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Ad Ioannem Secundum

Epistolar. lib. I, vii, 33-40.

AD IOANNEM DANTISCUM, PRÆSULEM CULMENSEM.

<< Mittimus in multas transfusum Caesara formas :
Sic te velle mihi dixerat ille tuus

35 Ledaeus vates, iuvenis dignissimus, in quem
Pars tibi diffusi multa favoris eat.

40

Qui sic ore modos et acuta temperat aure,
Ut cygnum melius non potuisse rear
Illum, Ledaeis olim qui fusus in ulnis,
Velavit niveo corpore furta Iovis.

Le savant philologue hollandais Pierre Bosscha, le consciencieux éditeur des œuvres de Jean Second, l'un des plus illustres poètes latins de la Renaissance, n'a pu identifier le personnage dont il est question dans le passage que nous venons de transcrire : Quemnam hic annuat poeta, écrit-il, ne coniectura quidem adsequi possum (1).

L'allusion est cependant transparente. Le Ledæus vates, dont le célèbre auteur des Baisers vante les mérites auprès de l'évêque de Kulm, est un de nos humanistes flamands: Hilaire Bertholf, de Lede, ami d'Érasme et de Rabelais, auquel nous avons consacré une notice dans notre Humanisme belge (pp. 69-82).

Nous savons, par une lettre adressée à Érasme en 1531 par Jacobus Jasparus, qu'à cette époque Hilaire Bertholf était, à Bruxelles, attaché à la maison de Jean de Dantzig (Dantiscus), à qui sont précisément dédiés les vers dont il s'agit (2).

En 1532, il partit pour Lyon. Il y reçut, le 18 juin 1533, la visite

(1) IOANNIS NICOLAII SECUNDI opera omnia emendatius et cum notis adhuc ineditis PETRI BURMANNI Secundi denuo edita cura P. BOSSCHA, Leiden, 1821, t. II, p. 40.

(2) « Gaudeo Hilarium nostrum Berthulphum redisse in gratiam cum Dantisco denuo, cohabitat ei jam. Lettre du 19 novembre 1531, dans FOERSTEMANNGUENTHER, Briefe an Desiderius Erasmus (Leipzig, 1904), p. 192.

de Jean Second, qui consigna le fait dans son carnet de route dans les termes suivants : « Invenimus hîc (i. e. Lugduni) bona fortuna Hilarium poetam, Corneliumque pictorem, veteres amicos; cum quibus ea nocte suaviter viximus (1).

Bertholf ne survécut pas longtemps à cette entrevue. Il fut emporté, dans le courant de l'été, par la peste, en même temps que son épouse et ses trois enfants. Le 31 août 1533, Érasme fit part de ce triste événement à Boniface Amerbach (2).

Quand Jean Second traversa Lyon en 1533, il se rendait en Espagne. On a longtemps cru que ce voyage devait se placer en 1534: Bosscha s'est attaché, au contraire, à établir qu'il eut lieu un an plus tôt (3). Ce qui précède confirme indirectement et de façon décisive son argumentation.

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Alphonse Roersch.

(1) Iter Hispanicum, Bruxella in Aragoniam. Ed. BOSSCHA, t. II, p. 259

(2) Voir notre notice, p. 80.

(3) Édition citée, t. 11, pp. 144 et 274.

Inscriptions latines de la Belgique romaine

Depuis la fin de l'année 1913, les Musées royaux du Cinquantenaire, à Bruxelles, possèdent deux monuments épigraphiques, dont les inscriptions n'ont pas encore été étudiées. Si nous ne nous trompons, le regretté Jean Demot devait les publier dans les Annales de la Société archéologique de Bruxelles, mais, en 1917, le jeune savant est tombé sur le champ d'honneur. Un autre doit donc s'acquitter de cette tâche vraiment difficile, car ces deux inscriptions sont si frustes, qu'il est impossible de les déchiffrer entièrement.

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M. le baron de Loë a eu l'obligeance de nous donner quelques renseignements sur la découverte. En 1913, le Service des fouilles des Musées royaux du Cinquantenaire entreprit des travaux de déblaiement dans une forêt située sur le territoire de Buzenol, petit village de la province de Luxembourg, arrondissement de

Virton, à 3 kilomètres d'Etalle et de la grande voie romaine qui reliait Reims (Durocortorum Remorum) à Trèves (Augusta Treverorum). On voulait surtout dégager une tour médiévale, appelée Montauban ou Château des Quatre Fils Aymon et construite à l'emplacement d'un ancien lieu de refuge fortifié, à remparts calcinés, d'origine celtique (1).

Parmi les matériaux de remploi utilisés dans les fondations de la tour médiévale, on trouva nos deux monuments épigraphiques. L'un et l'autre sont en calcaire de Differdange.

XIX. MONUMENT FUNÉRAIRE TROUVÉ A BUZENOL

Le premier est un monument funéraire, qui mesure 0 m. 95 en longueur, 0 m. 90 en largeur et 0 m. 60 en hauteur.

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Dans son état actuel, la pierre forme une auge de 0 m. 55 de long, sur 0 m. 50 de large et 0 m. 27 de profondeur. Sur un des petits côtés, on voit une ouverture de 0 m. 20 de large.

Examinons l'extérieur.

(1) On y trouva une monnaie des Leuci, peuplade gauloise. Voy. A. BLANCHET, Traité des monnaies gauloises, 2e partie, p. 391.

Sur l'un des longs côtés, il porte en haut une inscription de 4 lignes (fig. 1); sur l'autre, on voit en haut deux amours nus soutenant une guirlande (fig. 2), semblable à celle d'un monument antique, que Wiltheim avait vu dans les jardins Mansfeld (1). En bas, sur les quatre côtés, court une décoration de feuilles d'eau. Le calcaire de Differdange résiste difficilement à l'usure du temps: la surface est devenue fruste et, de plus, la pierre est en partie brisée, comme on le voit sur notre photographie. L'inscription est fragmentaire et ce qui en reste est d'une lecture difficile. Voici les caractères. que nous avons pu déchiffrer; encore plusieurs de ces lectures restent incertaines. On remarquera la forme des N (sur la fig. 3).

DMAIOSA // // LI. LVI m

VSSIERBSILLE CONIVGIDF

VNITTI/ENISETCASSIA

LIVS FIL/VI/IFECERVNT

Il est impossible de donner une transcription complète du texte.

Au commencement de la première ligne, on trouve un grand D, qui devait avoir pour correspondant un grand M à la fin de la ligne :

D(is) M(anibus)

C'est donc une inscription funéraire. Les noms des défunts, deux époux, étaient au datif. Il est impossible de lire celui du mari exactement: Maiosa...

La deuxième ligne est mieux conservée et nous fournit le nom de la femme. Nous y lisons: ussi Erbsill(a)e coniugi d(e)f(unctae). Au datif, on trouve régulièrement à Arlon E pour AE. (2) Remarquez, sur la photographie, la ligature IE: au-dessus de E on voit

(1) Voy. A. WILTHEIM, Luciliburgensia sive Luxemburgum Romanum, ed. NEVEN, p. 168 et fig. 101. EM. ESPÉRANDIEU, Bas-reliefs de la Gaule, tome V, no 4185.

(2) Voyez notre Orolaunum vicus, no 4, 5, 6, ,7, 10, 28, 29, ou CIL., XIII, 3984, 3995, 4000, 4001, 4009, etc.

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