Page images
PDF
EPUB

il ne paraît cependant pas douteux qu'elles ont été créées à l'occasion de la mort d'Antinoüs, en octobre 130 (1), mort mystérieuse qui motiva la fondation d'Antinooupolis où existaient aussi des jeux du nom d'Antinoeia (2). Comme nous l'avons déjà fait observer à propos des Hadrianeia, nous ne conservons que peu de catalogues éphébiques de l'époque d'Hadrien. Encore sont-ils incomplets.

On peut supposer que les premiers Antinoeia ne furent pas célébrés avant 131/2, le premier anniversaire de la mort du favori de l'empereur. Nous possédons, il est vrai, peut-être la liste éphébique de cette année-là (3): mais, si les Antinoeia n'y figurent point, c'est que cette liste est incomplète et ne comporte pas, en tout cas, la nomenclature des fêtes.

Il existait deux fêtes en l'honneur d'Antinoüs: les 'AvτIvóεLα ἐν ἄστει et les Αντινόεια ἐν Ελευσίνι, Parfois, il est question aussi d'Αντινήεια : il faut entendre alors les ̓Αντινόεια ἐν ἄστει, du moins dans les listes où elles apparaissent en même temps que les Antinoeia év 'EXɛusiv (4). Ces fêtes pouvaient avoir lieu chaque année (5): cette remarque vaut pour les deux car, dans les listes complètes, on ne cite pas l'une sans l'autre. Si les Antinoeia d'Athènes tantôt précèdent, tantôt suivent les Antinoeia d'Éleusis, cependant, en règle générale, elles sont réunies en tête de liste ou ne sont séparées que par les Hadrianeia (6). Nous avons donc

(1) Sur ces fêtes, cf. DITTENBERGER, De ephebis Atticis, p. 73 et IG, III, 1110; NEUBAUER, Commentationes epigraphicae, pp. 61, 70; DUMONT, Essai sur l'Éphébie, I, p. 300; GRASBERGER, Erziehung und Unterricht, III, p. 134 ; STENGEL, Real-Enc., VII, p. 2438. Pour la mort d'Antinoüs, W. WEBER, Untersuchungen zur Gesch. d. Kaisers Hadrianus, p. 274, n. 1005 (cf. p. 248, n. 908); B. KÜBLER, Antinoupolis, Leipsig, 1914, p. 8.

(2) HEGESIPPOS, ap. EUSEB., Hist. eccl., IV, 8, 2; HIERON., de vir. ill., c. 22; NICEPH. CALL., Eccl. hist., III, 26; Pap. Lond., III, p. 165. Röm. Mittheil., XI, 1896, p. 118 (traduction du texte de l'obélisque du Pincio). Cf. B. KÜBLER, Antinoupolis, pp. 22 sq. et n. 46, 47.

(3) III, 1111. Cf. ..otre Chronologie, p. 130, no 94

(*) 1113a, 1121, 1129. Dans les autres cas (121, 1118, 1168, 1169,1199, 1216), il pourrait être question des deux fêtes à la fois.

(5) Elles sont mentionnées dans les deux catalogues 1121 et 1122 qui appartinenent à deux années consécutives.

(*) Dans 1145, elles ne sont citées qu'après les Commodeia, les Germanikeia et l'ayшv πεрl àλxns cette apparente exception provient de ce que l'agonothète de ces trois fêtes est le gymnasiarque de Boédromion, premier mois de l'année éphébique. En règle générale, jusqu'à la première partie du règne d'Alexandre-Sévère, les Antinoeia d'Eleusis sont cités après les Antinoeia d'Athènes sauf dans certaines listes de gymnasiarques (1113a, 1119, 1133) qui ne donnaient certainement pas l'ordre dans lequel les fêtes s'étaient

supposé qu'elles devaient avoir lieu en Boédromion (septembreoctobre), qui correspond à peu près à la date de la mort d'Antinoüs et marque le début de l'année éphébique (1). Généralement, il y a un agonothète distinct pour chaque fête et cet agonothète peut être en même temps l'éphèbe lepeùs 'Avτvóοu (2), le gymnasiarque de l'un des mois (3), l'un des éphèbes-magistrats cu systremmatarques (4). Mais, parfois aussi, c'est le même éphèbe qui est agonothète des deux fêtes (5). Même l'un d'eux l'est également pour quatre autres concours (6).

Par contre, deux ou plusieurs éphèbes peuvent se partager la charge de cette agonothésie (7), quand ce ne sont pas des fonctionnaires éphébiques qui l'assument (9). Assez souvent, ce sont les fils de cosmètes qui en supportent les frais (9).

succédé et dans les deux listes d'agonothètes de 1121 et 1145. Peut-être doit-on en conclure que, jusque vers 230 environ, les Antinoeia d'Éleusis suivaient ceux de la ville. Par contre, à partir de 230 environ (1193, 1197, 1198, 1202), les deux concours se présentent toujours dans l'ordre inverse, fait dont on pourrait peut-être déduire que la célébration en a peut-être été intervertie. (1) Cf. sur ce point, les Hadrianeia.

(2) 'Ep. ȧpx., 1893, p. 73 (le prêtre d'Antinoüs est agonothète des 'AvTIVÓELα év otet). Dans 1119, 1124, le iɛpeúc est agonothète des Antinoeia d'Éleusis. Mais ce prêtre peut n'être agonothète ni de l'une ni de l'autre fête (cf. 1122, 1131), ou, par contre, l'être pour les deux (1128).

(3) III, 1114, 1113a, 1119, 1120, 1123, 1128, 1133, 1138, 1145, 1177, 1197, 1202 (le mois diffère suivant les années).

(4) 1119 (Baotλeúc. Antinoeia év άotel); 'A0ńvalov, VII, p. 391 (l'agonothète des Antinoeia d'Athènes est ẞactλeús et systremmatarque, celui des Antinoeia d'Eleusis, κήρυξ et systremmatarque), 1171 (βασιλεύς, Antinoeia ἐν ἄστει) 1177 (systremmatarque), 1193 (thesmothète, Antinoeia d'Éleusis), 1202 (id. Antinoeia d'Éleusis).

(5) III, 1110, 1128, 1131, 1138, 1199.

(*) III, 121. Dans 1128, l'agonothète des deux Antinoeia l'est aussi des Germanikeia, dans 1138, des Hadrianeia.

(7) III, 1118; 1123 et 1147 (deux agonothètes pour les Antinoeia d'Éleusis); 1148 (deux agonothètes pour les Antinoeia et les Hadrianeia); 1198 (deux agonothetes pour les Antinoeia ἐν ἄστει).

(8) III, 1147 [cosmète] et sophronistes (Antinoeia v otet), 1192: cosmète (Antinoeia d'Éleusis).

(9) 1171, 1177 (les deux agonothètes sont fils du cosmète), 1197 (? Antinocia d'Éleusis), 1199 (pour les Anti[noeia], les deux fêtes ou celle ¿v äσtet ?).

[blocks in formation]

La liste complète de ces fêtes nous est conservée sur le catalogue 1147 qui cite les épreuves dans l'ordre que nous suivons. La plupart sont aussi mentionnées dans le catalogue 1129 (1): ce dernier fait également allusion à une victoire au concours de joueurs de trompette (σαλπικτῶν) aux Antinoeia ἐν ἄστει, qu'on s'étonne de ne pas voir figurer dans le no 1147, qui est complet, du moins en ce qui concerne les Antinoeia. Peut-être ce concours avait-il disparu dans l'intervalle qui sépare les deux catalogues, c'està-dire, entre 166/7 et 187/8 environ.

On observera que les Antinoeia d'Éleusis ne comprenaient pas de ποίημα. C'est donc peut-être à tort que l'on a restitué de la manière suivante les fragments ci du catalogue 1223 :

̓Αντινό[εια ἐν ἄστει.]

[Κλ.] Αττικὸ[ς ποίημα] ος ο στάδ[ιον]

[Ησυ]χος δίαυλον

τος πανκ[ράτιον]

[Αντ]ι[ν]όεια [ἐν Ἐλευσῖνι]

ς ποίη[μα]
στάδιον

πά< λ> λη[ν].

Sans doute faut-il suppléer [ἐν Ἐλευσῖνι] à la l. 1, et [ἐν ἄστει], à la 1. 6. De plus, àlal. 2, [ποίημα] devrait être remplacé soit par [ἐγκώμιον] soit par [κήρυκας] ou [δόλιχον], l'une des trois épreuves qui précédent le στάδιον.

(1) Nous les avons marquées d'un asterisque. Pour celles qui sont également mentionnées dans 1223, cf. la restitution nouvelle que nous donnons, ci-dessous, de ce fragment.

Αντώνεια.

Dans la notice la plus récente, celle que Stengel a consacrée à cette fête, l'auteur se demande encore si elle avait été instituée en l'honneur d'Antonin le Pieux ou de Marc-Aurèle (1).

Il ne peut cependant plus subsister de doute à cet égard: ces fêtes apparaissent déjà dans un catalogue éphébique daté de la 20me année du pédotribat d'Abaskantos (2), c'est-à-dire de 158/9 au plus tard, si l'on adopte, comme nous l'avons fait dans notre Chronologie, la date la plus basse pour l'année de début de ce pédotribat (139/40) que d'autres font commencer en 136/7 ou en 137/8 déjà (3).

Mais ces fêtes n'ont-elles pas été instituées avant 158/9 ? Nous ne le pensons pas elles ne figurent dans aucun des autres catalogues éphébiques que nous possédons du règne d'Antonin (4), notamment dans le no 1121 qui est daté de la 19me année d'Abaskantos donc de l'année qui précède immédiatement celle où les fêtes sont citées pour la première fois. Il est bon d'ajouter que nous ne savons pas si ces fêtes étaient annuelles: nous ne conservons pas de listes d'années consécutives où elles seraient mentionnées.

Il paraît peu probable qu'elles aient été instituées en l'honneur d'une visite que l'empereur aurait faite à Athènes. Son biographe atteste formellement qu'il ne se rendit jamais dans les provinces (5). Et c'est à tort, semble-t-il, que Giannelli a soutenu qu'Antonin était passé par Athènes en 155, en revenant de Syrie où il aurait conclu la paix avec Vologèse (6). Giannelli semble avoir oublié que

(1) Real-Enc., I, p. 2566. Cf. aussi DITTENBERGER, De ephebis Atticis, p. 73; NEUBAUER, Commentationes epigr., p. 71 et n. 1; DUMONT, Essai sur l'Éphébie, I, p. 301; GRASBERGER, Erziehung und Unterricht, III, p. 134.

(2) III, 1122 (158/9), 1169 (± 201/2), 1171 et 1173 (± 199/200), 'Aðývatov, VII, p. 391 (197-212); III, 1175 (±202/3),121 (± 210-220), 1177 (212/3 ou peu après), 1185 (pas avant 217/8), 1192 (± 227/8), 1197 (238/9 à 243/4), 1202 (262/3 ou 266/7). Une seule fois, le nom est orthographié 'Avτávix (1192). Pour la prétendue forme 'Avtovivera, cf. III, 121.

(3) GRAINDOR, Chronologie des archontes athéniens sous l'Empire, p. 160, n° 120 (archontat de Théotimos). Pour le pédotribat d'Abaskantos, cf. ibid., pp. 145 sqq.

(•) III, 1112 à 1121.

() Vita Pii, 7, 11 nec ullas expeditiones obiit, nisi quod ad agros sucs profectus est ad Campaniam, dicens gravem esse provincialibus comitatum principis, etiam nimis parci.

(*) Atti Accad. Torino, L, 1914/15, pp. 369-375. LACOUR-GAYET, Antonin le Pieux, Paris, 1888, pp. 137 et 150 sq.

W. Schmid (1) a montré qu'il ne fallait pas rapporter à Antonin le texte d'Aelius Aristide (2) relatif à la paix entre Vologèse et Antonin ó πρeσßútepos mais à Marc-Aurèle, ainsi désigné pour éviter la confusion avec Lucius Vérus. Il ne reste donc, pour contredire le témoignage formel de la Vita, confirmé par Marc-Aurèle lui-même (3), qu'un texte de compilateur de basse époque comme Malalas (4) et une épigramme d'Éleusis où Giannelli croit avoir retrouvé la preuve de l'initiation d'Antonin aux Mystères d'Éleusis (5).

Certes, il n'est pas facile d'expliquer pourquoi l'on nous dit que le hiérophante anonyme, en l'honneur duquel cette épigramme a été gravée, a initié Antonin si cet empereur est Marc-Aurèle, souvent désigné sous ce nom (6), et non Antonin le Pieux: en effet, d'autres inscriptions d'Éleusis nous apprennent que Marc-Aurèle et Commode avaient été initiés ensemble (7), et l'on ne comprend guère pourquoi le hierophante ne se glorifie que de l'initiation d'un seul des deux s'il s'agit bien de Marc-Aurèle.

Mais il est tout aussi difficile d'expliquer pourquoi la même épigramme nous parle d'une incursion des Sarmates, si ce hiérophante vivait sous Antonin: il ne peut être question que de l'invasion de la peuplade sarmate des Costoboques, que von Premerstein a placée en 170 (8), (ce que Giannelli ignore) (9), en confirmation d'une hypothèse de Philios, premier éditeur de l'épigramme (1o).

(*) Rhein. Mus., XLVIII, 1893, pp. 57 sqq. Cf. VON ROHDEN, Real-Enc., il, p. 2508.

(2) AEL. ARIST., XLVII, 36 (KEIL).

(3) M. AUREL., Eiç tautóv, I, 16, 2 et 7.

(*) MALAL., Chronogr., p. 280 (DINDORF).

(5) BCH, XIX, 1895, p. 119.

(®) Cf. GIANNELLI, I. I., p. 370, n. 2.

(7) 'Ep. ȧpx., 1885, p. 147, no 26 et SIG3, 872.

(8) VON PREMERSTEIN, Klio, XII, 1912, pp. 145 sqq. (cf. p. 153). Cf. auss i HEBERDEY, Arch.-epigr. Mitth. aus Oester., XIII, pp. 186 sqq. SIG3, 871, n. 1. (9) O. l., pp. 371 sqq. GIANNELLI s'étonne, à tort, que PAUSANIAS, X, 34, 5, ne fasse pas allusion aux exploits du hiérophante lorsqu'il mentionne cette invasion des Costoboques, tandis qu'il rapporte ceux de Mnasiboulos d'Élatée. Mais cette allusion de Pausanias se trouve dans le livre relatif à la Phocide et Mnasiboulos, moins heureux que le hiérophante, périt dans la bataille.

(10) Dans la dédicace 'Ep. ap., 1895, p. 111, no 27, l. 21, on nous dit que le hierophante Léosthénès a reçu l'investiture, τὸ στρόφιον παρὰ τῷ Αὐτοκράτορι E 'Avtovεive. Je me refuse à voir ici avec DITTENBERGER (SIG3, 869, n. 16) une erreur de cas au lieu de 'Avtwvɛivou. Rien n'empêche de croire que c'est bien à Rome que le hiérophante a reçu le otpóptov, à Rome où il était allé deux fois en ambassade, sous cet empereur (SÌ G3, 1. l., l. 16.)

« PreviousContinue »