« Il faut pour le retour un pareil sacrifice, « Et c'est le sang d'Argos qui doit rougir l'autel3! «< A peine apprenons-nous cette horrible menace, « Que jusqu'au fond des os l'épouvante nous glace; « Nous tremblons d'expliquer cet oracle incertain, << De deviner le nom que proscrit le destin. « Le roi d'Ithaque arrive à travers le tumulte; << Il entraîne avec lui Calchas, il le consulte, <<< Le presse d'éclairer les aveugles esprits: << Mais déjà mes terreurs l'avaient trop bien compris, << Et jusqu'à mon oreille un sinistre murmure << Bourdonnait dans le camp ma sentence future. « Calchas, dix jours entiers, sombre et silencieux, « Refuse d'expliquer la volonté des cieux; << Enfin, comme vaincu par les clameurs d'Ulysse, Il rompt ce long silence, il me voue au supplice; « Et chacun applaudit, heureux de voir sur moi << Tomber le coup fatal qu'il redoutait pour soi. : Le jour vient les festons ceignaient déjà ma tête; << Je l'avoue, aux apprêts de cette horrible fête, << En voyant le couteau, le froment et le sel, « Je rompis mes liens et je trompai l'autel. Intemerata fides, oro, miserere laborum Tantorum, miserere animi non digna ferentis. His lacrymis vitam damus, et miserescimus ultro. Dixerat. Ille, dolis instructus et arte Pelasga, Sustulit exutas vinclis ad sidera palmas: <«< La nuit, je me cachai dans une fange immonde; « Et là, j'attendis l'heure où les Grecs fendraient l'onde, << Si pourtant au départ ils étaient résolus..... << Malheureux que je suis! je ne reverrai plus «< Ni le sol qui nourrit mon enfance prospère, « Ni ceux que j'aime tant, mes fils et mon vieux père; << Peut-être même, un jour, par leur injuste mort, << De ma fuite imprudente ils expieront le tort. << Grand roi! prenez pitié des malheurs que j'endure; << Au nom des immortels, ennemis du parjure, << Si de l'antique foi quelque chose est resté, « Pitié pour un destin qui n'est pas mérité! » Nous lui donnons la vie, émus de tant de peines; << Oublie auprès de nous les Grecs perdus pour toi, << Sois Troyen: mais, du moins, réponds sans imposture: Quel est donc ce cheval immense de stature? Pourquoi fut-il construit? quel en est l'inventeur? « Est-ce une sainte offrande? est-ce un piége menteur?>> Alors, lui que la Grèce allaita de ses feintes, Vos, æterni ignes, et non violabile vestrum Testor numen, ait; vos, aræ, ensesque nefandi, Omnis spes Danaum, et cœpti fiducia belli, Palladis auxiliis semper stetit. Impius ex quo Tydides sed enim, scelerumque inventor Ulyxes, Fatale agresși sacrato avellere templo Palladium, cæsis summæ custodibus arcis, Corripuere sacram effigiem, manibusque cruentis Virgineas ausi divæ contingere vittas; Ex illo fluere ac retro sublapsa referri Spes Danaum, fractæ vires, aversa deæ mens. Nec dubiis ea signa dedit Tritonia monstris : S'écrie, en élevant ses bras libres d'étreintes : « Je vous prends à témoin, feux sacrés de Vesta, « Autels, glaives de mort que ma fuite évita, << Bandeau que j'ai porté le jour du sacrifice! Si je romps aujourd'hui mes sermens, c'est justice! Opprimé par les Grecs, j'ai droit de les haïr; << Instruit de leurs secrets, je puis tous les trahir; <«< Tiens ta parole, ô Troie! et vraie autant que lui, <<< Sauve le malheureux qui te sauve aujourd'hui. Depuis que sur ces bords la guerre prit naissance, Pallas soutint les Grecs de sa toute-puissance; « Mais dès que Diomède impie envers les Dieux, Qu'Ulysse, de tout crime inventeur odieux, Dans son temple, au milieu de sa garde abattue, «Du saint Palladium ravirent la statue, Et, dans leurs bras sanglans emportant ce fardeau, «< De son front virginal souillèrent le bandeau, « Dès ce jour tout espoir fut perdu pour la Grèce; «Minerve les frappa de sa main vengeresse, |