TABLE DES MATIÈRES CONTENUE DANS L'APOLOGIE. Premier discours. - Du mysticisme, de la scolastique et Deuxième discours. De la méthode soi-disant pré conceptive, autrement appelée in tuition immédiate, et Quatrième discours. De la certitude matérielle, ou 444 151 205 DU MYSTICISME, DE LA SCOLASTIQUE ET DE LA SYNTHÈSE. Frustra magnum exspectatur augmentum in scientiis ex superinductione et insitione novorum super vetera: sed instauratio facienda est ab imis fundamentis, nisi libeat perpetuò circumvolvi in orbem, cum exili et contemnendo progressu. (BACON, Nov. org. XXXI.) Messieurs, Un grand poëte de l'antiquité, Lucrèce, caractérisait ainsi l'objet de la saine philosophie: Savoir en quoi consiste la nature de l'esprit humain, par quels moyens tout s'opère, et par quelle puissance tout est dirigé en ce monde : Unde animi constet natura videndum est; Qua fiant ratione, et qua vi quæque gerantur En limitant ces expressions du poëte-philosophe à leur véritable sens, on voit que, par ces mots, animi natura, qua ratione, quâ vi, Lucrèce ne désigne pas autre chose que les besoins, les facultés, les opérations et les découvertes de l'homme sur la terre; c'est-àdire qu'il borne la vraie philosophie à l'étude des puissances et des moyens mis en jeu dans l'homme pour l'acquisition de ses idées ou connaissances, et pour la satisfaction de ses besoins de tout genre, besoins sensuels, besoins intellectuels et besoins moraux, ou, ce qui revient au même, pour l'enfantement et le progrès des arts, des sciences, des mœurs et des lois; et Lucrèce a dit vrai, messieurs! C'est qu'en effet la logique ou grammaire universelle, appliquée aux sciences en général et particulièrement à la morale et à la législation, est uniquement ce qui constitue la vraie philosophie. Le mot métaphysique, dont l'emploi est légitime et raisonnable, quand il sert à nommer la science qui a pour objet les facultés et les idées considérées dans leurs origines prochaines et secondaires, et dans leur génération saisissable, ainsi que les signes du langage considérés dans leurs rapports avec la pensée, ce mot métaphysique n'est plus que la dénomination d'une science en l'air, d'une prétendue science qui excite à bon droit la risée et le mépris des sages, quand on prétend l'appliquer à un ordre de choses dont la connaissance échappe à jamais aux investigations de l'esprit humain. Mais l'esprit humain, s'étudiant lui-même, doit-il procéder autrement que l'esprit humain étudiant les |