivant ne verront plus, les amblyptères par exemple, vivent en bandes dans ces mers anciennes. Le grand nombre des trilobites et des poissons caractérise cette période terrestre que certains géologues ont proposé d'appeler trilobitique et d'autres, avec M. Agassiz, le règne des poissons. Pour être plus clair, plus précis, il conviendrait peut-être de dire simplement le règne des crustacés. Quelques reptiles, au nombre desquels est l'archégosaure ou le premier lézard, apparaissent à la fin de la période primitive. Les insectes se montrent aussi; mais les êtres supérieurs, les oiseaux, les quadrupèdes, sont complétement absents.

La flore fossile ou réunion des végétaux de ces temps reculés n'est pas moins remarquable que la faune. Après quelques tâtonnements, la

vie végétale apparaît dans toute sa splendeur. Une température torride règne partout. Il y a dans l'air un excès de vapeur d'eau et d'acide carbonique qu'on ne retrouvera plus à aucune époque, et l'on sait combien ces deux éléments de l'atmosphère sont indispensables à la nutrition des plantes. Aussi avec quelle facilité se dépose le charbon au milieu de ces forêts antédiluviennes! Il y forme des couches puissantes où se moulent les feuilles et les troncs des végétaux qui concourent à le produire, et au pied desquels il se dépose en bancs tourbeux. Les schistes, les grès eux-mêmes nous ont conservé ces empreintes, et les lits de ces roches sont devenus comme les herbiers de cette flore primitive. La terre avait alors toute sa jeunesse, et le sol était partout paré de feuillage et de gazon. Les énormes calamites, les sigillaires au tronc élancé, les gigantesques lépidodendrons, les cycadées, les walchias, ancêtres des palmiers et des conifères, les fougères arborescentes, une foule d'autres arbres depuis disparus ou qu'on ne retrouve plus que sous les tropiques, croissaient partout en bois touffus. C'est un natura

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