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mènes géologiques se poursuivent sans que nous en ayons nettement conscience. La vie des sociétés est trop courte, et celle de l'humanité tout entière le sera aussi probablement, pour mesurer ces grands phénomènes. Cependant on ne saurait nier que, même depuis les temps historiques, l'homme n'ait assisté à l'extinction, sinon à la création de quelques espèces animales, et que des modifications sensibles n'aient eu lieu dans le relief géologique ou dans le climat de certaines localités.

V

L'ANCIENNETÉ DE L'HOMME.

Ce qu'on entend par l'homme fossile.

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géologues et de Cuvier. Les cavernes.-M. Boucher de Perthes. M. E. Lartet. Restes de l'industrie primitive de l'homme. Les cités lacustres.-L'âge de pierre. - L'unité de l'espèce humaine. - Date de la première apparition de

l'homme.

Il convient de revenir sur celui des êtres apparu le dernier dans la dernière période géologique, sur l'homme, nous entendons l'homme primitif, tel qu'il devait être lorsqu'il contempla pour la première fois, nu et chétif, étonné, inquiet, le monde qui s'étendait devant lui.

De tout temps la question de notre origine a préoccupé les philosophes, les naturalistes. Le problème est à jamais insoluble, si l'on veut se reporter à l'apparition du premier germe, et

en rechercher les causes; mais si l'on prétend seulement déterminer l'époque certaine où l'homme, nouveau chaînon dans la série des êtres, est apparu pour la première fois, la question se présente avec une grande netteté. C'est une simple date géologique à fixer. Il s'agit de savoir si l'homme a fait son apparition à l'aurore de la période quaternaire, ou seulement après les troubles qui ont marqué les premiers temps de cette période. Le débat porte sur ce point : l'homme a-t-il vécu avec les grands mammifères éteints du diluvium: le mammouth ou éléphant primitif, le rhinocéros à narines cloisonnées, le renne, le cerf aux grandes cornes, l'ours au front bombé, l'hyène, le lion des cavernes? A-t-il laissé ou non ses os parmi ceux de ces êtres disparus? L'homme, en un mot, est-il ou non fossile ?

C'est seulement depuis quelques années que la question, remise à l'ordre du jour avec une persistance que sa gravité explique, a pu être définitivement tranchée. Oui, l'homme est d'âge antédiluvien! Son antiquité, dépassant les origines de l'histoire, les temps fabuleux, se perd

dans les débuts de la dernière période géologique. Naguère on donnait à l'homme, en se fondant sur les documents historiques, de six à dix mille ans d'existence, et l'on croyait aller bien loin. On avait toujours présente aux yeux la chronologie de la Bible ou plutôt l'interprétation qu'on en faisait, et quand on rencontrait des doutes, par exemple à propos de la Chine, dont les annales historiques sont les plus anciennes, on disait, avec les pères jésuites, qu'il fallait faire abstraction de la Chine dans le déluge de Noé : les eaux diluviennes n'étaient pas arrivées jusque-là. Mais la géologie n'a pas à s'inquiéter de l'interprétation des livres saints; elle doit marcher son chemin, et c'est aux théologiens à mettre d'accord les faits qu'elle constate avec les textes qu'eux seuls ont mission d'expliquer.

La question de l'homme fossile, ou, si l'on veut, de l'ancienneté de l'espèce humaine, a toujours préoccupé la science. Les vieux géologues, ceux entre autres du siècle dernier, allaient jusqu'à donner le nom d'homme diluvien, homo diluvii testis, et même de préada

mite, c'est-à-dire aïeul d'Adam, à des restes de salamandre trouvés dans le terrain crétacé. Ils auraient bien ri de la timidité de leurs successeurs qui, hier encore, ne voulaient pas admettre l'homme fossile pour ne point entrer en lutte avec les traditions hébraïques. Quand on apportait à Cuvier quelques ossements de mammifères éteints qui semblaient porter des empreintes laissées par la main de l'homme, la légende prétend que le grand naturaliste répondait : « Il n'y a pas d'homme fossile! >> A vrai dire, le célèbre Discours sur les révolutions du globe n'est pas précisément écrit à l'appui de cette thèse; mais, sans nier qu'on puisse trouver un jour l'homme antédiluvien, Cuvier se plaît à démontrer dans cet écrit la jeunesse plutôt que l'ancienneté de l'espèce humaine.

Les disciples de Cuvier restèrent fidèles à cette doctrine. Toutes les fois qu'on trouvait dans les cavernes des outils de pierre taillés de main d'homme, et des ossements humains mêlés à ceux de l'hyène, de l'ours, du lion et du renne fossiles, ils prétendaient que ces faits ne

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