Page images
PDF
EPUB

Le grand secret pour enlever tous les suffrages, est de savoir joindre

l'utile à l'agréable, de plaire et d'instruire en même tems.

NOTES.

Omne tulit punctum, qui miscuit utile dulci
Lectorem delectando, pariterque monendo.

Hor. in Art. Poet. v. 343. 344.

A

(1) ABORIGINI, Popoli antichissimi. Peuples trèsanciens qui habitoient le pays où on bâtit long temps après Rome, et qui du temps d'Enée furent appellés Latini. Il y a peu d'étymologies plus incertaines que celle du nom de ces peuples. Les uns le font venir d'abhorrenda gens, peuple abominable; d'autres d'Aberrigènes, peuples vagabonds, etc.

(2) ACCINGERSI, Apparecchiarsi, prepararsi. Du Latin cingere, et accingere. Les anciens retroussoient leurs robes à leur ceinture lorsqu'ils vouloient faire quelque chose qui exigeoit le mouvement libre des jambes. De-là accingere, qui veut dire cingere, signifie par extention, s'apprêter, se mettre à l'ouvrage.

On

(3) ACHERONTE, Fiume dell' Inferno. Le fleuve qu'on rencontre au vestibule de l'enfer du Dante est l'Achéron. passe après lui le Styx, ensuite le Phlégéton, et enfin le Cocyte car le Léthé coule au purgatoire, où les fautes sont oubliées. C'est ainsi que notre Poète accommode les idées du paganisme à son enfer chrétien.

(4) ADORNO, Adornato. On trouve souvent des participes de la première conjugaison syncopés comme adorno pour adornato, avvezzo pour avvezzato, etc. Les poètes ont été les premiers à faire usage de ces retranchements, imitant les Latins là où ils disent: lacerus pour laceratus, saucius pour sauciatus. Et les orateurs les ont bientôt imités en se permettant cette suppression toutes les fois qu'ils la trouvent favorable à l'harmonie, à l'élegance, ou à la rapidité du discours.

(5) ALMO, ALMA, Che dà vita; eccellente, singolare, buono, bello. Du Latin almus. Alma Venus (Lucrece), Venus bienfaisante. Questo è l'almo Panteone di Roma, C'est le beau et merveilleux Panthéon de Rome. L'almo licor di Bacco, L'agréable liqueur de Bacchus. L'alma natura (Guarini), La nature bienfaisante. L'alma città di Londra, La belle et grande ville de Londres.

(6) ALMO. ALMA. Animo. Anima. Il y a de la différence entre animo et anima: animo est la principale et la plus noble partie de l'ame, c'est par lui que nous pensons; et l'on peut dire qu'il est à l'ame ce que l'ame est au corps.

(7) A LO, Allo. Les poètes séparent les prépositions des articles. Ainsi au lieu de allo, alla, alle; dello, della, delle : rello, nella, nelle; collo, colla, colle; ils ecrivent a lo, a la, a le; de lo, de la, de le; ne lo, ne la, ne le; co lo, co la, co le. Ils écrivent aussi a gli, de gli, ne gli, co gli, au lieu de agli, degli, negli, cogli, etc.*

(8) AMAR, AMARO, Amarono. A la troisième personne du pluriel du passé défini, les poètes, et les orateurs disent aussi : amaro amar, credero creder, sentiro sentir, au lieu de amarono, crederono, sentirono.

* Voyez la Grammaire raisonnée de M. Biagioli, chap. De la manière de lier les articles avec les prépositions di, a, da. Voyez aussi le Traité de la Poesie Italienne du même Auteur, chap. De l'Orthographe du vers.

(9) AMERIA, Amerebbe. A la troisième personne du singulier du conditionnel, il est permis aux poètes et aux orateurs de dire ameria, crederia, sentiria, pour amerebbe, crederebbe, sentirebbe.

(10) AMMONE, Giove. Ammone étoit Jupiter sous la forme d'un mouton comme on l'adoroit en Libie.

(11) AMOE, Amò. Les poètes se permettent la même licence dans la troisième personne du passé défini de tous les verbes de la première conjugaison.

(12) AMORE, CUPIDO, Figlio di Venere e di Marte. Les anciens mettoient de la différence entre Amour et Cupidon. Le premier étoit doux et modéré : l'autre emporté et violent. Ce qui a fait dire à Afranius dans une Comédie qu'il nomma Neraria: Alius est Amor, alius est Cupido, amant sapientes, cupiunt cæteri. "L'Amour et Cupidon sont fort différens, celui-là inspire les sages, et celui-là possède les "fous."

66

(13) ANCILE, Scudo conservato religiosamente dagli antichi Romani. Du temps de Numa on fit accroire au peuple qu'il étoit tombé du ciel un bouclier, comme un gage de la protection que les Dieux promettoient à la ville de Rome. On en fit faire onze tout semblables, parmi lesquels on mêla le bouclier fatal. Par cette précaution il pouvoit être difficilement reconnu et enlevé. On les conservoit avec grand soin dans le temple de Mars, et, au rapport d'Ovide, on les nomma anciles, parce qu'étant de figure ovale, le bord n'avoit ni angle ni éminence :

Atque ancile vocat, quod ab omni parte recisum est,
Quemque notes oculis angulus omnis abest.

(Fast. I. 3.)

(14) ANFIONE, Famosissimo sonatore. Cadmus avoit bâti Thèbes, plus de quatorze cents ans avant la naissance de Notre-Seigneur: vingt-cinq ou trente ans après, Amphion l'environna de murailles, et y bâtit une citadelle et sur ce

que par son harmonie, ou selon d'autres, par la force de son éloquence, il persuada aux bourgeois et aux paysans de mettre la main à l'œuvre, on fit cette fable qu'il avoit bâti cette citadelle et ces murailles au son de sa lyre, et que les pierres s'étoient allés placer d'elles-mêmes au lieu qu'elles devoient occuper.

(15) APOTEOSI, Deificazione. On nommoit ainsi la cérémonie par laquelle on mettoit quelqu'un au nombre des Dieux. Voici les détails que nous donne Hérodien sur l'apothéose des empereurs Romains.

L'apothéose est une espèce de fête où il entre du deuil et de la tristesse. On brûle, à l'ordinaire, le corps avec beaucoup de pompe; mais on met dans le vestibule du palais, sur un lit d'ivoire couvert d'étoffes d'or, une image de cire qui représente le défunt, avec un air pâle, comme s'il était encore malade. Pendant le jour, au côté droit du lit, est rangé le sénat avec des robes de deuil; et, au côté gauche, sont les femmes et les filles de qualité, avec de grandes robes blanches toutes simples, sans colliers ni bracelets. On garde le même ordre sept jours de suite, pendant lesquels les médecins s'approchent du lit, de temps en temps, pour considérer le malade, et trouvent toujours qu'il baisse, jusqu'à ce qu'enfin ils prononcent qu'il est mort. Alors, les chevaliers Romains les plus distingués, avec les plus jeunes sénateurs, portent sur leurs épaules le lit de parade dans le vieux marché, où les magistrats ont coutume de se démettre de leurs charges. On dresse à l'entour deux espèces d'amphithéâtres, sur lesquels se placent d'un côté de jeunes garçons, et de l'autre de jeunes filles des meilleures maisons de Rome, pour chanter des hymnes et des airs lugubres en l'honneur du mort. Quand ils ont achevé, on porte le lit hors de la ville dans le Champ de Mars.

On élève, au milieu de la place, une charpente carrée en forme de pavillon; le dedans est rempli de matières combustibles, et le dehors revêtu de drap d'or, de compartiments d'ivoire et de belles peintures. Au-dessus de cet édifice, on en élève un second tout semblable pour la forme et pour la décoration, mais plus petit, et dont les portes sont ouvertes. Au-dessus de celui-ci il y en a un troisième et un quatrième

« PreviousContinue »