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encore plus petits, et ainsi plusieurs autres qui vont toujours en diminuant. Cet ouvrage ressemble assez aux tours qu'on voit sur les ports de mer, et qu'on appelle phares, dans lesquels on met des fanaux pour guider les navires qui abordent la nuit. Dans la seconde séparation on place le lit de parade, autour duquel on entasse toutes sortes de parfums, de senteurs, de fruits, d'herbes odoriférantes; car il n'y a point de province, point de ville, point de personne de distinction, qui ne se fasse un plaisir et un honneur d'envoyer à son prince ces dernières marques de ses hommages. Quand le lieu où repose le corps en est tout rempli, on fait à l'entour une cavalcade. Les chevaliers, en cérémonie, font, avec mesure, plusieurs tours et retours; ils sont suivis de plusieurs chariots dont les conducteurs ont des robes de pourpre, et sur lesquels sont les images des empereurs dont le règne a été heureux, et des généraux d'armée de grande réputation. Lorsque toute cette pompe est passée, le nouvel empereur, tenant en main une torche, va mettre le feu au bûcher; les aromates et les matières combustibles s'enflamment en un moment. Alors on lâche, du faîte de cet édifice, un aigle qui, au milieu de la flamme, et de la fumée, s'envolant dans les airs, va, à ce que croit le peuple, porter au ciel l'ame de l'empereur. Depuis ce jour il a son culte et ses autels comme les autres dieux. (Trad. de l'abbé Mongault.)

(16) AURA POPOLARE, Favore popolare. La voix du peuple est souvent appellée par les poètes aura, vento, à cause de son inconstance. Ce mot aura popolare sert à marquer la faveur plutôt que la haine du peuple, par une métaphore prise d'un vent doux et favorable qui s'appelle aura.

(17) AUSONIA, Italia. L'Ausonie, ou le pays des Aurunces, s'étendoit le long de la mer de Toscane, entre les Volsques, les Herniques, les Marses, les Samnites, et la Campanie, depuis Terracine jusqu'à Sinuesse.

B

(1) BACO, Bacco. La rime oblige quelquefois les poètes d'écrire avec une seule lettre des mots qui doivent s'écrire

avec deux, comme: parlomi, diemi, Baco, au lieu de parlommi, diemmi, Bacco.

(2) BARBARO, Forestiere. Ce mot, chez les anciens Romains, n'étoit pas un terme de mépris comme il est parmi nous. Ils donnèrent d'abord ce nom à tous les peuples qui n'étoient ni Italiens ni Grecs; ensuite ils l'attachèrent seulement à ceux qui n'étoient point soumis à leur empire.

(3) BERECINZIA, Cibele. Cybèle est ainsi appellée du mont Bérécynthe dans la Phrygie, où elle étoit particulièrement révérée.

(4) BONO, Buono. Dans plusieurs mots qui ont la diphthongue uo les poètes suppriment la première voyelle. Ainsi au lieu de giuoco, fuoco, cuore, ils écrivent gioco, foco, core, etc.

C

(1) CADUCEO, Verga che portava Mercurio. Mercure avoit fait présent à Apollon d'une lyre; Apollon donna à Mercure une verge, ou une baguette magique. Le messager de Jupiter la jetta entre deux serpents qui se battoient, et ils se réconcilièrent ensemble, dès qu'elle les eut séparés. Depuis cet événement on a formé de la baguette, et des deux serpents entrelacés autour d'elle, un symbole de paix appellé Caducée. Les ambassadeurs avoient coutume de le porter à la main lorsqu'ils alloient parler de paix. On les appelloit pour celà Caduceatores, porteurs de Caducées.

(2) CALERE, Premere, curarsi. Ce verbe est toujours impersonnel: Mi cale di te, Je vous aime. Non tene caglia, Ne vous embarassez pas. Se vi cale di me, Si vous m'aimez. Non mene cale, Peu m'importe. Mettere in non cale, Ne se

soucier pas.

Gloria, imperio, tesor mette in non cale.

(Tasso.)

"La gloire, les empires, les richesses, tout est vil à ses yeux."

(3) CAOS, Il più antico degli Dei. Dans la Théologie des Païens, le Chaos étoit le plus ancien des Dieux, et père de l'Erèbe. Il présidoit à la matière dont tous les êtres ont été formés. On entend communément par ce terme la masse confuse de tous les éléments.

(4) CAPERE, Capire. Ce verbe n'a que cape, capeva et capea. Secondo che nell' animo gli capea (Boccaccio), Suivant sa façon de penser, comme il l'entendoit.

(5) CAVALLO DI TROJA, Cavallo di Legno. La ville de Troie essuya un siége de dix ans de la part des Grecs, et fut prise, selon Virgile, par le moyen d'un grand cheval de bois que Pallas leur avoit conseillé de fabriquer, et dans lequel on enferma des troupes. Les assiégeans ayant fait semblant de se retirer, les Troyens mirent des roues sous les pieds de cette machine, firent une grande brèche à la muraille, et la traînèrent dans la ville. Pendant la nuit, les soldats sortirent, donnèrent un signal, mirent le feu dans tous les quartiers, avertirent le reste de l'armée, et la ville fût brûlée et saccagée. Voyez Vir. En. Liv. II. ver. 15, et suiv.

Quelques auteurs anciens ont cru que ce n'étoit qu'une fiction, qu'ils ont expliquée diversement. Les uns ont dit que ce cheval étoit une machine de guerre propre à battre les murailles comme le bélier. Les autres ont cru que la porte, qu'Antenor ouvrit aux Grecs, avoit au dessus la figure d'un cheval. Enfin il y en a eu qui ont pris ce cheval pour le mot que les Grecs donnèrent.

Nous observerons seulement que les commentateurs de Virgile se sont presque tous arrêtés sur l'invraisemblance de la construction de ce cheval; mais c'étoit une ancienne tradition autorisée par Homère, et par tous les poètes Grecs; et par conséquent il semble que le poète Latin ne pouvoit s'en écarter.

(6) CENTAURI, Mostri favolosi. Les Centaures étoient des peuples de Thessalie, à qui on fait honneur d'avoir imaginé les premiers de dompter et de monter les chevaux. Les

poètes en font des monstres moitié hommes et moitié che

vaux.

(7) CHIMERA, Mostro favoloso. La Chimère, fille de Typhon et d'Echidna, étoit un monstre qui avoit la tête d'un lion, le corps d'une chèvre, la queue d'un serpent, et qui vomissoit des tourbillons de flammes.

Ce prétendu monstre étoit une montagne dans la Lycie, qu'Ovide nomme Chimerifera. Au sommet de cette montagne étoit un volcan, autour duquel on voyoit des lions. Il y avoit au milieu des pâturages où paissoient des chèvres, et au pied, beaucoup de serpents.

(8) CICLADI, Isole del mare Egeo. Ces îles situées dans la mer Egée, sont ainsi nommées parce qu'elles forment comme un cercle autour de Delos. Ce sont les îles de Naxos, Andros, Oléaros, Paros, Mycone, et Gyare.

(9) CICLOPI, Fabbri di Vulcano. Les Cyclopes habitoient la côte orientale de la Sicile aux environs du mont Etna; ils furent les premiers habitants de la Sicile. Les poètes ne leur donnent qu'un seul œil placé au bas du front. Les Cyclopes furent fils de Neptune et d'Amphitrite, si l'on en croit la Fable.

(10) CIGNO, Uccello consacrato ad Apollo. Le Cygne étoit consacré à Apollon, et les anciens lui ont attribué non seulement la douceur du chant, mais aussi la vertu de sentir et de prévoir l'avenir.

(11) CIGNO, Poeta. Les Cygnes sont le symbole des Poètes. Il seroit difficile de deviner ce qui a pû donner lieu à la crédulité des anciens sur le chant du Cygne, car il n'y a rien de plus faux que tout ce que l'on a dit sur ce sujet. La tradition mythologique suffit pour fonder une crédulité poétique. Mais tout le monde est à présent bien persuadé que les cygnes ne chantent que dans le pays où le Phénix renaît de ses cendres, et où l'œil du basilic est meurtier, c'est à dire, au pays des fables.

(12) CILLENIO, Mercurio. Surnom de Mercure tiré du mont Cillene, en Arcadie, où l'on dit que ce dieu est né.

(13) CIRCO MASSIMO, Circo Romano. Le Cirque à Rome étoit un espace d'environ deux mille pieds de longueur, sur mille de largeur. Tarquin l'Ancien le fit construire entre les monts Aventin et Palatin, et le destina à la course des chars, qui faisoit partie des spectacles publics.

a

(14) CITEREO (mese), Il mese d'Aprile consacrato Venere. Le mois d'Avril est appellé le mois de Vénus, parce que la grande fête de cette déesse commençoit le premier jour de ce mois.

(15) CIVICA CORONA, Corona composta di fronde di quercia. La couronne civique, qui étoit de chène, s'accordoit à celui qui, dans une bataille, avoit sauvé la vie à un citoyen, en le tirant des mains des ennemis. C'étoit de toutes les couronnes la plus honorable.

(16) COMETA, Corpo celeste e luminoso. Les Comètes sont des astres dont l'apparition est plus ou moins fréquente, selon l'orbite ou ellipse qu'elles décrivent. M. Newton est d'avis que leurs queues sont des vapeurs fort subtiles qui s'exhalent de la tête ou noyau de la Comète échauffée par la chaleur du soleil. Il n'y a pas long temps qu'on leur attribuoit encore tous les malheurs qui arrivoient sur la terre.

Qual con le chiome sanguinose orrende
Splender cometa suol per l'aria adusta,
Che i regni muta, e i feri morbi adduce,
Ai purpurei Tiranni infausta luce;

Tal, etc.

(Tasso.)

"Telle, dans les airs enflammés, brille une comète, dont "l'horrible et sanglante chevelure détruit les états, amène les "maladies, et par d'affreux présages va sous la pourpre épou"vanter les Rois. Tel, etc."

(17) CREDIA, Credeva. Il est permis aux poètes de changer en faveur de la rime la terminaison de eva en ia dans tous les imparfaits de la seconde conjugaison, comme, credia, vincia, au lieu de credeva, vinceva.

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