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DE PERSE

TRADUITES EN VERS FRANÇAIS

PAR

AUGUSTE DESPORTES.

Multum et veræ gloriæ, quamyis uno libro, Persius meruit.

QUINTIL., Instit. Orat.

PARIS.

L. HACHETTE,

LIBRAIRE DE L'UNIVERSITÉ ROYALE DE FRANCE,

RUE PIERRE-SARRAZIN, 12.

M DCCC XLI.

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INTRODUCTION.

Les lettres grecques et latines, au moment où elles apparurent au sein des sociétés modernes, furent l'objet d'une admiration naïve et passionnée qui n'admettait ni la critique ni l'examen. C'était un culte dans sa première ferveur. D'ailleurs, beaucoup de reconnaissance se mêlait à cette admiration. On comprend sans peine de tels sentiments de la part de nos ancêtres, sortant des ténèbres du moyen âge, et retrouvant dans les débris de l'antiquité ses deux plus belles langues; s'initiant par elles à la vie intellectuelle et morale

des siècles passés, recueillant ainsi tout l'héritage du savoir et de la sagesse humaine, et renouant la chaîne de la civilisation interrompue par la barbarie. Le nom de Renaissance donné à cette époque la caractérise très exactement. Partout où s'éveilla alors le goût des lettres, on se fit Grec et Romain. Les nations modernes perdirent, à ce contact de l'antiquité, quelque chose de leur physionomie native, de leur personnalité originale; des traces profondes de l'imitation à laquelle elles se vouèrent, se montrent encore dans nos littératures; mais qui donc, après tout, oserait s'en plaindre trop amèrement, et qui pourrait nous dire combien de temps l'art moderne eût mis à se former sans les heureux modèles de l'art antique?

Au commencement de ce travail de régénération intellectuelle on admirait tout chez les anciens, comme on vient de le dire. C'était le temps des gloses, des scholies et des commentaires sans fin, travaux utiles mais sans goût, honorés par les faiseurs. eux-mêmes du nom d'illustrations; c'était le temps des interprétations écrites dans la langue même de l'auteur qu'on voulait faire connaître. Peu à peu cependant la langue nationale intervint dans ces patientes et laborieuses études; la méthode, l'esprit d'analyse et de critique s'y montrèrent à leur tour, et l'on

commença à marcher avec quelque indépendance. L'admiration banale qui jusque-là s'était attachée à toute œuvre du génie antique, fit place à un sentiment éclairé de l'art, à une appréciation intelligente et raisonnée qui signalait les beautés, notait les écarts et les fautes. Le goût enfin s'était formé : si bien que les décisions littéraires des derniers temps de cette ferveur classique ont été rarement contredites dans le nôtre.

Cependant un poète qui écrivait à l'époque de la décadence des lettres à Rome, Perse, par une exception presque unique, ne reçut pas, au moment de leur renaissance parmi nous, et n'a pas obtenu depuis, une place définitive dans la grande famille des auteurs latins. Sa valeur littéraire est encore un sujet de controverse. Perse, en un mot, est venu jusqu'à nous. menant à sa suite un nombre à peu près égal de détracteurs outrés et d'admirateurs fanatiques. A voir la diversité si marquée de ces opinions, on pourrait penser tout d'abord que le caractère des ouvrages de Perse est tellement extraordinaire, qu'il n'est pas possible de juger cet auteur par les règles communes de la critique; mais ce serait mal reconnaître la véritable cause de ces dissentiments. Perse est quelquefois bizarre, il est vrai, mais il ne sort pas généralement des formes littéraires consacrées. Ce qui en fait un

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