Correspondance complète, tr. par G. Brunet, Volume 2

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Page 248 - Vous êtes né, Sire, avec un cœur droit et équitable ; mais ceux qui vous ont élevé ne vous ont donné pour science de gouverner que la défiance, la jalousie, l'éloignement de la vertu, la crainte de tout mérite éclatant, le goût des hommes souples et rampants, la hauteur et l'attention à votre seul intérêt.
Page 248 - On n'a plus parlé de l'État ni des règles ; on n'a parlé que du Roi et de son bon plaisir. On a poussé vos revenus et vos dépenses à l'infini. On vous a élevé jusqu'au ciel, pour avoir effacé, disait-on, la grandeur de tous vos prédécesseurs ensemble, c'est-à-dire pour avoir appauvri la France entière, afin d'introduire à la cour un luxe monstrueux et incurable.
Page 52 - Scarron était mon ami ; sa femme m'a donné mille plaisirs < par sa conversation , et dans le temps je l'ai trouvée trop < gauche pour l'amour. Quant aux détails, je ne sais rien , je « n'ai rien vu, mais je lui ai prêté souvent ma chambre jaune
Page 124 - Ses yeux étaient creux et battus; on peut se figurer l'altération que cela produisait sur son visage. En Espagne, on enferme la nuit jusqu'aux femmes de chambre de soixante-dix ans. Quand la Grancey suivit notre reine en Espagne, comme dame d'atour, on l'enferma aussi le soir ; elle en fut désolée. Quand elle mourut, elle s'écria : « Ah! mon Dieu , faut-il que je meure , et je n'ai de la vie songé à la mort! » Elle n'avait jamais rien fait que jouer avec ses amants jusqu'à trois ou six...
Page 249 - Hollandais, qui avaient fait quelque raillerie, dans le chagrin où on les avait mis en troublant les règles de commerce établies par le cardinal de Richelieu. Je cite en particulier cette guerre, parce qu'elle a été la source de toutes les autres. Elle n'a eu pour fondement qu'un motif de gloire et de vengeance, ce qui ne peut jamais rendre une guerre juste ; d'où il s'ensuit que toutes les frontières que vous avez étendues par cette guerre, sont injustement acquises dans l'origine.
Page 91 - Montespan, qui avait plus d'esprit, se moquait d'elle publiquement, la traitait fort mal et obligeait le Roi à en agir de même. Il fallait traverser la chambre de la Vallière pour se rendre chez la Montespan.
Page 90 - La Montespan était plus blanche que La Vallière; elle avait une belle bouche, de belles dents, mais elle avait l'air effronté; on voyait sur sa figure qu'elle avait quelque projet en vue. Elle avait de beaux cheveux blonds, de belles mains, de beaux bras ', ce que La Vallière n'avait pas , mais celle-ci était fort propre, et la Montespan une sale personne. Ce que le duc de Bourgogne avait de bon, il le tenait de son précepteur ; ce qu'il avait de mauvais lui venait de lui-même...
Page 37 - Berri étaient de grands mangeurs'. J'ai vu souvent le roi manger quatre pleines assiettes de soupes diverses, un faisan entier, une perdrix, une grande assiette de salade, deux grandes tranches de jambon, du mouton au jus et à l'ail, une assiette de pâtisserie, et puis encore du fruit et des œufs durs. Le roi et feu Monsieur aimaient beaucoup les œufs durs.
Page 55 - ... régent. Le premier président a répondu que ce n'était pas possible, et que la régence reviendrait à M. le « naine; elle qui était une des plus grandes de la famille, ne « paraissait pas plus qu'un enfant de dix ans. Quand le duc du « Maine l'épousa et qu'il eut à choisir entre les filles non encore « mariées de M. le Prince, il se décida pour celle-ci, sur ce « qu'elle avait peut-être quelques lignes de plus que son aînée. « On ne les appelait pas les princesses du sang, mais...
Page 105 - On croit que de ce jeu, il est résulté quelque chose de sérieux. Le bon Dauphin était comme les maris de toutes les femmes galantes qui sont toujours les derniers à remarquer pareilles choses. Le duc de Bourgogne n'a jamais pensé que sa femme songeât à Nangis, ce qui était pourtant visible et que tout le monde voyait.

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