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Tuta parant pendent opera interrupta, minæque

:

Murorum ingentes, æquataque machina cœlo.

Quam simul ac tali persensit peste teneri
Cara Jovis conjux, nec famam obstare furori;
Talibus aggreditur Venerem Saturnia dictis:
Egregiam vero laudem et spolia ampla refertis
Tuque puerque tuus, magnum et memorabile nomen,

Una dolo divum si femina victa duorum est!

Nec me adeo fallit veritam te moenia nostra,

Puis, quand il n'est plus là, quand, descendant des cieux,

Les astres de la nuit assoupissent nos yeux,
Dans son palais désert pleure l'infortunée;
Elle choisit la place où s'est assis Énée,

Absent elle l'écoute, elle le voit absent,

Elle serre cent fois de son bras caressant
Son fils, sa douce image, et d'un amour crédule
Elle embrasse le père en embrassant Iule.
Et cependant les tours ont cessé de grandir;
Plus d'arène et de jeux pour les enfans de Tyr;
Du port et des remparts on néglige l'enceinte;
Sur tous les monumens la tristesse est empreinte,
On ne voit que palais avec leurs fronts déserts
Et la grue inclinée oisive dans les airs.

Quand du maître des Dieux la bien-aimée épouse
Voit que, de sa grandeur désormais peu jalouse,
Didon nourrit son cœur de ce poison ardent,
Elle va vers Vénus, et dit en l'abordant :

<< Eh bien! vous triomphez, et la conquête est belle;

<< Pour vous et votre fils quelle gloire immortelle !

« Une femme se rend à deux divinités!

II.

Suspectas habuisse domos Carthaginis altæ.

Sed quis erit modus? aut quo nunc certamina tanta?
Quin potius pacem æternam pactosque hymenæos
Exercemus? habes tota quod mente petisti:

Ardet amans Dido, traxitque per ossa furorem.
Communem hunc ergo populum paribusque regamus
Auspiciis: liceat Phrygio servire marito,
Dotalesque tuæ Tyrios permittere dextræ.

Olli (sensit enim simulata mente locutam,
Quo regnum Italia Libycas averteret oras)

Sic contra est ingressa Venus: Quis talia demens
Abnuat, aut tecum malit contendere bello?

Si modo, quod memoras, factum fortuna sequatur.
Sed fatis incerta feror si Juppiter unam

Esse velit Tyriis urbem Trojaque profectis,
Miscerive probet populos, aut foedera jungi.
Tu conjux; tibi fas animum tentare precando.
Perge; sequar. Tum sic excepit regia Juno:

«< Oh! je n'ignore pas combien vous redoutez

<< Combien vous soupçonnez ma fidèle Carthage; « La guerre sera donc notre éternel partage!

« Trève à ces longs combats! consacrons à jamais << Par un hymen durable une solide paix.

<< Les destins ont comblé les désirs de votre ame, << Tout vous sourit ; Didon brûle de votre flamme, << Par vos secrets poisons ses os sont calcinés:

« Que ces peuples unis soient par nous dominés,

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Qu'un époux phrygien entre au lit de la reine,

« Et vous aurez pour dot Carthage et son domaine. »

Vénus répond alors: (car elle voit trop bien
Que Junon, favorable au peuple libyen,
Veut aux enfans de Troie arracher l'Italie!)
« Moi combattre Junon! quelle étrange folie!
Qui ne voudrait s'unir à votre volonté,

<< Surtout si la fortune est de votre côté?

<< Pourtant dans ma pensée un doute vient de naître :

<<< Le souverain des dieux nous défendra peut-être

<< D'unir Pergame et Tyr dans les mêmes remparts,

<<< Et de mêler le sang de leurs peuples épars;

Mecum erit iste labor : nunc qua ratione quod instat

Confieri possit, paucis, adverte, docebo.

Venatum Æneas unaque miserrima Dido

In nemus ire parant, ubi primo crastinus ortus
Extulerit Titan, radiisque retexerit orbem.

His ego nigrantem commixta grandine nimbum,
Dum trepidant alæ, saltusque indagine cingunt,
Desuper infundam, et tonitru cœlum omne ciebo.
Diffugient comites, et nocte tegentur opaca :
Speluncam Dido dux et Trojanus eamdem

Devenient. Adero; et, tua si mihi certa voluntas,
Connubio jungam stabili, propriamque dicabo.
Hic Hymenæus erit. Non adversata petenti
Annuit, atque dolis risit Cytherea repertis.

Oceanum interea surgens Aurora relinquit.
In portis jubare exorto delecta juventus:

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