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dans une étude du style et de la langue de Sidoine. Il faudra tenir compte, notamment, du rôle des clausules, pour expliquer, au moins en partie, un des caractères les plus déroutants de sa prose, nous voulons dire la place donnée aux mots dans la phrase, place tout arbitraire à première vue.

C'est là aussi que nous trouverons, avec la raison d'autres phénomènes, comme l'emploi de formes syncopées, la fréquence de certaines ellipses, etc., une preuve de tout ce que cette prose manifeste d'artifice et de recherche (1).

E. MERCHIE.

(2) Cet article a été détaché d'une Etude sur la latinité de Sidoine Apollinaire.

Les nouveaux monuments arlonais.

M. J.-B. Sibenaler, conservateur du Musée d'Arlon, vient de publier, dans les Annales de la Société archéologique de Bruxelles et à part, une étude sur les deux fragments de sculptures arlonaises que nous avons signalés ci-dessus, pp. 141-142. Cette étude est accompagnée de deux photographies faites par M. Lucien Sibenaler, que nous sommes autorisé à reproduire pour nos lecteurs.

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Les deux monuments sont malheureusement fragmentaires et énigmatiques; nous nous bornerons à les décrire. Sur l'endroit où ils ont été découverts, voy. ci-dessus, p. 141.

I. Le premier a 0m50 de haut et 0m35 de large. Dans la pierre est sculptée une niche, devant laquelle

se détache un personnage, n'ayant pour vêtement qu'un petit manteau, agrafé sur l'épaule gauche et flottant sur le bras. Le bras droit est abaissé; la main droite tient un couteau levé. Il semble bien que c'est un couteau de sacrificateur (cultrarius), car derrière le personnage est sculpté, en bas-relief, un bélier destiné

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LES NOUVEAUX MONUMENTS ARLONAIS

sans doute au sacrifice. La main gauche se voit au-dessus de la tête du bélier.

II. Le deuxième fragment a été fort maltraité. On y voit d'abord

mettent pas une pareille conjecture.

une jambe; le pied est chaussé d'un gros calceus, qui semble continué par une grande guêtre (tibiale) montant jusqu'au genou, telle qu'en portaient les soldats et les chasseurs (voy. Rich). Sur la cuisse, on voit flotter le bas d'un manteau. Le personnage, dont il ne reste pas autre chose, tournait le dos à une tête de taureau mutilée, qui ne paraît pas vivante. On a conjecturé qu'il s'agit là d'une scène mithriaque, de Mithra tauroctone; ce serait la première fois qu'on trouverait un reste du culte de Mithra sur le sol belge. Nous pensons qu'il faut être prudent et que ces restes ne per

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D'autres pierres sculptées sont restées enfouies sous la maison de M. Desloges, qui est bâtie sur les remparts romains. Il est dommage qu'on n'ait pas pu les mettre à jour; elles fourniraient peut-être l'explication des deux monuments.

J. P. W.

Artémis Laphria (1)

Si l'on retranche de la longue liste des épithètes portées par les divinités olympiennes, celles qui manifestement sont de formation grecque, il reste un lot important de surnoms divins rebelles, le plus souvent, à tout essai d'étymologie scientifique ; incompris de bonne heure par les fidèles qui les expliquèrent à leur manière, ces surnoms exhalent pour nous encore un bouquet qui décèle leur archaïsme.

On a des raisons de croire que beaucoup de ces vocables dont le sens nous échappe sont d'origine préhellénique. Quand s'opéra le mélange des peuples envahisseurs avec les peuples indigènes sur le sol grec, ces vocables sacrés durent se conserver notamment comme surnoms des divinités helléniques, nées elles-mêmes de la fusion des deux religions en présence. Un double nom comme celui d'Artémis Laphria pourrait fort bien illustrer ce processus : la première partie désigne le type général issu de la fusion; la seconde, qui serait le nom de la divinité préhelléni que, marque l'aspect particulier d'Artémis dans le culte local.

Etymologies populaires. - Aussi bien, pour les Grecs qui honoraient la déesse, le véritable sens de Laphria était déjà perdu, comme en font foi les étymologies populaires forgées pour expliquer le mot. « Le surnom de Laphria donné à la déesse vient, dit-on, d'un Phocidien, car c'est Laphrios, fils de Castalios, fils de Delphos qui aurait érigé chez les Calydoniens l'antique statue d'Artémis, mais d'autres disent que le courroux d'Artémis contre Eneus devint avec le temps plus léger, elaphroteron, pour les Calydoniens et ils veulent voir là l'origine du surnom de la déesse » (2). Voilà comment deux légendes peuvent sortir d'un seul mot dont le sens n'est plus compris.

(1) Extrait d'une thèse doctorale sur Le Culte de la déesse étolienne Artémis Laphria.

(2) PAUSANIAS, VII, 18, 9-10.

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