Chateaubriand

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Lecène, Oudin et cie., 1893 - Authors, French - 239 pages
 

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Popular passages

Page 126 - Qu'il fallait peu de chose à ma rêverie : une feuille séchée que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumée s'élevait dans la cime dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du nord sur le tronc d'un chêne...
Page 211 - Deux créatures qui ne se conviennent pas pourraient aller chacune de son côté ? eh bien ! faute de quelques pistoles, il faut qu'elles restent là en face l'une de l'autre à se bouder, à se maugréer, à s'aigrir l'humeur, à s'avaler la langue d'ennui, à se manger l'âme et le blanc des yeux, à se faire, en enrageant, le sacrifice mutuel de leurs goûts, de leurs penchants...
Page 51 - Lorsque , dans le silence de l'abjection , l'on n'entend plus retentir que la chaîne de l'esclave et la voix du délateur; lorsque tout tremble devant le tyran , et qu'il est aussi dangereux d'encourir sa faveur que de mériter sa disgrâce, l'historien paraît "chargé de la vengeance des peuples. C'est en vain que Néron prospère, Tacite est déjà né dans l'empire...
Page 163 - ... sont fermées, dans la crainte du passage d'un cadi. Personne dans les rues , personne aux portes de la ville ; quelquefois seulement un paysan se glisse dans l'ombre , cachant sous ses habits les fruits de son labeur dans la crainte d'être dépouillé par le soldat; dans un coin à l'écart le boucher arabe égorge quelque bête suspendue par les pieds à un mur en ruine : à l'air hagard et féroce de cet homme...
Page 149 - Je n'ai jamais aperçu au coin d'un bois la hutte roulante d'un berger , sans songer qu'elle me suffirait avec toi. Plus heureux que ces Scythes dont les druides m'ont conté l'histoire , nous promènerions aujourd'hui notre cabane de solitude en solitude , et notre demeure ne tiendrait pas plus à la terre que notre vie.
Page 125 - Je recherchai surtout dans mes voyages les artistes et ces hommes divins qui chantent les dieux sur la lyre et la félicité des peuples qui honorent les lois, la religion et les tombeaux. i Ces chantres sont de race divine, ils possèdent le seul talent incontestable dont le ciel ait fait présent à la terre.
Page 160 - Hymette : les corneilles qui nichent autour de la citadelle, mais qui ne franchissent jamais son sommet, planaient au-dessous de nous ; leurs ailes noires et lustrées étaient glacées de rosé par les premiers reflets du jour; des colonnes de fumée bleue et légère montaient dans l'ombre le long des flancs de l'Hymette...
Page 111 - D'abord il frappe l'écho des brillants éclats du plaisir : le désordre est dans ses chants; il saute du grave à l'aigu, du doux au fort; il fait des pauses; il est lent, il est vif : c'est un cœur que la joie enivre, un cœur qui palpite sous le poids de l'amour.
Page 191 - D'abord les lettres sont longues, vives, multipliées; le jour n'y suffit pas : on écrit au coucher du soleil; on trace quelques mots au clair de la lune, chargeant sa lumière chaste, silencieuse, discrète, de couvrir de sa pudeur mille désirs. On s'est quitté à l'aube; à l'aube on épie la première clarté pour écrire ce que l'on croit avoir oublié de dire.
Page 43 - Quand tu cesseras d'être l'objet de nos sollicitudes, nous aurons cessé de vivre. Si tu savais combien de pleurs tes erreurs ont fait répandre à notre respectable mère, combien elles paraissent déplorables à tout ce qui pense et fait profession non...

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