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CELTIQUES.

CARNA C.

Le bourg de Carnac est situé dans le département du Morbihan, à trois lieues de la ville d'Auray.

Près de ce bourg, sur les bords de la mer, est le monument de pierres brutes dont je vais donner la description.

MM. de Caylus, La Sauvagère, Latourd'Auvergne, le général Pomereuil, l'amiral Thévenard, ont parlé de cette étrange coonnade de granit.

La route d'Auray à Carnac est extrêmement difficile; elle est coupée de monticules, de chemins de traverse presque impraticables. Il n'est pas de contrée plus sauvage, de landes plus désertes, et de lieux où l'on soit plus loin de ce qui rappelle à la civilisation, aux jouissances des peuples éclairés.

On apperçoit long-temps le léger clocher de Carnac avant de l'atteindre. Quelques pierres longues, placées de main d'homme sur les collines et sur des monticules de sable, précèdent le grand théâtre que vous cherchez. Sur la gauche dans le lointain, nous vîmes à l'horizon, des masses de pierres dont nous nous éloignâmes, les prenant pour des pans de murailles ou pour des forteresses démolies; nous atteignîmes enfin une des extrémités du monument à l'ouest. Je n'essayerai pas de vous peindre ma surprise à la vue de ces masses imposantes, se prolongeant vers l'horizon, au milieu du désert qui les environne; de ce monument si sévère, si majestueux, si prodigieux par son étendue, par les efforts qu'il fallut faire pour l'élever. Il est là seul avec le sable qui le porte et la voûte du ciel qui l'enveloppe ; pas une inscription ne l'explique, pas une analogie ne porte à le connoître.

Les hommes que vous appelez, le voyageur que vous interrogez, le regardent et tournent la tête, ou vous racontent des folies:

C'est un ancien camp de César; c'est une armée changée en pierre; c'est l'ouvrage des Crions, petits hommes, petits démons,

hauts de deux ou trois pieds, qu'on suppose avoir porté ces masses énormes sur leurs mains; ils sont plus forts que des géants. Ces Crions ou Gorics, sont supposés danser la nuit autour des monumens druidiques. Malheur au voyageur qui s'en approche, qu'ils peuvent saisir; il suit forcément une danse rapide, il tombe au milieu des éclats. de rire de ces Dusii, de ces folets, de ces farfadets qui s'éclipsent au point du jour.

Un vieux matelot cependant me répondit deux choses assez frappantes :

1o. Qu'une de ces pierres couvre encore un immense trésor; que, pour le mieux cacher, on a dressé ces milliers de pierres; et qu'un calcul dont on ne trouveroit la. clef que dans la tour de Londres, pouvoit seul indiquer la place du trésor. Ce fait rappelle les boucliers sacrés, les ancilia des

Romains.

2o. Qu'au mois de juin chaque année, les anciens ajoutoient une pierre aux pierres déjà dressées, et qu'on les illuminoit à grands frais la nuit qui précédoit cette cé

rémonie.

Ce monument sans doute appartenoit à l'astronomie; il étoit un thème céleste,

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