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D'un tribut odieux Athène enfin vengée,

Couronne les exploits de l'heureux fils d'Egée.
On honore, en son nom, tous les dieux protecteurs;
Les temples sont ornés de festons et de fleurs.
On invoque Pallas, déesse de la guerre,
Et le grand Jupiter, le maître du tonnerre.
On charge les autels d'offrandes, de présens,
Et de cent vases d'or où fume un pur encens.

VII. Le Sanglier de Calydon.

SES exploits ont au loin semé sa renommée;
Et dans de grands périls l'Achaïe alarmée
N'avait pas vainement imploré son secours.
A sa valeur encor Calydon a recours;
Elle que d'un héros rassure la présence,
Et qui voit Méléagre armé pour sa défense.

Un monstre destructeur par Diane envoyé,
Un sanglier vengeur de son culte oublié,
Ravageait en ce tems les campagnes d'Enée.
Abondamment comblé des faveurs de l'année,
Il offrit à Cérès les prémices des grains,
A Minerve l'olive, à Bacchus les raisins.
Après les déités aux récoltes propices,
Chacun des dieux encore obtint des sacrifices;
Diane seule a vu déserter ses autels.

Le fiel aigrit aussi le cœur des immortels.

Tangit et ira Deos. At non impune feremus;
Quæque inhonoratæ, non et dicemur inultæ,
Inquit: et ŒEnêos ultorem spreta per agros
Misit aprum, quanto majores herbida tauros '
Non habet Epiros; sed habent Sicula arva minores.
Sanguine et igne micant oculi, riget ardua cervix;
Et setæ densis similes hastilibus horrent :
Stantque velut vallum, velut alta hastilia setæ.
Fervida cum rauco latos stridore per armos
Spuma fluit: dentes æquantur dentibus Indis.
Fulmen ab ore venit: frondes afflatibus ardent.
Is modò crescenti segetes proculcat in herbâ;
Nec matura metit fleturi vota coloni,

Et Cererem in spicis intercipit. Area frustrà,
Et frustrà exspectant promissas horrea messes.
Sternuntur gravidi longo cum palmite foetus,
Baccaque cum ramis semper frondentis oliva.
Sævit et in pecudes: non has pastorve canesve,
Non armenta truces possunt defendere tauri.

VIII. Meleager et Atalanta.

DIFFUGIUNT populi; nec se, nisi moenibus urbis, Esse putant tutos : donec Meleagros, et unà

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Callimaque, dans son hymne en l'honneur de Diane, parle des taureaux de l'Epire, si renommés, dit-il, pour tracer les plus pénibles sillons.

Quoi donc ? impunément souffrirai-je une offense, Dit-elle ? On vit l'insulte: on verra la vengeance. Soudain un sanglier, vengeur de ce mépris,

Au loin couvre les champs de morts et de débris.
Monstre égal en grosseur aux taureaux de l'Epire,
Il surpasse les boeufs que la Sicile admire.

Un feu rouge de sang jaillit de ses regards.
Vous croiriez que son dos se hérisse de dards.
Son oreille se dresse : une sueur fumante
Noircit les crins hideux de sa hure écumante.
Sa gueule, qui rugit, vomit des feux ardens;
Les dents de l'éléphant n'égalent point ses dents.
Destructeur ennemi de Cérès et de Flore,
Il saccage les blés ou mûrs ou près d'éclore:
Et l'aire, où le fléau dépouille les épis,
Attend en vain les dons que la gerbe a promis.
Il renverse les ceps et les grappes pendantes,
Et les rameaux chargés d'olives abondantes.
Mais c'est peu du dégât des champs et des vergers:
Il poursuit les troupeaux; les chiens et les bergers
Reculent à l'aspect de ce monstre sauvage;
Le taureau le plus fier n'ose affronter sa rage.

VIII. Méléagre et Atalante.

La terreur se répand: on fuit de toutes parts. Il n'est d'asyle sûr qu'à l'abri des remparts.

Lecta manus juvenum coïêre cupidine laudis.
Tyndaridæ gemini, spectatus cæstibus alter,
Alter equo; primæque ratis molitor Iason,
Et cum Pirithoo felix concordia Theseus,
Et duo Thestiada ', prolesque Aphareïa Lynceus,
Et velox Idas; et jam non fœmina Cæneus,
Leucippusque ferox, jaculoque insignis Acastus,
Hippothoosq; Dryasq; et cretus Amyntore Phoenix,
Actoridæque pares, et missus ab Elide Phyleus.
Nec Telamon aberat, magnique creator Achillis:
Cumque Pheretiade et Hyanteo Iolao

Impiger Eurytion, et cursu invictus Echion,
Naryciusq; Lelex, Panopeusq; Hyleusq; feroxque
Hippasus, et primis etiamnum Nestor in armis.
Et quos Hippocoon antiquis misit Amyclis;
Penelopesque socer, cum Parrhasio Ancæo,
Ampycidesque sagax, et adhuc a conjuge tutus
ŒEclides, nemorisque decus Tegeæa * Lycei.
Rasilis huic summam mordebat fibula vestem;
Crinis erat simplex, nodum collectus in unum.
Ex humero pendens resonabat eburnea lævo
Telorum custos: arcum quoque læva tenebat.

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1 Toxée et Plexippe, fils de Thestie, et frères d'Altée, mère de Méléagre.

• Tegeœa, Atalante, originaire de la ville de Tégée, en Arcadie. Le portrait de cette chasseresse termine avec grace l'énumé ration des héros de la Grèce.

Méléagre rassemble une illustre jeunesse,
Elite des héros qu'avait nourris la Grèce.
Tous montrent pour la gloire une noble chaleur,
Les deux fils de Léda, gémeaux pleins de valeur,
Jason, qui d'Iolcos parti sur un navire,
Voyagea le premier sur le liquide empire,
Thésée et son ami, le grand Pirithoüs,
Lyncée aux yeux perçans, Hylée, Hippotoüs,
Idas aux piés légers, et Phénix, et Leucipe,
Et les deux fils d'Actor, et Toxée, et Plexipe,
Echion si fameux à la course des chars,

Et le devin Mopsès, toujours sûr de ses dards,
Coenée aux blonds cheveux, au courage intrépide,
Coenée, homme aujourd'hui, jadis femme timide,
Hippase adroit à l'arc, les fils d'Hippocoon,
Et Nestor jeune alors, Laërte, Télamon,
Et le roi de Phérès, et le père d'Achille,
Et Lélex de Trézène, et l'époux d'Eriphile.

Ancée, Erition, Panopée, Ioalas,

Comme eux cherchent la gloire, et marchent sur leurs pas. Toi, l'honneur du Tégée, à leur troupe brillante,

Tu viens t'associer, jeune et belle Atalante,

L'or d'une simple agrafe, un noeud sans ornemens,
Relèvent tes cheveux et tes longs vêtemens.

A ton dos attaché pend un carquois d'ivoire;
Et ta main tient un arc, instrument de ta gloire.

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