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puissances ou une puissance au-dessus de la sienne. Un nombre innombrable de sensations comparées et réitérées lui avait donné déjà les notions de cause et d'effet. Il s'appréciait d'ailleurs lui-même comme cause intelligente, lorsqu'il agissait sur les divers objets soumis à sa puissance, et qu'il venait à bout de leur imprimer quelques nouvelles manières d'être. Il dut naturellement en inférer que des intelligences de la même nature que la sienne, opéraient tous les phénomènes qu'il sentait hors de sa portée. Son imagination mit alors des dieux partout, sur la terre et sous les eaux, comme dans les cieux; et le sentiment de sa propre faiblesse le porta naturellement à les adorer, c'est-à-dire à leur offrir en don une partie des fruits de son travail, en les suppliant d'apaiser pour lui leur colère, et de le protéger.

Or ce sentiment du lien de dépendance qui nous rattache ainsi à quelque puissance supérieure à nous, est précisément ce qu'on nomme religion, mot qui vient de religare, lier, rattacher, unir. Ce sentiment est dans la nature de l'homme; aussi tous les peuples ont eu des croyances et un culte auquel leurs moeurs et leurs institutions devaient se rattacher essentiellement.

Mais on comprend pourquoi le polythéisme

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devait être la religion de ces peuples à leur berceau.

Privés du flambeau de la révélation, ils n'avaient pu acquérir par préjugé la notion de l'unité divine; et leur puissance intellectuelle était trop bornée encore pour arriver à cette grande notion par l'expérience et par le raison

nement.

A leurs yeux, chaque phénomène avait donc son origine à part; et ils étaient incapables de ramener toutes ces origines à une seule. Combien peu d'esprits, même de nos jours, sont à la hauteur de cette idée!

Idéalisme, Unité, Christianisme, ces trois mots n'expriment qu'une même chose.

J'ai prouvé que l'Idéalisme et l'Unité se confon

dent. Plus tard il sera donné à d'autres qu'à moi de prouver que le Catholicisme n'est que l'Idéa

lisme et l'Unité.

Alors viendra la justification rationnelle de cet heureux préjugé, base de toute morale populaire, de cette croyance consolatrice, de cette religion toute de lumière, de mansuétude et de pureté, religion souillée tant de fois et défigurée de tant de manières par l'ignorance et par les passions humaines. Alors finiront tous les malentendus et toutes les intolérances. Alors finiront

tant de méfaits et tant de malheurs qui presque tous ont leur principe dans l'oubli de la religion.

En terminant ce livre, que je donne avec confiance pour une œuvre d'indépendance et de bonne foi, et qui n'en deviendra pas moins, pour quelques esprits prévenus, un vaste sujet d'incriminations, qu'il me soit permis de hasarder un vou, que d'autres déjà ont émis avant moi.

C'est qu'un concile général s'assemble, et que les représentans de toutes les communions chrétiennes y soient appelés. Là pourraient se décider toutes les grandes questions sociales; c'est de là enfin que sortirait peut-être cette unité religieuse et politique, si désirable pour le repos et et pour

la liberté du monde !

FIN DE LA QUATRIÈME et derNIÈRE PARTIE.

TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES

DANS CE VOLUME.

DEUXIÈME PARTIE.

L'ÉTHIQUE.

DES IDÉES MORALES ET DU PRINCIPE D'ACTION.

Pages.

CHAP. Ier. Origine des idées morales et des sen

CHAP. II.

timens moraux.

De la transformation des idées mo

rales en lois politiques...

CHAP. III. De la moralité des actions humaines, du principe de famille et de la na

ture des affections morales......

principe de propriété...

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23

29

34

CHAP. V. De la souveraineté...

CHAP. VI. La patrie.......

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