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CETTE nouvelle édition des Œuvres de MONTESQUIEU, est la plus soignée et la plus exacte qui ait été faite jusqu'à présent elle est aussi la plus complète, par les additions de plusieurs pièces essentielles, qui avoient rapport à cet ouvrage et à l'auteur même. La table de l'Esprit des Loix, très-étendue, puisqu'elle en est l'abrégé, a été revue avec soin: il y avoit beaucoup de fautes, qui ont été corrigées, beaucoup de renvois qui ont été rectifiés, &c.

J'ai redoublé d'attention, pour justifier les suffrages que les savans et les littérateurs ont accordés à toutes les éditions (*) que

(*) ESSAIS DE MONTAIGNE, in-8°. et in-4°. 3 vol. DE LA SAGESSE, par CHARRON, in-8°. et in-4%. 1 vòl. ŒUVRES DE RABELAIS, in-8°. et in-4°. 2 vol.. ŒUVRES DE PLUTARQUE, suivant la traduction D'AMYOT, in-89. et in-4°. 18 vol. y compris trois volumes de supplément.

Ces dix-huit volumes contiennent les vies de quatre-vingt-quatre hommes illustres de la Grèce et de Rome, comparés ensemble, et soixante-dix-huit traités moraux ou philosophiques. Cette édition, faite d'après celle donnée par Vascosan en 1567 et 1574, est bien plus complète, et préférable par la beauté des caractères et du papier, par l'exactitude et la distribution des matières, par les sommaires et les additions marginales, enfin par le goût qui règne dans l'impression, suivant Les différens sujets, &c.

Cet auteur est très-souvent cité par MONTESQUIEU, dans ce

j'ai données jusqu'à présent, et à les mériter de plus en plus.

qui concerne les loix des anciens, leurs mœurs, leurs cérémonies religieuses, leurs usages, leurs mariages, et surtout dans les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence. Tous les renvois indiqués pour consulter PLUTARQUE sont cotés sur cette édition.

L'ANE D'OR D'APULÉE, suivi du Démon de Socrate, in-8°. 2 vol. latin et françois, avec dix-sept figures, des sommaires, &c.

QUVRES DE SCARRON, contenant sa vie, ses lettres, son roman comique, le Virgile travesti, son théâtre, &c. Jin-8° 7 vol.NET EL

ŒUVRES DE BRANTOME, contenant les

les vies des dames galantes, des dames illustres, des grands capitaines françois et étrangers, &c. in-8°. 8 vol.

et des

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EUVRES COMPLÈTES DE LUCIEN, traduites d'après une copie revue quatre r manuscrits de la bibliothèque du Roi; des notes, des observations, remarques littéraires et critiques sur cet auteur et ses traducteurs, &c. in-8. et in-4°. 5 vol. MEMOIRES DE SULLY, principal ministre de Henri IV, &c. avec une table générale qui n'avoit pas encore été faite jusqu'à présent; in-8°.5 vol.

Sous Presse.

EUVRES DE FONTENELLE, édition mise dans un meilleur ordre, et à laquelle on a ajouté beaucoup de pièces relatives à l'auteur, &c. &c. in-8°. 8 vol. TRAITÉ DES DÉLITS ET DES PEINES, traduction nouvelle, avec le texte Italien à côté, in-8°. 1 volume.

:

Dans toutes ces éditions il n'y a nul retranchement de fait on suit les meilleurs textes après les avoir conférés; les opinions des auteurs ne sont pas soumises au jugement d'éditeurs ou de commentateurs, qui donnent toujours un sens à leur manière, souvent opposé à l'idée de l'auteur. Elles sont pures selon les textes qu'ils ont donnés eux-mêmes. EXTRAIT

DU DICTIONNAIRE HISTORIQUE,

Par une société de gens de lettres, servant de préface à cette édition.

MONTESQUIEU (Charles de Secondat, baron de la Brède et de), d'une famille distinguée de Guienne, naquit au château de la Brède, près de Bordeaux, le 18 janvier 1689. Il fut philosophe au sortir de l'enfance. Dès l'âge de 20 ans, Montesquieu préparoit les matériaux de l'Esprit des loix, par un extrait raisonné des immenses volumes qui composent le corps du droit civil. Un oncle paternel, président-àmortier au parlement de Bordeaux, ayant laissé ses biens et sa charge au jeune philosophe, il en fut pourvu en 1716. Sa compagnie le chargea six ans après, en 1722, de présenter des remontrances à l'occasion d'un nouvel impôt, dont son éloquence et son zèle obtinrent la suppression. L'année d'auparavant il avoit mis. au jour ses Lettres Persanes, commencées à la campagne, et finies dans les momens de relâche que lui laissoient les devoirs de sa charge. Ce livre, profond sous un air de légéreté, annonçoit à la France et à l'Europe un écrivain supérieur à ses ouvrages. Le Persan fait une satyre délicate et énergique de nos vices, de nos travers, de nos ridicules, de nos préjugés, et de la bizarrerie de nos goûts. C'est le tableau

Tome 1.

a

le plus animé et le plus vrai des mœurs françoises son pinceau est léger et hardi ; il donne à tout ce qu'il touche un caractère original. Toutes les lettres ne sont pas cependant d'une égale force; il y en a, (dit Voltaire,) de trèsjolies, d'autres très-hardies, d'autres médiocres, d'autres frivoles; et les détails de ce qui se passe dans le serrail d'Usbeck à Ispahan, n'intéressent foiblement les lecteurs françois. On peut que encore reprocher à l'auteur quelques paradoxes en littérature, en morale et en politique, et des satyres trop fortes de Louis XIV et de son règne. Le succès des Lettres Persanes ouvrit à Montesquieu les portes de l'académie françoise, quoique, de tous les livres où l'on a plaisanté sur cette compagnie, il n'y en ait guères où elle soit moins ménagée. La mort de Sacy, le traducteur de Pline, ayant laissé une place vacante, Montesquieu qui s'étoit défait de sa charge, et qui ne vouloit plus être qu'homme de lettres, s'y présenta pour la remplir. Le cardinal de Fleury, instruit par des personnes zélées, des plaisanteries du Persan sur les dogmes, la discipline et les ministres de la religion chrétienne, lui refusa son agrément. Il ne paroîtra pas étrange que ce ministre fît quelques difficultés, si l'on se rappelle la lettre (1) dans laquelle Usbeck fait une apologie, si éloquente et si dangereuse, du Suicide; une autre (2), où il est dit expressément que les évêques n'ont (1) Lettre 75. (2) Lettre 27.

d'autres fonctions que de dispenser de la loi ; une autre (1) enfin, où le pape est peint comme un magicien, qui fait croire que trois ne font qu'un, n'est pas que le pain qu'on mange du pain.... On peut ajouter que l'apparition des Lettres Persanes est la première époque de ce déluge d'écrits qui ont paru depuis contre le christianisme et le gouvernement. Montesquieu, sentant le coup que l'exclusion et les motifs de l'exclusion pouvoient porter sur sa personne et sur sa famille, prit un tour très-adroit pour obtenir l'agrément du cardinal. On prétend (c'est l'auteur du siècle de Louis XIV qui rapporte cette anecdote; mais elle paroît fausse et sans vraisemblance:) qu'il fit faire en peu de jours une nouvelle édition de son livre, dans laquelle on retrancha, ou on adoucit tout ce qui pouvoit être condamné par un cardinal et par un ministre. Il porta lui-même l'ouvrage au cardinal de Fleury, qui ne lisoit guère, et qui en lut une partie. Cet air de confiance, soutenu par quelques personnes de crédit, et sur-tout par le maréchal d'Estrées son ami, pour lors directeur de l'académie françoise, ramena (dit-on) le cardinal, et Montesquieu entra dans cette compagnie. Son Discours de réception, fort court, mais plein de traits. de force et de lumière, fut prononcé le 24 Janvier 1728 (2). Le dessein que Montesquieu avoit formé de peindre les nations dans son (1) Lettre 4.

(2) Il est à la suite de cet avis avec la réponse de M. Maler, directeur,

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