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sant pas avoir été employé comme supin de ferre. Monti a écrit aussi farto.

(20)

Auro.

ovato.

Ovato, qui a été porté en triomphe, c'est-à-dire, provenant du butin fait sur les ennemis. On trouve plus souvent triumphatum que ovatum. Notre Auteur n'a voulu parler ici que du petit triomphe appelé ovatio, d'ovis brebis, parce qu'on le célébrait par un sacrifice de brebis, tandis qu'on faisait pour le grand triomphe un sacrifice de boeufs.

Pour bien comprendre ce passage il faut savoir que les Romains employaient souvent à la construction ou à la décoration des temples, et à l'érection de statues en l'honneur des Dieux, le prix des dépouilles ennemies. Aulu-Gelle (lib. xi, cap. xxiv) parle de statues dorées avec cette inscription sur le socle: E MANUBIIS. In fastigiis fori Trajani simulacra sunt sita circum undique inaurala equorum atque signorum militarium subscriptumque est, e manubiis.

Notre colonne triomphale de la place Vendôme porte une inscription plus noble et plus fière: Ex ære capto.

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J'ai adopté l'opinion le plus généralement suivie, qui voit dans ces frères d'airain les cinquante fils d'Egyptus. Suivant une autre opinion il faut entendre par fratres ahenos tous les dieux en général. Cette dernière interprétation est celle d'un des plus habiles traducteurs de Perse, le poète Monti. Jetraduis ici sa note sur ce

a

passage: Un grand nombre d'interprètes ont entendu par fratres ahenos les cinquante fils d'Egyptus, dont les statues de bronze décoraient le portique du temple d'Apollon Palatin. On sait que quelques uns d'entre ces dieux avaient la réputation d'envoyer des songes véridiques. Je crains que le désir de faire preuve d'érudition n'ait détourné les commentateurs du vrai sens de ce passage. Les mots sit illis aurea barba me font penser que Perse avait en vue des divinités plus importantes et plus en crédit que les fils d'Egyptus. La mythologie ne nous les montre nulle part comme jouissant des honneurs divins, et, si je ne me trompe, on n'a jamais attribué à ces dieux bâtards une puissance telle qu'ils pussent inspirer beaucoup de confiance à ceux qui plaçaient leurs vœux et leurs espérances sous ce patronage. La superstition ne dore pas la barbe à de pauvres demi-dieux, à des divinités qui n'ont pas les bras longs (ai numi di braccio corto) et, par ces raisons, je me range à l'avis de ceux qui prennent les fratres ahenos pour tous les dieux en général. ›

D

Je remarque en passant qu'un grand nombre de traducteurs français, entre autres Le Monnier et Sélis, disent songes véritables au lieu de songes vrais ou véridiques. Songes véritables ne veut pas dire des songes qui annoncent, qui révèlent la vérité, comme l'exige le sens des vers latins.

(22) Somnia pituita qui purgatissima mittunt.

Les anciens n'ajoutaient pas foi à toute sorte de songes. Ceux qui avaient lieu pendant le premier sommeil, quand la digestion n'était pas faite encore, et ceux qu'on avait étant malade, ægre somnia, comme dit Horace, étaient réputés l'effet du mouvement

des humeurs et des vapeurs de l'estomac ; ils ne méritaient aucune croyance. Mais ils tenaient pour vrais et regardaient comme des avertissements des Dieux les songes qui naissaient pendant la seconde moitié de la nuit, vers le matin. Ce sont ces songes que Perse appelle somnia pituita purgatissima.

La distinction des songes vrais ou véridiques et des songes menteurs se trouve dans ces vers de Virgile:

Sunt geminæ Somni portæ quarum altera fertur
Cornea, qua veris facilis datur exitus umbris;
Altera candenti perfecta nitens elephanto,
Sed falsa ad coelum mittunt insomnia manes.

Eneis, lib. vi.

(23) Aurum vasa Numæ, Saturniaque impulit æra,
Vestalesque urnas, et Tuscum fictile mutat.

Perse regrette l'antique simplicité des mœurs romaines et ces temps où Numa se servait de vases de terre pour les sacrifices. Cicéron et Pline ont plus d'une fois opposé, comme Perse le fait ici, la pauvreté si respectable de la naissante république à la corruption de leur siècle. Cette opposition se trouve aussi indiquée dans ces vers de La Fontaine où respire un charme si doux :

Jamais le ciel ne fut aux humains si facile
Que quand Jupiter même était de simple bois;
Depuis qu'on l'a fait d'or, il est sourd à nos voix.

(PHILEMON ET BAUCIS.)

Leur Jupiter, au temps du bon roi Tulle,
Était de bois; il fut d'or sous Luculle.

VOLTAIRE, le Mondain.

Comme ils'agit uniquement dans ce passage du culte des dieux,

je crois, malgré l'autorité de Casaubon, de Le Monnier et d'A

passage: Un grand nombre d'interprètes ont entendu par fratres ahenos les cinquante fils d'Egyptus, dont les statues de bronze décoraient le portique du temple d'Apollon Palatin. On sait que quelques uns d'entre ces dieux avaient la réputation d'envoyer des songes véridiques. Je crains que le désir de faire preuve d'érudition n'ait détourné les commentateurs du vrai sens de ce passage. Les mots sit illis aurea barba me font penser que Perse avait en vue des divinités plus importantes et plus en crédit que les fils d'Egyptus. La mythologie ne nous les montre nulle part comme jouissant des honneurs divins, et, si je ne me trompe, on n'a jamais attribué à ces dieux bâtards une puissance telle qu'ils pussent inspirer beaucoup de confiance à ceux qui plaçaient leurs vœux et leurs espérances sous ce patronage. La superstition ne dore pas la barbe à de pauvres demi-dieux, à des divinités qui n'ont pas les bras longs (ai numi di braccio corto) et, par ces raisons, je me range à l'avis de ceux qui prennent les fratres ahenos pour tous les dieux en général. >

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Je remarque en passant qu'un grand nombre de traducteurs français, entre autres Le Monnier et Sélis, disent songes véritables au lieu de songes vrais ou véridiques. Songes véritables ne veut pas dire des songes qui annoncent, qui révèlent la vérité, comme l'exige le sens des vers latins.

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(22) Somnia pituita qui purgatissima mittunt.

Les anciens n'ajoutaient pas foi à toute sorte de songes. Ceux qui avaient lieu pendant le premier sommeil, quand la digestion n'était pas faite encore, et ceux qu'on avait étant malade, ægre somnia, comme dit Horace, étaient réputés l'effet du mouvement

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des humeurs et des vapeurs de l'estomac ; ils ne méritaient aucune croyance. Mais ils tenaient pour vrais et regardaient comme des avertissements des Dieux les songes qui naissaient pendant la seconde moitié de la nuit, vers le matin. Ce sont ces songes que Perse appelle somnia pituita purgatissima.

La distinction des songes vrais ou véridiques et des songes menteurs se trouve dans ces vers de Virgile :

Sunt geminæ Somni portæ quarum altera fertur
Cornea, qua veris facilis datur exitus umbris;
Altera candenti perfecta nitens elephanto,
Sed falsa ad coelum mittunt insomnia manes.

Eneis, lib. vi.'

(23) Aurum vasa Numæ, Saturniaque impulit æra,
Vestalesque urnas, et Tuscum fictile mutat.

Perse regrette l'antique simplicité des mœurs romaines et ces temps où Numa se servait de vases de terre pour les sacrifices. Cicéron et Pline ont plus d'une fois opposé, comme Perse le fait ici, la pauvreté si respectable de la naissante république à la corruption de leur siècle. Cette opposition se trouve aussi indiquée dans ces vers de La Fontaine où respire un charme si doux :

Jamais le ciel ne fut aux humains si facile
Que quand Jupiter même était de simple bois;
Depuis qu'on l'a fait d'or, il est sourd à nos voix.

(PHILEMON ET Baucis.)

Leur Jupiter, au temps du bon roi Tulle,
Était de bois; il fut d'or sous Luculle.

VOLTAIRE, le Mondain.

Comme ils'agit uniquement dans ce passage du culte des dieux,

je crois, malgré l'autorité de Casaubon, de Le Monnier et d'A

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