N'est-il pas quelque chaumière, Dans le fond de ce réduit, Percer l'ombre de la nuit.' • Mon fils,' dit le solitaire, •Crains ce feu qui te séduit; Elle égare qui le suit. Je l'offrirai de bon coeur, Mon repos et mon bonheur.' Le voyageur attendri, Vers le bienfaisant abri: Et l'hermite hospitalier L'humble porte du foyer. Et partage sa gaité; Etincelant de clarté. Pour son hôte malheureux; Qui s'échappent de ses yeux. L'hermite voit sa tristesse, Et voudroit la soulager, D'où vient l'ennui qui te presse?' Dit-il au jeune étranger. • Est-ce une amitié trahie, Est-ce un amour dédaigné? Vu la misère ennemie Qui te rende infortuné? •Hélas! tous les biens du monde Sont peu dignes de nos voeux; Et l'ipsensé qui s'en confonde Est plus méprisable qu'eux. L'amitié, s'il en est uue, N'est qu'une fantôme imposteur, Une voix qui suit la fortune, Et s'éloigne du malheur. • L'amour est plus vain encore, C'est un éclat emprunté; L'ambitieuse beauté; S'il daigne quitter les cieux, Qu'il échauffe de ses feux. Va, crois-moi, deviens plus sage, Méprise un sexe trompeur;' L'hôte, ému de ce langage, S'embellit par sa rougeur. Son front où la candeur brille, Les yeux, sa bouche, et son sein, Font reconnoître une belle Dans la charmante pélerin. •Voyez,' dit-elle, 'une amante, Qui cherche en vain le repos; Dont l'amour cause les maux. Ignorant la prix d'un cour, J'avois mit tout mon bonheur. • Dans cette faute volage Qui renoît grossir mon coeur, Le ciel étoit dans son âme; Le lis qui s'ouvre au matin N'est plus pur que la flamme Que j'allumois dans son sein. Sa naissance étoit commune, Raimond, sans bien, sans loi, N'avoit qu'un coeur pour fortune, Mais ce coeur fut tout à moi. Las de mon ingratitude, Il me quitte pour toujours, Et dans une solitude Il alla finir ses jours. • Maintenant désespérée, Victime d'un fol orgueil, Je m'en vais dans la contrée Qui renferme son cercueil; Là je n'ai plus d'autre envie Que de mourir à ses pieds, Payant des jours de ma vie Ceux qu'il m'a sacrifiés.' Non, non,' dit Raimond lui-même, En la serrant dans ses bras; Non, celui qui ton cour aime N'a point subi le trépas. Regarde, 0 mon Angéline! Cher object de mes regrets, Regarde, O fille divine! Cet amant que tu pleurais.' Angéline est dans l'ivresse, Sa transport coupe sa voix; 6 Ah!' dit-elle avec tendresse, • Est-ce toi que je revois ? Vivons, mourons, l'un pour l'autre; Il ne faut plus vous quitter; Qu'un seul trépas soit le notre; Qu'aurons nous à regretter?' THE HAUNCH OF VENISON. A POETICAL EPISTLE TO LORD CLARE. “ The Haunch of Venison," written, it is believed, in 1771, was first published in 1776, two years after Goldsmith's death. It is here printed from the second edition, 1776, containing ten additional lines and numerous emendations, said to be taken from the last transcript of its author.-CUNNINGHAM. The Lord Clare to whom this poem is addressed, was Robert Nugent of Carlanstown, Westmeath, created, 1766, Viscount Clare, and, in 1776, Earl Nugent. He died at Dublin, in 1788, and was buried at Gosfield, in Essex. He was a poet, and a stanza from his Ode to Pultency has been quoted by Gibbon in his character of Brutus: “ What! though the good, the brave, the wise, To break th' eternal doom; Yet perished fatal Rome.” He was thrice married; was a big, jovial, voluptuous Irishman, with a loud voice, a strong Irish accent, and a ready, though coarse wit.-CUNNINGHAM. “The leading idea of 'Haunch of Venison' is taken from Boileau's third Satire, (which itself was no doubt suggested by Horace's raillery of the banquet of Nasidienus;) and two or three of the passages which one would à priori have pronounced the most original and natural, are closely copied from the French poet.”—CROKER. |