Oeuvres de Fénélon, Volume 1

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Page 87 - Ainsi , ce qui paraît le plus à nous , et être le fond de nousmêmes , je veux dire notre raison , est ce qui nous est le moins propre , et qu'on doit croire le plus emprunté. Nous recevons sans cesse et à tout moment une raison supérieure à nous, comme nous respirons sans cesse l'air, qui est un corps étranger, ou comme nous voyons sans cessé tous les objets voisins de nous à la lumière du soleil , dont les rayons sont des corps étrangers à nos yeux.
Page 91 - A un soleil des esprits, qui les éclaire tous, beaucoup mieux que le soleil visible n'éclaire les corps : ce soleil des esprits nous donne tout ensemble et sa lumière et l'amour de sa lumière pour la chercher. Ce soleil de vérité ne laisse aucune ombre, et il luit en même temps dans les deux hémisphères : il brille autant sur nous la nuit que le jour : ce n'est point au dehors qu'il répand ses rayons; il habite en chacun de nous.
Page 23 - Tantôt nous voyons un azur sombre, où les feux les plus purs étincellent; tantôt nous voyons dans un ciel tempéré les plus douces couleurs, avec des nuances que la peinture ne peut imiter ; tantôt nous voyons des nuages de toutes les figures et de toutes les couleurs les plus vives , qui changent à chaque moment cette décoration par les plus beaux accidents de lumière.
Page 24 - Mais, outre ce cours si constant qui forme les jours et les nuits, le soleil nous en montre un autre par lequel il s'approche pendant six mois d'un pôle, et au bout de six mois revient avec la même diligence sur ses pas pour visiter l'autre. Ce bel ordre fait qu'un seul soleil suffit à toute la terre.
Page 181 - Les voilà donc ces idées ou notions générales que je ne puis ni contredire ni examiner, suivant lesquelles, au contraire, j'examine et je décide tout, en sorte que je ris au lieu de répondre, toutes les fois qu'on me propose ce qui est clairement opposé à ce que ces idées immuables me représentent.
Page 114 - Dirait-il aussitôt : Les hommes n'ont jamais habité ces lieux; aucune main d'homme n'a travaillé ici ; c'est le hasard qui a formé ces colonnes, qui les a posées sur leurs piédestaux, et qui les a couronnées de leurs chapiteaux avec des proportions si justes; c'est le hasard qui a lié si solidement les morceaux dont ces pyramides sont composées ; c'est le hasard qui a taillé ces obélisques d'une seule pierre, et qui...
Page 219 - ... les esprits, tout ce qu'il ya de réel et de positif dans les corps, tout ce qu'il ya de réel et de positif dans les essences de toutes les autres créatures possibles, dont je n'ai point d'idée distiacte.
Page 19 - Qui est-ce qui a su prendre des mesures si justes dans des corps immenses ? Qui est-ce qui a su éviter le trop et le trop peu ? Quel doigt a marqué à la mer la borne immobile qu'elle doit respecter dans la suite de tous les siècles, en lui disant : " Là, vous viendrez briser l'orgueil de vos vagues !" Mais ces Eaux si coulantes deviennent tout à coup, pendant l'hiver, dures comme des rochers.
Page 135 - C'est un mélange incompréhensible de bassesse et de grandeur, de fragilité dans la matière, et d'art dans la façon. La main de Dieu éclate partout, jusque dans un ver de terre. Le néant se fait sentir partout, jusque dans les plus vastes et les plus sublimes génies. Tout ce qui n'est point Dieu ne peut avoir qu'une perfection bornée, et...
Page 93 - ... n'admet, et ne peut rien admettre du dehors, sans le trouver aussi dans son propre fonds, en consultant au -dedans de soi les principes de la raison, pour voir si ce qu'on lui dit y répugne. Il ya donc une école intérieure où l'homme recoit ce qiTil ne peut ni se donner, ni attendre des autres hommes qui vivent d'emprunt comme lui.