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CHEZ FIRMIN DIDOT FRÈRES, LIBRAIRES,

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE,

RUE JACOB, 56.

M DCCC XXXVIII.

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H

AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.

Les idées d'ordre, de justice et de civilisation se réveil lent au nom de Montesquieu, nom invoqué depuis près d'un siècle dans toutes les discussions qui intéressent les rois, les peuples et l'humanité. Pour louer dignement ce génie sublime, il faudrait le suivre à travers les âges et les nations, démêler avec lui la vérité du mensonge, séparer la raison des préjugés; et, embrassant d'un regard l'étendue de ce globe où s'agilent tant de passions, saisir les rapports qui lient les hommes entre eux, qui les attachent à la terre, ou les unissent à la Divinité. Nous apercevons tout ce qu'une pareille tâche a de noble et de difficile, mais en même temps nous sentons combien elle serait au-dessus de nos forces; d'ailleurs elle a été remplie par plusieurs écrivains distingués, et qui n'ont rien laissé à faire à ceux qui viendront après eux. Aussi nous bornerons-nous à donner quelques détails sur cette nouvelle édition des Œuvres complètes de Montesquieu.

Les Lettres persanes, qui commencèrent sa réputation littéraire, furent publiées en 17212. On a prétendu que Montesquieu avait été aidé dans cette composition ingénieuse et hardie par M. Barbot, président au parlement de Bordeaux, et par M. Bel, conseiller au même parlement s'il fallait en croire quelques écrivains modernes, le premier lui aurait fourni les réflexions morales; et le second, les pensees badines 3: il suffit d'énoncer une pareille opinion pour en faire sentir l'absurdité. Les Lettres persanes furent réimprimées sans aucune modification jusqu'en 1754, époque à laquelle, sentant approcher sa fin, l'auteur en donna une dernière édition, dont le texte

fut revu avec soin, et dans laquelle plusieurs lettres furent

ajoutées.

Cet ouvrage, léger en apparence, annonçait un homme

profondément versé dans la science du gouvernement, et capable de saisir et d'animer, pour ainsi dire, les ressorts de la plus vaste machine politique : les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence achevèrent de faire connaitre Montesquieu. Imprimées pour la première fois en 17344, elles subirent plusieurs

D'Alembert, Maupertuis, M. Villemain, etc.

* A Cologne, chez Pierre Marteau. L'abbé Duval, alors secrétaire de Montesquieu, se rendit dans cette ville pour surveiller Fimpression des Lettres persanes; et, a dater de cette époque, jin'est pas d'année ou elles n'aient reparu sous plusieurs formats.

3 Le président Barbot, qui passait son temps à Paris, a travaille au Dictionnaire néologique avec l'abbé Desfontaines; M. Bel était secrétaire perpétuel de l'Académie de Bordeaux: il a donné sa maison à cette académie pour tenir ses séances, et lai a laisse sa bibliothèque.

4 Et non en 1733, comme le dit Maupertuis.

MONTESQUIEU.

| changements importants que nous avons indiqués en reproduisant au bas des pages le texte primitif. L'auteur en publia une nouvelle édition en 1755, l'année même où il mourut : c'est celle que nous avons suivie.

Montesquieu mit le sceau à sa gloire en donnant l'Esprit des Lois. Cependant il n'était pas réservé à la France de voir ce chef-d'œuvre éclore dans son sein: c'est à Genève1 qu'il fut d'abord publié. L'éloignement de l'auteur et la précipitation des imprimeurs nuisirent à l'exécution ty. pographique de son livre. Il s'y glissa plusieurs incorrections dont les ennemis de Montesquieu ne manquèrent pas de profiter; mais la plupart de ces taches furent effacées dans une nouvelle édition 2 à laquelle il donna des soins particuliers. Une de ses lettres nous apprend qu'il se rendit à Genève au commencement de l'année 1749, pendant qu'on réimprimait l'Esprit des Lois. Cette lettre, adressée à M. d'Argenson, alors directeur de la librairie, est ainsi conçue :

MONSEIGNEUR,

A Genève, le 17 février 1749.

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 31 du mois dernier, par laquelle vous m'or. donnez de vous envoyer les cartons du traité de l'Esprit des Lois. Si je n'y ai pas répondu plus tôt, c'est que j'ai ouvé quelques difficultés pour exécuter cet ordre. On a d'abord exigé de moi que je m'engageasse positivement qu'il ne serait fait de ces cartons aucun usage qui pourrait préjudicier à l'auteur ou à l'imprimeur. J'ai eu cette facilité, dans la persuasion que vous voudrez bien, Monsei

gneur, ne pas me désavouer. Ensuite on a prétendu que brûlé beaucoup, et qu'il serait difficile d'en ramasser l'asces cartons étaient dans les maculatures, qu'on en avait sortiment. Enfin, on m'a fourni ceux que vous trouverez ci-joints. Il y en a un ou deux qui sont maltraités; mais on m'a assuré qu'il n'existe point d'autres feuilles de ceux-là, Je ne crois pas, Monseigneur, que vous trouviez que ces cartons répondent à l'idée qu'on a pu vous donner, à deux ou trois changements près, qui sont de quelque considération, les autres ne sont que des corrections purement gram

Chez Barillot et fils, en deux volumes in-4a. Cette première édition ne porte ni date, ni nom d'auteur; mais la correspóndance familiere de Montesquieu nous apprend qu'elle fut commencée en 1747, terminée en 1748, et que Jacob Vernet, ministre du culte protestant, fut chargé d'en revoir les épreuves. 'Elle parut en 1749, à Genève, chez Barillot et üls, sans nom d'auteur.

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