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Est igitur officii nostri, quibus alma studiorum parens universitas publicam docendi provinciam imposuit, illius nomine et jussu tanquam in excubiis stare vigiles et arrectos, ne præclarum illud nationis nostræ bonum in ipsa stirpe degeneret ne juvenes recentis lasciviæ deliciis capti, pro solido ingenii fructu nitentes flosculos adament: ne, ut sunt improvidi et inanibus faciles, fallacibus insidiis, quæ sæpè sub grandium nominum obtentu latent, deludi se patiantur. Nam tenduntur undique puerorum ingeniis insidiæ, nisi curæ sit nobis eos contra gliscentem pravorum judiciorum corruptelam assidui lectione veterum, necnon et recentium in quibus pariter succus ille et sanguis incorruptus sanioris eloquentiæ vigeat, velut sepimento munire.

Has academici, muneris partes nullo non tempore tentarunt tueri diligenter periti, quibus semper floruit universitas, magistri. Sed fatendum est acriores multò quàm anteà industriæ faces exarsisse, ex quo Ludovicus xv, constituta apud nos gratuita juventutis educatione, novum se conditorem universitatis litterarumque et hominum litteratorum munificum parentem professus est. Nová indè nobis animorum alacritas, novi spiritus accesserunt. Suppudebat nos, litteraturæ, eloquentiæ, philosophie, hoc est ingenuarum omninò et perliberalium artium magistros, instar mercenariorum, tam nobilem operam vendere, et aliam à discipulis, quàm quæ à gratæ voluntatis affectu proficiscitur, exigere mercedem ejusmodi laboris, quem nec perire oportet, nec decet venire. Ab hac nos indecora servitutis molestia tandem aliquandò vindicavit principis optimi propensa in nos

benignitas. His velut illustribus primitiis ineuntis vitæ et regni primordia consecrare voluit, seseque ad benefaciendi consuetudinem tali rudimento exercere. Nondùm maturus ad imperandum, dando cœpit agere. principem. Nondùm habilis sceptro gerendo manus, nec tractandis adhuc armis idonea, largiendo vires suas feliciter experta est.

Eccujus apud nos animum non accendit eccui non acres admovit stimulos tam amari digna, tam digna celebrari omni ævo augusti principis beneficentia? Scriptis hi seu græcè, seu latinè, seu gallicè versibus; orationibus illi palàm habitis diverso tempore; alii editis in lucem varii generis operibus ; omnes, quæ prima et præcipua lex ab universitate nobis imponitur, expletá privatim officii sui vice perdiligenter et perstrenuè pro suis quisque viribus allaborant ut principis optimi beneficium apud benè memores, nec regia benignitate prorsùs indignos, collocatum esse videatur. Liceat mihi quoque pro meo modulo venire in partem communis industriæ et æmulationis, et vectigalis operæ aliquid labori cæterorum adjungere, ut ita sultem pateat quàm sim vobis semperque futurus sim, amplissime rector, alma studiorum parens, sincero grati animi affectu et pleno reverentiæ obsequio addictus ac devotus.

C. ROLLIN, antiquus rector, et emeritus professor eloquentiæ.

LE RECTEUR

ET A L'UNIVERSITÉ,

MÈRE DES SCIENCES.

MONSEIGNEUR,

MESSIEURS,

Rien ne pouvoit être ni plus flatteur ni plus glorieux pour moi que de faire paroître sous vos auspices un ouvrage entrepris principalement par vos ordres. Je souhaitois depuis long-temps de trouver quelque occasion de témoigner publiquement ma vive et sincère reconnoissance pour l'université, que je regarde comme ma mère, et à qui je compte tout devoir après Dieu. Élevé dans son sein dès mon enfance, nourri du lait de sa doctrine, si j'ai acquis quelque connoissance des lettres, si j'ai quelque amour de la vérité, quelque goût de la piété, c'est à l'université que j'en suis redevable. J'ai puisé de si grands biens dans ces sources

Ce sont les chefs des sept compagnies de l'université, qui com

posoient le tribunal de M. le recteur.

libérales que vous tenez ouvertes également aux pauvres et aux riches, à ceux qui sont sans naissance et aux premiers de la noblesse, comme je l'ai heureusement éprouvé avec un grand nombre d'autres. C'est vous qui, après m'avoir formé par de salutaires leçons pendant le cours de mes études, après m'avoir fait passer par les différens degrés de la profession publique, et m'avoir plus d'une fois honoré de la première dignité de votre corps, m'avez enfin, au bout d'un service de plusieurs années, accordé une retraite où je pusse jouir d'un honorable repos.

Mais comme, selon la maxime d'un des hommes les plus sages de l'antiquité, nous ne devons pas être moins en état de rendre compte de notre loisir que du temps de nos occupations, et qu'il n'est pas permis à un honnête homme, encore moins à un chrétien, de se livrer à l'inaction et à la mollesse, voici que je vous offre les fruits de mon loisir, fruits qui vous appartiennent, puisqu'ils sont nés sur votre fonds: heureux s'ils ne dégénèrent point de la bonté du terroir qui les a portés !

C'est votre autorité qui m'a engagé dans cette entreprise. Choisi par vous pour rendre de publiques actions de grâces au roi au sujet de l'instruction gratuite qu'il vient de fonder tout récemment parmi nous, j'avois tâché d'exposer en peu de mots quels avoient toujours été l'attention et le zèle de l'université pour former les jeunes gens, non seulement aux lettres, mais bien plus encore à la probité et à la religion. Ce que je n'avois pu que montrer en gros et effleurer légèrement, à cause de la briéveté du temps qui m'étoit prescrit, vous m'avez ordonné de le traiter

avec plus d'étendue. Je sentois bien qu'un pareil ouvrage étoit au-dessus de mes forces. Mais j'ai mieux aimé paroître manquer de prudence que de docilité : j'ai mis sur-le-champ la main à la plume, et j'ai pris le parti d'écrire en françois, afin de pouvoir être entendu d'un plus grand nombre de nos compatriotes. Voici la première moitié de l'ouvrage que je soumets à votre jugement et je me tiendrai bien récompensé de mon travail, si vous le regardez comme pouvant être de quelque utilité pour la jeunesse.

Dans cette partie qui paroît aujourd'hui, ma principale vue a été (pour ne point toucher ici à ce qui concerne la piété et les bonnes mœurs) de mettre par écrit et de fixer la méthode d'enseigner usitée depuis long-temps parmi vous, et qui jusqu'ici ne s'est transmise que de vive voix et comme par une espèce de tradition; d'ériger, autant que j'en suis capable, un monument durable des règles et de la pratique que vous suivez dans l'instruction de la jeunesse, afin de conserver dans toute son intégrité le vrai goût des belles-lettres, et de le mettre à l'abri, s'il est possible, des altérations et des injures du temps. Ce goût règne aujourd'hui parmi vous et dans toute la France; et par d'heureux et insensibles accroissemens il est par- venu presqu'au comble de la perfection. Le siècle de Louis-le-Grand, siècle fameux par tant de merveilles, et surtout fécond en grands et puissans génies, nous a retracé l'image du savant et poli siècle d'Auguste, et par des ouvrages qui ne périront jamais, a acquis à notre France une gloire immortelle. Mais plus nous voyons que s'est élevée à un haut point cette gloire du nom françois, plus il est à craindre que

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