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Plusque cupit, quo plura suam demittit in alvum.
Utque fretum recipit de totâ flumina terrâ,
Nec satiatur aquis, peregrinosque ebibit amnes;
Utque rapax ignis non unquam alimenta recusat,
Innumerasque faces cremat; et quo copia major
Est data, plura petit; turbâque voracior ipsâ est;
Sic epulas omnes Erisichthonis ora profani
Accipiunt, poscuntque simul. Cibus omnis in illo
Causa cibi est : semperque locus fit inanis edendo.
XX. Varias induendi formas facultatem à
Neptuno impetrat Erisichthonis filia.

JAMQUE fame patrias altique voragine ventris ',
Attenuârat opes: sed inattenuata manebas

Tum quoque,

dira fames, implacatæque vigebat Flamma gulæ. Tandem, demisso in viscera censu, Filia restabat, non illo digna parente:

Hanc quoque vendit inops. Dominum generosa recusat;
Et vicina suas tendens super æquora palmas,

Eripe me domino, qui raptæ præmia nobis
Virginitatis habes, ait. Hæc Neptunus habebat.

Qui, prece non spretâ, quamvis modò visa sequenti

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Quelle poésie ! quelle énergie de style! Après ce que le poète avait déjà dit de la faim dévorante de l'impie, il semble qu'il ne pouvait pas aller au-delà par l'insuffisance des expressions: mais il en crée de nouvelles qui ont plus de force encore, telles que flamma gulæ.

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C'est un gouffre que rien ne peut rassasier;
Lui seul absorbe plus qu'un peuple tout entier.
Pareil à l'Océan, ce réservoir du monde,

Qui plus il boit de flots, plus il a soif de l'onde;
Pareil au feu qui croît plus il a d'aliment,
Et consumant toujours, s'allume en consumant:
Rien ne peut assouvir sa faim insatiable.

Plus il veut l'appaiser, plus elle est implacable.

XX. La fille d'Érésicton obtient de Neptune la
faculté de prendre diverses formes.

CEPENDANT tourmenté de besoins éternels,
Il avait englouti tous ses biens paternels;
Mais sa faim croît toujours. Seul bien dans sa misère,
Sa fille lui restait, digne d'un autre père.

Il la vend elle-même. Un jour au bord des mers,
Supportant à regret la honte de ses fers,

Elle s'écrie: O toi qui m'offris ton hommage,
Neptune, sauve-moi d'un indigne esclavage.
Neptune entend sa plainte, et venge son malheur.
Son maître la suivait; et sous l'air d'un pêcheur,
Cachant ses traits, son sexe, elle échappe à son maître.
Il la voit, il lui parle, et ne peut la connaître.

Vous qui tendez un piége aux avides poissons,
Et suspendez l'amorce au fer des hameçons,

Esset hero, formamque novat, vultumque virilem Induit, et cultus piscem capientibus aptos.

Hanc dominus spectans, O! qui pendentia parvo Æra cibo celas, moderator arundinis, inquit, Sic mare compositum, sic sit tibi piscis in unda Credulus, et nullos, nisi fixus, sentiat hamos: Quæ modò, cum vili turbatis veste capillis, Litore in hoc steterat, nam stantem in litore vidi, Dic ubi sit: neque enim vestigia longiùs exstant. Illa Dei munus bene cedere sentit : et a se Se quæri gaudens, his est resecuta rogantem. Quisquis es, ignoscas : in nullam lumina partem Gurgite ab hoc flexi, studioque operatus inhæsi. Quòque minus dubites, sic has Deus æquoris artes Adjuvet, ut nemo jam dudum litore in isto, Me tamen excepto, nec fœmina constitit ulla. Credidit: et verso dominus pede pressit arenam, Elususque abiit: illi sua reddita forma est. Ast ubi habere suam transformia corpora sentit, Sæpe pater dominis Triopeïda vendit : at illa Nunc equa, nunc ales, modò bos, modò cervus abibat; Præbebatque avido non justa alimenta parenti. Vis tamen illa mali post quàm consumserat omnem Materiam, dederatque gravi nova pabula morbo; Ipse suos artus lacero divellere morsu

Coepit et infelix minuendo corpus alebat.

Lui dit-il, que des eaux la surface tranquille
Vous présente une proie et crédule et facile !
Mais n'auriez-vous pas vue, en longs cheveux épars,
Une esclave, à l'instant cachée à mes regards?
Où puis-je la trouver ? dites-le-moi de grace.
Je cherche, et de ses pas je perds ici la trace.
Surprise qu'il lui parle et la cherche toujours,
Elle a du dieu des flots reconnu le secours.
O qui que vous soyez, s'il faut que je réponde,
Attentif à ma pêche, et l'œil fixé sur l'onde,
Dit-elle, je n'ai vu, fiez-vous à ma foi,

Nul homme sur ces bords, nulle femme que moi.
J'en atteste Neptune et sa faveur puissante
Qui seconde mon art, et sa ruse innocente.

A ces mots il s'éloigne, et marche à pas pressés,
Elle réprend ses traits, et croit ses maux passés.
Mais à peine à son père elle se voit rendue,
Elle est encor vingt fois vendue et revendue.
A-t-elle un nouveau maître? un prestige nouveau
Tantôt la change en cerf, et tantôt en oiseau.
Là, c'est une cavale; ailleurs, une génisse.
On reconnaît enfin son pieux artifice.
Alors manquant de tout, furieux, affamé,
Il se mord, se déchire, et sans fin consumé
D'un mal que le remède irrite plus encore,
Ayant tout dévoré, lui-même il se dévore.

Quid moror externis? etiam mihi sæpe novandì

Corporis, ô juvenes! numero finita potestas.

Nam modò,quod nunc sum, videor: modò flector in anguem.
Armenti modò dux vires in cornua sumo:

Cornua, dum potui: nunc pars caret altera telo
Frontis, ut ipse vides. Gemitus sunt verba secuti '.

Cette douleur d'Achélous amène le récit de son combat avec Hercule, que le dieu du fleuve raconte à la prière de Thésée, et qui commence le livre neuvième.

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