Correspondance générale de J.-J. Rousseau, Volume 5

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A. Colin, 1926

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Page 133 - ... accompagneront dans mon pays. Je vous hais, enfin, puisque vous l'avez voulu ; mais je vous hais en homme encore plus digne de vous aimer, si vous l'aviez voulu. De tous les sentiments dont mon cœur était pénétré pour vous, il n'y reste que l'admiration qu'on ne peut refuser à votre beau génie et l'amour de vos écrits. Si je ne puis honorer en vous que vos talents, ce n'est pas ma faute. Je ne manquerai jamais au respect qui leur est dû, ni aux procédés que ce respect exige. Adieu,...
Page 32 - Vous me parlez de ce Voltaire! Pourquoi le nom de ce baladin souille-t-il vos lettres? Le malheureux a perdu ma patrie ; je le haïrois davantage si je le méprisois moins.
Page 133 - ... c'est vous qui me rendez le séjour de mon pays insupportable; c'est vous qui me ferez mourir en terre étrangère, privé de toutes les consolations des mourants, et jeté, pour tout honneur, dans une voirie, tandis que tous les honneurs qu'un homme peut attendre vous accompagneront dans mon pays.
Page 42 - N'apprendrez -vous jamais qu'il faut expliquer les discours d'un homme par son caractère, et non son caractère par ses discours? Celui qui se sent sûr de lui est peu soigneux de donner un sens clair à ses paroles; il n'a pas peur qu'on ait le droit de s'y tromper; mais malheur à qui s'y trompe!
Page 227 - France, et ce ne serait point une infraction aux engagements pris avec votre libraire. Au lieu de cela le gouvernement de France veut que vous ayez le même avantage sur les éditions qui se feront en France que sur celles de Hollande. C'est un bénéfice qui vous appartient, qui est le prix de votre travail et qui ne fait aucun tort à Rey puisque cette réimpression, qu'il appelle contref action, se ferait de même sans votre consentement.
Page 267 - Ce fanfaron d'impiété, ce beau génie et cette âme basse, cet homme si grand par ses talens et si vil par leur usage, nous laissera de longs et cruels souvenirs de son séjour parmi nous. La ruine des mœurs, la perte de la liberté qui en est la suite inévitable, seront chez nos neveux les monumens de sa gloire et de sa reconnoissance. S'il reste dans leur cœur quelque amour pour la patrie, ils détesteront sa mémoire et il en sera plus souvent maudit qu'admiré.
Page 248 - C'est une accusation à laquelle vous dev^z prendre garde de donner lieu, dans la crainte qu'elle n'obscurcisse l'éclat de votre vertu, et qu'elle ne l'empêche de produire tout l'effet dont elle serait capable sans cela. Pensez-y bien, monsieur, peut-on regarder comme un présent qui tire à conséquence quelques pièces de gibier envoyées par M. le prince de Conti? Ce sont de simples marques de son estime, honorables par cette raison et nullement profitables. Fabius et Régulus les eussent acceptées...
Page 241 - ... prétends à mieux qu'à être une bonne femme ; je fais cas de cette qualité, je borne toute mon ambition à la mériter et à trouver quelqu'un assez vrai pour me dire les choses qui m'en écartent. « Je crois vous avoir écrit, monsieur, que je désirais perdre avec vous le .titre de connaissance ; vous m'avez fait l'honneur de me dire que vous vouliez des années pour éprouver vos amis : il y en a si peu que j'ai celui d'être connue de vous, et je suis si peu habituée à obtenir les...
Page 248 - Monsieur je le regarde8 comme une qualité nécessaire et flatteuse a trouver chez ses* amis, les personnes si modérées, si désintéressées, et si justes dans l'amitié sont ordinairement peu sensibles, bien loin donc de trouver mauvais que vous vous soyez un peu fâché contre moy, je vous en remercie, et tout ce que je regrette c'est de vous avoir causé involontairement quelque peine.
Page 241 - ... de connaissance; vous m'avez fait l'honneur de me dire que vous vouliez des années pour éprouver vos amis. Il y en a si peu que j'ai celui d'être connue de vous, et je suis si peu habituée à obtenir les choses que je désire, que je n'ai pas osé me nommer autrement que votre connaissance. Ce n'est pas que je n'aie la date d'un ancien attachement ; vous me l'aviez inspiré avant de vous avoir vu, et, quoi que vous en disiez, vous ne perdez pas dans le commerce. Ce n'est pas les charmes de...

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