De blancs tissus de laine et de feuillage vert. Là, quand l'ombre nocturne obscurcissait l'espace, Et, sur le bord des toits un hibou s'isolant, Bien plus : d'anciens devins les sombres prophéties Elle se croit errante au milieu de la nuit; Il lui semble que seule elle marche en démence, Cherchant ses Tyriens dans un désert immense : par Croit voir les sœurs du Styx, deux Thèbes, deux soleils; Aussitôt que Didon, par ses fureurs poussée, Puis, d'un calme trompeur couvrant ces noirs secrets, Inveni, germana, viam (gratare sorori) Quæ mihi reddat eum, vel eo me solvat amantem. Ultimus Æthiopum locus est, ubi maximus Atlas Sub pedibus terram, et descendere montibus ornos. Quo perii, superimponas. Abolere mefandi Cuncta viri monumenta jubet monstratque sacerdos. Hæc effata silet. Pallor simul occupat ora. Le désespoir au sein et la joie au visage, Elle aborde sa sœur et lui tient ce langage : « Je l'ai trouvé, ma sœur, j'ai trouvé le moyen Qui me rend son amour ou me guérit du mien : « Des bords où le soleil en se plongeant sous l'onde « Dore l'Éthiopie et les confins du monde, « Où le géant Atlas soutient le poids des cieux, « Une femme massyle est venue en ces lieux, « Une vieille prêtresse, au front chargé de rides, Qui veillait autrefois au seuil des Hespérides, « Nourrissait le dragon, gardait les saints rameaux <<< Et versait à l'entour le miel et les pavots'; « Je l'ai vue; elle peut par ses terribles charmes <<< Troubler la paix du coeur ou calmer ses alarmes; « Les fleuves à sa voix s'arrêtent dans leur cours, « Les étoiles du ciel se meuvent à rebours, « La tombe rend ses morts, la terre est ébranlée, « Et le pin montagneux descend dans la vallée. « J'en atteste les Dieux, j'en jure par tes jours, « A cet art détestable à regret j'ai recours, << Mais c'est le seul moyen de conjurer ma perte. << Toi, cherche en ce palais une place déserte, Non tamen Anna novis prætexere funera sacris Germanam credit, nec tantos mente furores Concipit, aut graviora timet quam morte Sychæi. Ergo jussa parat. At regina, pyra penetrali in sede sub auras Sparserat et latices simulatos fontis Averni. Qu'un bûcher par tes mains s'y prépare aujourd'hui; Amoncèle au-dessus tout ce qui vient de lui; « L'armure qu'à ma couche il laissa suspendue, « Et le lit conjugal, ce lit qui m'a perdue; << Tout ce qui peut porter son souvenir maudit << Doit périr par le feu; la prêtresse l'a dit. >> Elle se tait alors, mais son front devient blême. Anna court obéir à cette sœur qu'elle aime; Elle est loin de songer que sa cruelle main Prépare un sacrifice avec du sang humain, Et ne soupçonne pas, dans sa fureur cachée, Un désespoir plus grand qu'à la mort de Sychée. Mais déjà les sapins mêlés aux chênes verts Le glaive du parjure et sa pâle effigie; Les autels sont dressés : l'oeil empreint de magie, Le front échevelé, d'une tonnante voix, |