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Bisque datam, primùm partu mox stipite rapto,
Redde animam : vel me fraternis adde sepulcris.
Et cupio, et nequeo. Quid agam? modò vulnera fratrum
Ante oculos mihi sunt, et tantæ cladis imago :
Nunc animum pietas, maternaque nomina frangunt.
Me miseram '! male vincetis: sed vincite, fratres;
Dummodo, quæ dedero vobis solatia, vosque
Ipsa sequar 2.

XI. Mors Meleagri.

DIXIT: dextrâque aversa trementi

3

Funereum torrem medios conjecit in ignes.
Aut dedit, aut visus gemitus est ille dedisse
Stipes: et invitis correptus ab ignibus arsit.
Inscius, atque absens flammâ Meleagros in illâ
Uritur, et cæcis torreri viscera sentit
Ignibus: at magnos superat virtute dolores.
Quod tamen ignavo cadat, et sine sanguine, leto,
Moret et Ancæi felicia vulnera dicit.

:

Grandævumque patrem fratremque, piasque sororeş

'Est exclamatio quá Althæa se ostendit invitam in filii perniciem armari.

2 De consciscendá sibi quoque morte jam cogitat infelix ot soror et mater.

3 Le poète donne ici de la sensibilité à des choses insensibles. Il prête au feu un sentiment de commisération pour Méléagre. Jusqu'où ne va pas l'illusion poétique ?

Sauvé par mon amour, tu vis par mes bienfaits;
Meurs aujourd'hui : reçois le prix de tes forfaits.
Rends-moi ta vie, ingrat; je fus deux fois ta mère :
Ou punis-moi, rejoins la sœur avec le frère.
Ne puis-je me venger? Je le veux ; je le dois.
De mes deux frères morts j'entends gémir la voix.
Mais le cri de mon sang m'ordonne l'indulgence.
Vous l'emportez enfin, haine, fureur, vengeance!
Oui, par la main du fils deux frères égorgés
Vont être par sa mère et suivis et vengés.

XI. Mort de Méléagre.

A ces mots, sur la flamme où sa vengeance est prête, Elle met le tison, en détournant la tête.

Il semble, en pétillant, qu'il se plaint et gémit :
Le brasier s'en émeut, et la flamme frémit.
Méléagre est brûlé par un feu qu'il ignore.
Absent de ce bûcher, son ardeur le dévore.
Ce héros à son mal oppose son grand cœur ;
Et cédant au regret de mourir sans honneur,
S'écrie: Heureux Ancée, ah! je te porte envie !
Une noble blessure a terminé ta vie.

Il gémit sur son sort, et non de ses douleurs.
Sa voix mourante appelle et son frère et ses sœurs,
Et son malheureux père, et sa mère elle-même,
Et toi, jeune beauté, qu'il va perdre et qu'il aime..

Cum gemitu, sociamque tori vocat ore supremo ; Forsitan et matrem. Crescunt ignisque dolorque, Languescuntque iterum : simul est extinctus uterque, Inque leves abiit paulatim spiritus auras.

XII. Meleagri sorores in aves mutato.

ALTA jacet' Calydon : lugent juvenesque senesque.
Vulgusque, proceresque gemunt : scissæque capillos
Planguntur matres Calydonides Eveninæ.
Pulvere canitiem genitor vultusque seniles

Foedat humi fusus, spatiosumque increpat ævum.
Nam de matre manus, diri sibi conscia facti,
Exegit pœnas, acto per viscera ferro.

Non mihi si centum Deus ora sonantia, linguæ
Ingeniumque capax, totumque Helicona dedisset;
Tristia persequerer miserarum dicta sororum.
Immemores decoris, liventia pectora tundunt;
Dumque manet corpus, corpus refoventque foventque;
Oscula dant ipsi, posito dant oscula lecto.
Post cinerem, cineres haustos ad pectora pressant :
Affusæque jacent tumulo: signataque saxo
Nomina complexæ, lacrymas in nomina fundunt.
Quas, Parthaoniæ tandem Latoïa clade

› Morore ex morte Meleagri concepto cecidisse ac jacere videbatur Calydon, quæ paulò ante virtute ipsius alta potensque

erat.

Son mal secret s'accroît de momens en momens,
Et le feu redoublé redouble ses tourmens,
Sa vie et le tison s'éteignent, et son ame

En légère vapeur s'exhale avec la flamme.

XII. Les sœurs de Méléagre changées en Oiseaux.

QUEL deuil pour Calydon! femmes, enfans, vieillards,
De cris et de sanglots ont rempli les remparts.
Son vieux père, le front roulé dans la poussière,
Accuse de ses ans la trop longue carrière.
Sa mère, d'un poignard qu'aiguise le remord,
Arme sa main coupable, et se donne la mort.
Non: quand j'aurais reçu du dieu de l'harmonie
Cent bouches et cent voix, tous les dons du génie,
Je ne pourrais encor vous peindre de ses sœurs
Et les soupirs plaintifs, et les tendres douleurs.
On les voit outrager leurs cheveux et leurs charmes,
Se pencher sur son corps, l'arroser de leurs larmes,
Couvrir de leurs baisers son front pâle et glacé,
Et le bûcher funèbre où leur frère est placé.

Quand il n'est plus que cendre, on les voit sur sa cendre
Pleurer, gémir encor, sur sa tombe s'étendre,
Et sur le marbre froid qui reste à leurs douleurs,.
Baiser encor son nom et le baigner de pleurs.

Diane est trop vengée, et son courroux se lasse.
Elle a du triste Enée assez puni la race.

Exsatiata domûs, præter Gorgenque, nurumque Nobilis Alcmenæ, natis in corpore pennis Allevat; et longas per brachia porrigit alas : Corneaque ora facit; versasque per aëra mittit.

XIII. Nayades mutata in insulas.

2

INTEREA Theseus, sociati parte laboris ' Functus, Erechthêas Tritonidos ibat ad arces. Clausit iter, fecitque moras Acheloüs * eunti, Imbre tumens. Succede meis, ait, inclyte, tectis, Cecropida; nec te committe rapacibus undis. Ferre trabes solidas, obliquaque volvere magno Murmure saxa solent. Vidi contermina ripa Cum gregibus stabula alta trahi: nec fortibus illic Profuit armentis, nec equis velocibus esse. Multa quoque hic torrens, nivibus de monte solutis Corpora turbineo juvenilia vortice mersit. Tutior est requies, solito dum flumina currant Limite; dum tenues capiat suus alveus undas.

1 Mirá phantasiá quinque Naïadum transmutationem in insulas cum superiore fabulá poëta connectit. Farnabe.

2 Faut-il prononcer en français Achéloüs, ou bien Akéloüs, comme en latin? Quoique l'usage ait voulu que nous prononcions Chiron, Achéron, je crois que l'articulation latine est préférable pour ce nom, et je la crois même la plus usitée. Au surplus, Achéloüs, au rapport d'Hésiode, était fils de l'Océan, et, selon d'autres, du Soleil et de la Terre.

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